val argent à deux

L’argent à deux

Étude pas du tout scientifique : si vous tapez « Chicane de couple » sur Google, le premier résultat qui sort, c’est « L’argent ». Si vous épluchez les articles qui suivent, c’est pas mal ça aussi. (Suivi de pas trop loin par la vie sexuelle, et la charge mentale.)

Dans ma vie de couple, je me considère très chanceuse : je suis tombée sur un gars qui fonctionne à peu près comme moi côté cash. Ok, ça a pris quelques ajustements au début de notre relation, mais ceux-ci se sont faits sans heurts. Après 11 ans de vie commune, on ne s’est donc JAMAIS pognés sur ce sujet-là.

J’imagine mal ce que ma vie aurait été si j’étais tombée sur quelqu’un avec des priorités très différentes des miennes, ou des habitudes financières carrément opposées aux miennes. J’aurais probablement tôt fait de garder les finances scrupuleusement séparées. (Et on se serait probablement séparés itoo par la force des choses.)

Il y a tout autant de scénarios financiers qu’il y a de couples… Cependant, certaines situations sont plus équitables que d’autres. Voici les 3 principales façons de gérer son argent à 2 :

Le 50-50

La façon la plus populaire de gérer les finances du couple semble être le fameux 50-50. C’est la méthode que j’emploie avec mon conjoint, d’ailleurs. Voici quelques trucs de base qui facilitent la vie si vous souhaitez utiliser cette méthode.

J’ai un compte personnel, mon chum également, et nous avons 1 compte conjoint, lequel sert uniquement aux dépenses communes et fixes soit : hypothèque, taxes, assurances, Hydro-Québec, télécommunications. À chaque paie, nous avons un montant qui est prélevé de nos comptes respectifs et qui alimente le compte conjoint en fonction des dépenses précédemment énumérées. Pas besoin d’y penser, ça se fait tout seul ! (N’en déplaise à M. McSween, j’aime que les dépenses communes soient regroupées dans un seul et même compte, où il est facile de tout voir d’un coup, et auquel les 2 membres du couple ont accès.)

Ce qui reste dans nos comptes respectifs, c’est notre budget discrétionnaire : cet argent peut servir à tout ce que l’on veut, sans qu’on ait besoin de consulter l’autre. C’est une façon simple de conserver l’indépendance de chacun, tout en assurant de l’équité dans les dépenses communes.

Et la bouffe, vous demandez ? Je suis celle qui a du fun à faire les circulaires, l’épicerie et la bouffe, c’est donc moi qui fais nos provisions hebdomadaires et je « facture » un montant au chum pour 50% du coût des denrées.

Puisque notre budget est équilibré et que ni l’un ni l’autre ne se retrouve jamais à court d’argent, il est facile de garder le compte et de maintenir l’harmonie financière. Aussi, puisque toutes nos dépenses récurrentes sont automatisées et se prélèvent sans que l’on doive y penser, nous n’avons jamais de retard, de frais d’intérêts ou de pénalités.

Je conviens toutefois que cette situation pourrait s’avérer plus compliquée dans le cas où l’un des partenaires a des habitudes de dépenses problématiques (et manque donc souvent d’argent pour alimenter le compte), ou pige carrément dans le compte conjoint pour suppléer à son propre revenu ; cela revient à dire qu’il ou elle ne respecte pas l’entente mise en place avec son ou sa partenaire. C’est malheureux, mais dans ma vie de conseillère financière, j’ai vu ce genre de cas problème…

C’est important que le partenaire qui gère moins bien les finances (il y en a toujours un ou une) comprenne bien les enjeux de sa contribution (ou de sa non-contribution) sur les finances du couple ou de la famille. Et si un partenaire récalcitrant n’arrive pas à se « contrôler » face au compte conjoint (et que pour une raison qui vous appartient vous souhaitez quand même rester avec), vous pourriez simplement omettre le compte conjoint, et gérer l’entièreté des finances du couple à partir de votre compte personnel, en vous assurant que votre partenaire paie sa juste part, bien sûr. Cela pourrait inclure un ajustement pour comprendre votre part de charge mentale en surplus…

