Jennifer parle de sa difficulté à socialiser

Socialiser, c’est dont forçant des fois.

Ce n’est pas la première fois que j’en parle.

Je dirais même que c’est un sujet récurent pour moi. Je commence à penser que je suis socialement mésadaptée sur un moyen temps.

Comment une fille qui aime être dans le feu de l’action, qui aime parler, rencontrer des gens, assister à des événements, travailler avec des enfants et des parents tous les jours peut trouver ça aussi difficile, les relations humaines et tout ce qui vient avec ?

Pourtant, quand je sais que je vais quelque part et qu’il faudra que je parle aux gens, que je sois aimable, que je me fasse des contacts ou que je devrai m’intéresser aux autres, je suis souvent ben motivée avant d’arriver. Je m’interroge sur les personnes qui seront présentes, sur les sujets qui seront abordés, les opinions qui seront discutées. Je me prépare même des questions, des blagues, des réponses. Je suis excitée, j’ai hâte et je me dis que tout va bien aller.

Des fois, ça se passe super bien.

L’ambiance est chill, les gens sont simples, les conversations coulent bien, je maîtrise bien l’espace et les mots qui sortent de ma bouche. Je me sens à l’aise, je ris, j’ai des coups de cœur pour des personnes en particulier, je récolte des sourires et des compliments. Je peux même me faire des nouveaux amis Facebook. Mais pas vraiment des amis réels. Je n’ai pas le temps pour ça.

En fait, non, j’aurais sûrement du temps.

Mais je trouve ça forçant.

Des fois, c’est le contraire.

Je me sens mal à l’aise rapidement, je n’ai pas de points en commun avec les personnes présentes, je cherche des sujets de conversations, je cherche mes mots. Je me fais dévisager, juger, j’ai juste le goût de m’en aller. Je cherche des excuses pour partir sans que mon malaise paraisse parce que je me sens comme un chien dans un jeu de quilles. J’ai l’impression que dans mon front, il est écrit que je suis une invitée indésirable ou inappropriée pour les circonstances. Je fais une croix sur ces gens-là, je me jure de ne plus y retourner, et je me tape sur la tête de ne pas avoir suivi ma première idée qui était de rester à la maison. Je me rappelle que je n’ai pas besoin d’amis et que je suis très bien avec ma solitude et mes dizaines de connaissances qui font l’affaire.

Parce que oui, je trouve ça forçant d’être sociable.

Je ne suis pas sauvage.

Au contraire, je me considère plutôt comme une personne avenante qui s’intéresse sincèrement aux gens.

Mais je n’ai pas envie de me forcer pour plaire aux gens ou fitter dans les conversations.

Je suis consciente de mes défauts au niveau social.

Par exemple, j’ai souvent de la difficulté à ne pas interrompre les gens, à ne pas terminer leurs phrases. Je sais à quel point ça peut être gossant. J’essaie fort de ne plus le faire, ou à tout le moins de me contrôler, mais des fois, c’est plus fort que moi. Je suis impatiente avec les gens qui cherchent leurs mots, alors je prends les devants, même si des fois, je me trompe.

Je suis soucieuse des détails alors je n’aime pas les versions d’histoires qui ne sont pas conformes à l’originale. J’ai besoin de les raconter EXACTEMENT comme c’est arrivé. Alors ça se peut que je te coupe la parole pour rectifier tes propos.

Des fois, ça se peut que je joue au jeu de celui qui pisse le plus loin. Parce que je suis compétitive, parce que je manque parfois de confiance en moi. J’ai besoin de flasher mes qualités, plutôt que de laisser les autres souligner mes défauts. J’ai perdu des amis à cause de ça. Je me suis refermé dans une bulle où je me suis convaincue que l’amitié n’était pas quelque chose d’important.

Tu vois, je suis consciente de tout ça.

Et je sais qu’il y a certainement d’autres personnes comme ça.

Heureusement, j’ai appris à ne pas dépendre des autres pour faire ce dont j’ai envie. Magasiner seule, m’entraîner en solo, me plonger dans un livre avec ma solitude bien enveloppée dans une couverture, les choses que j’aime le plus faire se font souvent avec moi-même. J’ai un chum et un fils qui comprennent bien ce sentiment puisqu’ils sont semblables à moi. J’ai la chance de les avoir près de moi, en tout temps, pour me confirmer que je n’ai pas besoin des autres.

Parce que je trouve ça forçant de socialiser.

Mais des fois, je trouve ça l’fun quand même.

Pis j’ai le goût de persévérer et de me forcer.

Parce que je finis par rencontrer des gens comme moi, qui font les mêmes efforts.

2 Comments

  • Oribé

    Bonsoir

    Merci infiniment de votre article

    Mon coeur s’en trouve réchauffée de comprendre enfin pourquoi
    Je me sentais tellement bizarre et inadaptée d’être comme ça

    Finalement c’est juste un côté chez moi à accepter ☺️

    Merci vraiment du fond du coeur 🎆

  • folieurbaine

    Merci à vous pour ce gentil commentaire. Oui, c’est juste un trait de caractère plus courant qu’on pense et avec lequel on doit apprendre à vivre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *