J’ai trop souvent l’impression de me faire scanner de la tête au pied, de me faire juger, autant vis-à-vis mon physique que vis-à-vis mon mode de vie. Pendant les dernières années, j’ai travaillé très fort pour accepter et aimer qui je suis. Je me sens bien avec mon physique. Oui, j’ai quelques complexes, mais c’est humain. Et je me sens bien avec ma vie, avec où j’en suis. Est-ce que j’ai des regrets ? Oui. Mais ça, je vous en reparlerai. Mais j’ai un problème avec le regard des autres, pas que ça m’atteins, mais je trouve qu’on devrait laisser les gens tranquilles avec leur physique!
On me dévisage souvent, et je sais que c’est en partie à cause d’une ou plusieurs de ces raisons :
- Je suis grosse.
- Je me coiffe toujours avec un chignon ou je laisse mes cheveux lousses.
- J’ai souvent une grosse repousse de cheveux blancs.
- J’ai de la pilosité au visage et mon poil sur les bras est foncé.
- Je ne porte pas de brassière, uniquement des bralettes. Mes seins sont gros et ils pendent.
Moi, j’accepte mon physique tel qu’il est. Mais je sais que je dérange et que les gens trouvent que je fais dur, que je ne prends pas soin de moi. Je ne crois pas qu’on puisse juger une personne sur son physique. On a trop tendance à voir des femmes qui sont parfaites, bien accoutrées, maquillées et coiffées à la perfection. Tant mieux pour ces femmes qui sont tout aussi magnifiques.
Je pense souvent à Sofia Nolin, qui est victime de shaming constant à cause de son apparence, et ça me met en colère. Je sais qu’on me juge, autant dans la rue qu’au travail. Que je n’entre pas dans le « moule » du physique des traditionnelles « femmes de bureaux ». Je me sens d’ailleurs souvent obligée de me maquiller et de m’habiller avec des vêtements dans lesquels je ne me sens pas confortable, juste pour fitter. Oui, j’ai un code vestimentaire, je le respecte.
Est-ce que ça me fait de la peine de faire face au regard des autres, même celui de mes proches ? Parfois, oui. Mais je ne vais jamais me forcer pour bien paraître aux yeux des autres. Je l’ai fait toute ma vie. Je n’ai plus envie de le faire aujourd’hui. J’aime encore me maquiller, me coiffer, et je m’épile souvent, mais seulement quand ça me tente. J’ai simplement décidé de me plaire à moi-même avant tout.
Par rapport à mon mode de vie aussi, je sens le jugement des autres. Le fait que je ne cherche pas à tout prix à être en couple, que je sois pansexuelle, que j’aie un trouble mental, que je dépense beaucoup et que je n’aie pas de REER. J’ai toujours l’impression que les gens me regardent comme si je venais d’une autre planète, mais surtout qu’ils se cherchent toujours une raison pour me faire sentir inférieure à eux. Je ne comprendrai jamais l’intérêt des gens à absolument vouloir prouver qu’ils ont plus que moi. On a chacun nos propres réalités et surtout nos propres besoins, intérêts et envies. M’expliquer mille raisons d’être heureux en vivant d’une certaine façon et en la comparant aux autres ne me fera pas changer ma propre façon de vivre.
Je crois qu’à part avec deux ou trois personnes, je me laisse moins aller dans mes discussions, parce que la lourdeur vient me frapper en plein visage et ça me donne juste envie de quitter. Je me vois souvent me lever et partir d’une rencontre où les propos (qui ne sont pas forcément directement ciblés vers moi) me mettent en colère, parce que ça touche un aspect de ma vie. Des personnes avec des préjugés sur les troubles mentaux, des personnes grossophobes, sexistes, racistes, il y en a partout. J’ai heureusement des personnes dans ma vie avec qui je peux parler sans aucun tabou.
J’aimerais vivre dans un monde où chacun laisse les autres vivre, où la différence physique et la différence de mode de vie ne dérangent pas. Que tout soit inclusif, ouvert et surtout sans méchanceté. Je ne suis pas parfaite, il m’arrive aussi d’avoir des pensées négatives, mais j’ai acquis le vivre et laisser vivre et je suis très ouverte à la différence.
Chacun sa vie, chacun son droit d’être qui il veut. Le regard et l’opinion des autres n’y changeront rien. C’est ma vie, c’est mon corps.