Si votre situation couple/finances est difficile et finit souvent en dispute, notez qu’il existe des organismes pour aider les gens à faire leur budget, comme les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF). Allez voir un parti « neutre » aidera peut-être à dénouer le problème. Ce sont toutefois des gens qui sont formés en finance, et pas en gestion de crise, alors si vous anticipez que ça finisse en joute verbale acérée, peut-être vaudrait-il mieux consulter en thérapie de couple au préalable. Malgré les coûts élevés, voyez ça pour ce que c’est : un investissement bénéfique à votre santé mentale et à la santé financière de votre couple sur le long terme !

La contribution au prorata

La contribution au prorata reprend les grandes lignes du budget 50-50 à une différence près : les dépenses communes sont divisées selon le pourcentage d’apport d’argent dans le couple.

Je l’avoue : pour des personnes avec sensiblement le même salaire, je ne suis pas une fan de ce type de budget. C’est un biais cognitif, possiblement parce que j’ai longtemps gagné le salaire le plus élevé du couple… Mais je suis conséquente : maintenant que c’est moi qui gagne le plus petit salaire, je ne m’obstine pas plus pour qu’on passe à ce type de budget.

Je conviens que pour un couple bien établi avec des objectifs communs, ce type de budget est probablement le plus équitable. Et dans le cas où il y a des disparités de revenus qui deviennent de plus en plus importantes, la contribution au prorata est probablement une bonne idée.

Prenons une situation hypothétique : Monsieur X gagne 62 000$ par an (41 860$ net), Monsieur Y avec qui il est en couple gagne 48 800$ par an (35 640$ net). Les revenus nets du couple sont donc de 77 500$.

Dans ce budget, Monsieur X assumerait 54% des dépenses communes, tandis que Monsieur Y en assumerait 46%. C’est-à-dire que, pour un loyer de 1000$ par mois, Monsieur X en payerait 540$ et Monsieur Y 460$.

Pourquoi est-ce que je calcule sur le revenu net ? Sur le revenu brut, le conjoint aisé est désavantagé dans cette situation, car son imposition est généralement plus élevée.

Voici un tableau avec un exemple plus détaillé de dépenses en commun, payées au prorata des revenus de chacun.

Crédit photo : Val

Bien sûr, cela fonctionne si les conjoints s’entendent sur la hauteur acceptable des dépenses : la personne gagnant un salaire élevé (surtout s’il est beaucoup plus élevé que celui du ou de la partenaire) pourrait souhaiter dépenser beaucoup plus si son salaire le lui permet. Cependant, dans cette situation, il demeure important que les partenaires s’entendent… Même si le partenaire moins nanti ne paie qu’une fraction des dépenses, si celles-ci représentent l’entièreté de son salaire, il pourrait être désavantagé et se retrouver en situation de dépendance financière face à son partenaire. Et, bien qu’une dynamique de violence n’est pas nécessairement le cas de tous les couples avec une grande différence de revenus, un partenaire en situation de dépendance aura bien plus de difficultés à s’extirper d’une situation violente ou en cas d’abus.

Par exemple, dans le cas où un partenaire nanti offre de payer entièrement un appartement pour le couple à 2000$ par mois, alors que cela représente 70% des revenus mensuels nets de l’autre partenaire, cela laisse supposer qu’en cas de séparation, le partenaire au revenu plus faible n’aura d’autre choix que de déménager dans un logement plus abordable. Si la relation est égalitaire, et que le partenaire « dépendant » s’engage en toute connaissance de cause, pas de problème. Cependant, il serait prudent pour le partenaire moins nanti d’avoir un plan de sortie et que celui-ci soit planifié AVANT d’emménager. Si la relation ne tient plus, a-t-il un endroit où transitionner le temps de trouver un nouveau logement ? A-t-il de l’argent de côté pour subvenir à ses besoins ? Toutes des questions importantes qui doivent trouver réponse avant de s’engager !

Le melting pot-tout-en-commun

Et la dernière façon de faire, celle qui existe, mais que, personnellement, je ne recommande à PERSONNE, c’est de tout mettre en commun dans un seul compte bancaire.

