Mon corps est une mosaïque.
Un bel amalgame physique.
Mon corps est surtout unique.
Il en est certes devenu archaïque.
Mon corps est fait de chair.
De sang et de guerre.
Mon corps parle, s’exprime, proclame.
Il ne fait qu’un avec mon âme…
Au creux de mon cou,
On peut sentir un Monde, un tout.
Un mélange d’effluves, de parfums,
Un bouquet de fleurs hors du commun.
Mes épaules quant à elles,
Sont si douces qu’elles font querelle,
Sans cesse avec mes bretelles,
Qui y glissent de manière perpétuelle.
Ma poitrine est plutôt timide,
La moindre chaleur la rend humide.
Sur elle, une multitude de grains de beauté,
S’éparpillent tel un ciel d’été étoilé.
Une gitane niche sur mon flanc droit,
Colorée, mystique, à l’image de moi.
C’est ma bohème, mon effigie.
Elle est la trace d’une ancienne vie.
Mes jambes courtes et musclées,
Rappellent qu’athlète, j’ai déjà été.
Elles sont certes moins rapides qu’avant,
Mais je les dorlote tout autant.
Mes longs cheveux sillonnent mon dos,
Ondulés et rebelles comme une cascade d’eau.
Je ne pourrais me résoudre à les couper,
Je crois que c’est mon atout le plus remarqué.
Aux abysses, jonche mon fessier,
Au miroir, j’aime bien le surveiller.
J’en suis fière, en toute honnêteté,
D’ailleurs, c’est le seul muscle que j’aime travailler.
Mon visage ne fait pas vraiment mon âge,
Je n’ai recours qu’à peu de maquillage.
Depuis mes 20 ans, je crème mon faciès,
Pour faire un pied de nez à la vieillesse.
Enfin, il y a mon regard intense,
On peut s’y perdre, tant il est immense.
D’une couleur soyeuse caramel,
Il mystifie de manière naturelle.
Mon corps est un pays des Merveilles.
Comme lui, il n’en a pas de pareil.
Plus jeune, je l’ai souvent écorché,
Eu honte de lui, voire même dénigrer.
Avec le temps, j’ai fini par bien l’aimer.
Aujourd’hui, je vais même jusqu’à l’adorer.
Je ne le compare plus,
Je ne le cache plus.
Je ne lui en veux plus.
En fait, c’est mon petit trésor,
Que je chéris comme on chérit l’or.
Après tout, si on ne s’aime pas ?
Qui d’autre le fera ?