J’étais à Grand-Sault au Nouveau-Brunswick durant mes vacances. Le croisement de ces deux noms de rue, Ouellette et Bourgoin, m’a fait tout de même rire un peu, car l’un de ces noms était celui de mon grand-père maternel et l’autre, celui de ma grand-mère paternelle. Ce voyage fut très agréable et très formateur pour moi à plusieurs niveaux, tels que la famille ainsi que mes choix de vie.
Le temps passé là-bas m’a fait comprendre et réaliser certaines choses à propos de moi et m’a permis de découvrir ce que je désirais obtenir dans le futur. Avant, je faisais souvent passer mon travail et mes objectifs de carrière avant plusieurs autres aspects de la vie comme la famille, les amis et d’autres sphères importantes de tous les jours. Sans mettre de côté mon désir d’avoir une belle carrière et des ambitions, j’ai pris conscience que j’allais pouvoir être une mère tout en ayant des projets de vie et en restant sur le marché du travail.
Au cours de mon séjour, j’ai visité les chutes du Grand-Sault (photo1) qui sont d’une beauté incroyable. Ce fut très instructif de prendre le temps de visiter et d’en apprendre sur l’histoire de la région d’où vient une partie de la famille à mon père. Il fut très agréable de voir qu’ils se sont rassemblés chaque jour pour passer du temps avec nous et de voir les liens que mon père garde avec sa famille. Je me compte très proche de ma famille du Québec, mais il y a quelque chose de merveilleux qui ne se décrit pas concernant ma famille là-bas. Bien sûr, les valeurs familiales sont différentes des nôtres, cependant, les valeurs de base restent les mêmes. Leurs traditions ont un petit quelque chose de plus que mes valeurs.
Dans ma jeunesse, j’avais souvent l’impression de venir de deux mondes. D’un côté, il avait le nom de famille Ouellette, c’est-à-dire celle de mon grand-papa et de l’autre, il avait le nom Lévesque de la famille de mon papa. Je me suis mise dans cet état parce que je ne voulais pas déplaire à personne avec mon choix de nom de famille. Pour cette raison, j’ai souvent utilisé le nom de famille de mon père parce que c’était la logique des choses. De plus, je voulais être comme tous mes camarades de classe. Ce fut un combat contre moi-même tout au long de mes années à l’école primaire, secondaire, au cégep et même pendant une partie de mon université. Je me souviens que lorsque j’étais embauchée par une entreprise, je finissais toujours par dire que légalement, j’avais deux noms de famille, mais que dans la vie de tous les jours, j’en utilisais un seul.
Depuis le décès de mon grand-père maternel, je me suis remise en question concernant ma place dans ma famille. La même question me revenait toujours en tête. Est-ce que je suis plus une Ouellette ou une Lévesque ? Ce n’est que plusieurs mois après que j’ai finalement pris ma décision et que j’ai utilisé mon nom au complet. Jenny Ouellette-Lévesque. Je me considère tout de même chanceuse d’avoir un petit prénom, contrairement à certaines personnes qui ont un nom composé et deux noms de famille.
Aujourd’hui, je suis fière de dire que je suis la fille d’une Ouellette et la fille d’un Lévesque, sans oublier les noms qui restent dans l’oubli, car je suis aussi la petite-fille maternelle d’une grand-mère Guérin et d’une grand-mère Bourgoin. Je suis un mélange de toutes ces personnes et je suis heureuse de pouvoir les appeler ma famille. Nous sommes tous différents et avons tous des valeurs ainsi que des parcours différents, mais c’est grâce à chacun d’eux qu’aujourd’hui, je suis la femme que je suis. Évidemment, le jour où je vais fonder ma famille, je vais prendre un peu de toutes ces valeurs et de ces traditions pour les laisser en héritage.