C’est beau la devise « ce qui est à toi est à moi », mais ça peut facilement et rapidement devenir problématique. Voici pourquoi je ne recommande jamais de mettre tout en commun avec sa douce moitié.

Primo, 50% des relations ont une date d’expiration. Vous avez donc 1 chance sur 2 que votre histoire avec cet être aimé se finisse de votre vivant. Tant mieux si ça se passe bien et que tout le monde est mature et reste amis après, mais, dans l’optique où ce ne serait pas le cas et que l’histoire se termine version guerre civile, vous serez passablement moins stressé de savoir que votre paie se dépose dans VOTRE compte bancaire plutôt que dans celui qui est accessible par quelqu’un qui vous haït ou que vous haïssez.

Encore dans le cas d’une séparation, tout rassembler dans un seul et même compte peut devenir un vrai casse-tête pour la séparation des actifs. Il y a un solde de 10 000$ ? « Oui, mais ça, c’est mon bonus du bureau de 6745$ », « Mais moi j’ai payé 2 fois l’hydro tout seul et c’était en hiver », « Mais l’autre fois tu as acheté un panier de fruits super cher pour ta collègue fatigante et j’étais pas d’accord »… Bonne chance pour démêler équitablement qu’est-ce qui est à qui !

Et cette problématique arrive aussi dans un couple si les conjoints ont des habitudes dépensières différentes. Le partenaire frugal pourrait être amer de voir un partenaire être frivole avec « l’argent du couple ». De même, le partenaire frivole pourrait être amer de voir toutes ses dépenses scrutées, analysées et critiquées. Le fait d’avoir des comptes bancaires séparés pour les dépenses « personnelles » ou les dépenses « frivoles » fait en sorte que personne dans le couple ne se sente jugé ou épié par rapport à ses dépenses.

Et finalement, la raison principale pour laquelle je tiens à ce que chaque personne qui a des revenus les dépose dans son propre compte : en cas de décès de l’un ou l’autre des partenaires, dès que l’institution financière est avisée, le compte sera gelé immédiatement. Ça veut dire que, pendant que vous gérez le deuil d’une personne extrêmement importante dans votre vie, vous devez penser à retirer de l’argent pour subvenir à vos besoins AVANT d’aviser la caisse ou la banque du décès de la personne. Même dans ce cas, attention, si vous n’êtes pas le seul héritier, les autres pourraient vous poursuivre sachant que vous avez retiré de l’argent après le décès. Ajoutez à cela toute la complexité de gérer un deuil en essayant de démêler votre banking (ouvrir un nouveau compte bancaire, aviser votre employeur du changement de compte de dépôt, aviser tous les fournisseurs de services de changer de compte de prélèvement, aviser les gouvernements pour le dépôt direct…). Je vous jure, vous ne voulez pas vivre ça.

Mot de la fin

J’ai présenté ici un sommaire très bref de la gestion des finances d’un couple ; il existe certainement énormément d’autres situations avec leurs propres détails qui influent sur les choix que les partenaires font ou ne font pas.

Selon moi, la règle de base à retenir est que dans un couple, le partenariat devrait être équitable : autrement dit, les 2 partenaires devraient sortir de la relation tous les 2 plus riches. Et attention, la richesse ne s’arrête pas au solde du compte bancaire et des bébelles que l’on sépare : il y a aussi tout le travail invisible de la charge mentale et de la charge émotionnelle, ainsi que d’autres aspects non monétaires qui entrent en compte, tout au long de la relation. Personne ne devrait s’enrichir aux dépens de l’être aimé. Le couple, c’est une équipe qui travaille ensemble pour arriver à des buts communs : ça ne fonctionne pas si les actions des 2 parties ne sont pas alignées (ex : L’un économise pour une mise de fonds pendant que l’autre passe son temps à s’acheter des bébelles.) En finances comme en amour, je suis d’avis qu’il est essentiel que chaque personne puisse demeurer une personne à part entière, et cela inclut la capacité à être autonome financièrement.

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