Tu es entré dans ma vie comme une grande bouffée d’air frais. Un vent qui entra vivement dans mes narines, puis dans mes poumons. Jusqu’à mon cœur. Si rapidement. Ce fut si vif, si revigorant. Comme si je n’avais pas respiré depuis des années. Comme si je n’avais jamais respiré un air aussi pur de toute ma vie. M’enseignant ce que c’était d’être bercée doucement par le vent, sans être blessée par la suite.
Tout ton être était un morceau de casse-tête parfait s’imbriquant parfaitement au mien. Jamais je ne m’étais sentie aussi complice, aussi authentique. C’était d’une beauté si simple. Si fluide. Si rapide. Mais tout y était. Chaque fois que nous franchissions une étape de plus, j’étais de plus en plus charmée. Tu t’insérais si facilement dans tout mon casse-tête entier.
Ce nombre incalculable de fois où je te regardais et que les larmes montaient.
Sérénité et reconnaissance.
Ce nombre de fois où je te regardais et que mon coeur ne comprenait pas.
Reconnaissance et confusion.
Ce nombre de fois où je te regardais et que mon âme savait.
Confusion et certitudes.
Ce nombre incalculable de fois où je te regardais et qu’une douleur vive apparaissait dans ma poitrine.
Certitudes et peurs.
Ce nombre de fois où je te regardais et que mon corps tout entier refusait un autre que le tien.
Peur, mais surtout, sérénité.
Bien sûr, par moment, des tempêtes survenaient et le vent s’élevait en moi sans que je n’arrive trop à le contenir. Et, surtout, le comprendre. Malgré cette tempête, l’air aurait pu rester aussi pur et satisfaisant, qui sait ? Peut-être est-ce qu’il y avait quelque chose de toxique ? L’air était plus fougueux, plus dangereux que je le croyais. Mais il restait la plus belle chose que mon corps avait aspirée jusque-là. Puis, j’ai senti la fin.
Bien malgré moi, ce merveilleux vent qui avait su réanimer cette immense flamme dans le fond de mes yeux, s’est éteint. Brusquement, alors que je n’avais aucune réserve. Aucune réserve pour m’y réfugier. Puis, bien malgré moi, tu as créé un grand vide. Un grand manque. Un manque de toi. De ton odeur. De ton sourire. De ton rire. De ta voix. De tes mains. De tes bras. De ta bouche. Un grand manque puisque ça faisait longtemps que je n’avais pas autant bien respiré jusqu’à toi. Très longtemps que ma lumière était abimée. J’y ai cru. Tu avais réussi. Sans trop d’effort.
Ces rencontres qui, malgré nous, s’avèrent parfois éphémères, parfois merveilleuses, parfois douloureuses, qui nous chavirent le cœur et nous renversent l’âme. Qui nous chamboulent et nous étourdissent comme un grand coup de vent au printemps. Qui nous marquent parfois longtemps.
Et puis, il y a deux semaines de cela, un après-midi banal… j’ai entendu une bourrasque de vent un peu plus forte cogner contre la fenêtre. Mon grand vent revenait. Mais je ne croyais pas qu’il serait aussi bruyant et qu’il cesserait aussi rapidement.
Et puis, me voilà au beau milieu de nulle part, suffoquant puisque tous les moyens utilisés pour panser cette plaie ne fait que la détruire un peu plus. Me rappelant de ce que c’était d’être bercée doucement par le vent, tout en étant blessée par la suite. Peut-être au final, je n’étais qu’amoureuse de cette flamme que tu as réanimée en moi, du moins de ta capacité à l’avoir rallumée si rapidement, qui sait ?
J’ai longuement réfléchi jusqu’à ressentir l’envie de te ravoir dans ma vie. De me laisser à nouveau bercer par ce grand vent. Au risque de ressentir cette même douleur vive de suffocation… Comme la dernière fois. J’étais tellement persuadée d’être en mesure de le gérer. Mais jamais je me serais attendu à ce que, cette fois-ci, tu me la fasses vivre aussi vivement. Que ce soit toi la cause de cette tempête. Cette douleur avait déjà créé une immense blessure que je tentais de remplir et réparer avec des moyens plus ou moins destructeurs. Cette fois-ci, c’est sûr. Tu m’as dépouillée. Je suis à vif. Tu as vidé et arraché tout ce qu’il me restait. Jusqu’à pratiquement m’arracher le souvenir de cet amour que je ressentais, de cette flamme qui vacillait à nouveau, mais doucement. Cette fois-ci, si tu reviens encore vers moi, ne soit pas surpris. La seule chose que tu trouverais en moi, chez moi, n’est qu’un ramassis d’objets entassés et brisés.
Et c’est assise dans mon lit, toute seule dans le noir, dans mes larmes et en m’abreuvant de cette autodestruction pastille fruitée et vive que je dis que, cette fois-ci, je n’ai juste plus rien à offrir du tout.