Ce soir, on s’est endormi chacun de notre bord. Sans même se dire bonne nuit ou s’embrasser. Nos soucis creusaient un fossé, imperceptible pour quiconque, mais bien visible pour nous. Le poids du quotidien, l’inévitable routine insidieuse qui écrasent notre spontanéité, une spirale infernale ponctuée de remises en question, d’interrogation sur le sens de la vie et de réflexions sur nos attentes versus la réalité.
C’est lourd.
Ce n’est plus vraiment doux et léger comme lors de nos premières années.
Notre insouciance du début s’est estompée pour laisser place à une certaine angoisse de se perdre en chemin.
Ce n’est pas tant ce que tu fais de pas de correct que ce que je ne dis pas de la bonne manière.
Nos différences qui font parfois notre force arrivent aussi à nous diviser et nous donner l’impression d’être en guerre pour savoir qui va tirer plus fort la couverture de son bord.
On se lance des flèches empoisonnées pour s’enduire mutuellement de baume pour se guérir par la suite.
On s’aime fort, même si des fois on doute.
On le sait que notre amour est quelque part, toujours un peu en train de faire de la braise. Comme un volcan toujours actif.
Ce n’est pas facile de se voir mutuellement quitter le lit pour atterrir parfois sur le sofa en espérant enfouir la discorde entre deux coussins et semer un peu de colère sur le chemin qui le relie à notre chambre.
On est tellement plus beaux à voir, bien au chaud sous la couette, plutôt qu’au froid que laisse l’absence de l’autre dans le grand lit king.
Ce n’est pas facile de s’avouer nos torts. Ils restent toujours un peu coincés dans le fond de notre gorge et les excuses sortent de notre bouche en effectuant une distorsion impossible à ignorer.
Deux orgueilleux comme nous, ça ne peut pas faire autrement que de trouver ça tough de dire : je suis désolée.
Ce soir, je suis au froid dans mon lit.
Pis je ne sais pas comment te dire que je m’excuse.