page blanche

Le syndrome de la page blanche

Après plus de 7 ans à écrire des billets de blogue chaque semaine, je me demandais quand il allait se présenter ce fameux syndrome de la page blanche. C’est peut-être ce soir? Alors que j’épluche mes anciens articles à la recherche d’un sujet que je n’ai pas couvert ou sur lequel je ne me suis pas encore prononcé.

J’ai parlé de tellement de choses depuis que j’ai une plateforme pour le faire.

J’ai parlé du plus grand rôle de ma vie, celui de maman. J’ai parlé de ma relation amoureuse qui célèbrera ses 20 ans en 2024. J’ai parlé de mes peurs et de mes réussites. De mes échecs et de mes crises existentielles. De mes trouvailles en friperie, de l’achat de mes deux premières maisons, de mes produits de beauté préférés. Mes textes les plus populaires sont ceux qui parlaient de ma réalité d’éducatrice lorsque je travaillais dans une garderie. Un métier que j’ai porté à bout de bras pendant près de 20 ans. J’ai fait des suggestions de cadeaux, j’ai présenté mes coups de coeur du moment, j’ai parlé de mes escapade à travers le Québec, j’ai même fait des playlists de mes artistes préférés.

Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir raconter maintenant?

Est-ce que je vais finir par l’écrire cet article pour parler de tout ce que je voudrais vraiment dire sur les réalités d’une éducatrice. Vais-je m’exprimer sur le scandale des joueurs de hockey qui ont participé à un viol collectif? Sur la trop grande place de l’alcool, de la drogue et des médicaments dans notre société? Vais-je avoir le courage de m’exprimer sur les mères à boutte qui se plaignent sans cesse des difficultés de la maternité? Vais-je écrire sur les injustices dans le sport? Sur le fait que j’ai encore plus peur de la mort qu’avant, sur combien je trouve ça difficile tous les jours de voir mon fils devenir un adulte et que donnerais n’importe quoi pour le ramener dans son pyjama de bébé? Vais-je parler du maudit algorithme qui fait la vie dure à de nombreuses créatrices de contenu talentueuses que je connais pour faire de la place à des contenus vides et sans pertinence?

Même si ce soir j’ai l’impression d’avoir le tour, je sais que j’ai encore bien des choses à dire. Que j’ai peut-être juste pas encore trouvé le bon ton, les bons mots. Parce que oui, même si j’ai confiance en ma plume, j’ai encore des doutes parfois. J’ai encore besoin de validation, d’être lue. Qu’on commente mes articles, qu’on me dise que mes mots font du bien, font réfléchir. Des fois j’ai l’impression d’avoir tout dit, que mes meilleurs articles sont derrière moi. Alors qu’à d’autres moments, j’ai l’impression que LE texte de ma vie n’a pas été encore publié. C’est pas toujours facile d’être autrice. Parce que oui, je suis une blogueuse, mais je suis aussi une autrice. J’écris chaque semaine depuis 7 ans, je me considère comme tel, même si je n’ai pas encore publié de livre. Si parfois mes doigts glissent facilement sur le clavier, il y a d’autres moments où je cherche mes mots pendant plusieurs heures.

Le syndrome de la page blanche me guette souvent. La preuve, je pensais que ça y était. Que je n’allais pas trouver de sujet pour mon article. Que j’allais me contenter de republier un de mes anciens articles en sachant pertinement que personne ne remarquerait vraiment la différence. Et pourtant, je ressens encore de la fierté d’arriver à respecter ma cadence d’écriture.

Écrire restera toujours un besoin viscéral, un plaisir, une nécessité pour moi. Et si un jour la page blanche me trouve, je n’aurai qu’à trouver un nouveau cahier. Même si ça prends du temps.

Jennifer signature

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