De nature conservatrice, dans ma tête, il était impossible que j’aille à mon bal de finissants toute seule. Je devais coûte que coûte être accompagnée, et en aucun cas je ne devais arriver à cette soirée en solitaire. Avec ma mentalité de princesse qui veut aller au bal avec son prince, je ne pouvais concevoir arriver seule au bal des finissants de l’école. Ce serait la honte suprême. La preuve ultime que je serais bel et bien la fille un peu rejet qui avait passé son secondaire dans l’ombre de ses amies plus belles, plus drôles et plus extraverties qu’elle.
Oh que non, j’allais trouver quelqu’un. Peu importe qui. N’importe quel garçon allait faire l’affaire ou presque. Plutôt mourir que d’arriver seule et boycotter cette soirée n’était même pas une option. On nous parlait depuis tellement longtemps de cet événement incontournable, je n’allais pas laisser passer ma chance d’aller essayer de montrer une dernière fois que je valais la peine qu’on me connaisse.
Il faut savoir qu’un mois avant mon bal, le gars sur qui j’avais un crush et avec qui je croyais vivre une relation (maintenant que j’y pense, c’était tellement pas clair notre affaire!) m’avait laissé. Alors que je me voyais déjà arriver à son bras et prouver aux autres que oui, j’avais un chum et que non, il n’allait pas à notre école, il m’a laissé tomber de manière assez poche merci. Dans un aussi court laps de temps, les chances que je me retrouve un autre chum étaient quasi inexistantes parce qu’à l’époque, je braillais deux fois plus longtemps mes ruptures que la durée de la relation en soi. De plus, je ne croyais pas trop à l’amitié gars-fille à cette époque, donc je n’avais pas vraiment d’ami garçon à qui j’aurais pu demander de se sacrifier.
Quelques jours avant la date fatidique, je suis tombée un peu en mode panique. J’ai demandé à un garçon que je ne connaissais pratiquement pas, mais qui avait commencé à graviter autour de ma gang dans l’espoir de séduire ma bonne amie de l’époque de m’accompagner. On avait échangé à peine quelques phrases, c’était zéro mon genre et pourtant, je me disais qu’il valait mieux l’avoir à mes côtés pour franchir les portes de la salle. Désirant se retrouver auprès de mon amie (qui y allait déjà accompagnée), je pense que c’est la seule motivation qu’il avait pour me dire oui.
Je t’épargne les détails de la soirée, qui n’a été d’aucun intérêt. Beaucoup de bruit pour pas grand chose. C’était ÇA le bal des finissants que j’avais tant attendu? Où peut-on se faire rembourser? Et je ne te parle même pas de l’après-bal, que j’ai passé en grande partie dans la voiture d’une amie, terrassée par de vilaines crampes menstruelles qui m’ont mises K-O toute la durée de ce grand moment festif pour tout le monde…sauf moi!
Le bal de mon fils est la semaine prochaine…et il y va seul. Sans aucun regret, sans sentiment d’échec et sans amertume. Il y va en compagnie de plusieurs de ses amis qui y vont aussi en solo… et je trouve ça beau. Même si une partie de moi (cette partie conservatrice qui m’habite encore souvent) aurait aimé le voir arriver au bras de sa blonde ou d’une magnifique fille pour l’accompagner. Mais dans le fond, ça changerait quoi? Il va quand même prendre des photos avec ses meilleures amies, il n’aura pas à gérer une inconnue qui ne se sentira pas à l’aise au milieu d’étudiants qu’elle n’a jamais cotoyés avant cette soirée. Il va vivre une dernière soirée mémorable avec sa gang et c’est ça, la vraie définition d’un bal de finissants.
Je ne pourrais être plus fière de lui. Fière qu’il s’assume, fière qu’il ne le voit pas comme un acte manqué. Il m’épate encore une fois.
Alors à toi qui ira seul.e au bal, si jamais ça te complexe, ça te fait de la peine ou que ça te rends triste de ne pas être accompagné.e, rappelle-toi de cette fille. Celle qui a voulu forcer le destin pour correspondre à un idéal qui n’existait pas. Et console-toi. Le bal, c’est juste une soirée dans une vie. Ça ne définit pas la personne que tu es ou que tu seras. Et crois-moi, y en a des meilleures qui t’attendent…
P.S C’est ici que j’aurais aimé inséré une photo souvenir de mon bal, mais je n’ai gardé aucune trace de cette soirée. Preuve qu’elle a été si peu mémorable dans l’fond.