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Après un accident où le corps est soumis à plusieurs épreuves qui le ralentissent, chaque petite victoire est significative.
Lors de la chute qui m’a brisé la cheville, mon corps au complet a subi des dommages parce qu’il a dû compenser pour ma jambe qui était soudainement devenue inutilisable.
Au début, juste arriver à prendre ma douche était un défi particulièrement difficile à relever. J’avais besoin d’aide en tout temps pour ne pas tomber, et je ne devais laver ma jambe droite qu’avec une débarbouillette pour ne pas mouiller mon plâtre. Quel bonheur lorsque j’ai pu enlever celui-ci et tremper dans un bon bain chaud !
Lorsque j’ai commencé la physiothérapie, j’étais plus qu’impatiente et motivée à célébrer les prochaines victoires. Ce fut donc un grand moment de bonheur lorsque j’ai enfin pu dire adieu à mes béquilles et ma botte orthopédique pour recommencer à marcher.
Les pieds un peu croches, le poids réparti majoritairement sur le talon, la jambe raide comme une barre et la démarche digne d’une dame de 97 ans.
MAIS JE POUVAIS MARCHER !
C’est tout ce qui comptait pour moi à ce moment-là.
Plus besoin de calculer mes déplacements pour éviter de me fatiguer inutilement, plus besoin de m’empêtrer dans mes béquilles ni de peser sur les boutons réservés aux personnes présentant un handicap pour ouvrir les portes. J’avançais à pas de tortue, mais j’avançais toute seule. On sous-estime tellement ce que ça représente d’avoir un corps en santé et fonctionnel.
Je retrouvais ma liberté après des jours interminables à être à la merci des autres.
J’ai pu retrouver le plaisir de conduire ma voiture le lendemain de mes premiers pas sans aide. J’avais le droit de faire de petites distances, tant que je restais prudente.
Me retrouver à nouveau derrière le volant avec de la musique et le sourire pour aller à mon rendez-vous de physiothérapie le jour suivant fut tout simplement magique. C’est à peine à 7 minutes de la maison, mais le trajet a duré plus longtemps parce que je savourais le moment.
Lorsque j’ai fait ma première sortie « officielle » quelques jours plus tard, tu n’as jamais vu une fille aussi heureuse d’aller faire son épicerie toute seule. Ça m’a pris le double du temps habituel, j’attirais les regards parce que ma façon de marcher semblait bizarre, mais je m’en foutais.
J’étais libre.
Ok, j’exagère peut-être un peu. Je n’étais pas en prison depuis 2 mois ni dans le coma.
Mais j’appréciais ce que j’avais et mon regard brillait à l’idée de reprendre une vie normale. Habituellement, je déteste faire l’épicerie, mais ce jour-là, ça m’a semblé une activité des plus agréable et surtout, j’étais fière de mes progrès.
Ma convalescence est loin d’être terminée.
J’ai mis deux jours à me remettre de mes exercices et de mes sorties. Ma cheville devenait enflée le soir et le sac magique était mon meilleur ami. Par contre, j’étais loin d’éprouver la même douleur que les semaines précédentes.
Le vrai test sera de reprendre le travail et ma routine quotidienne complète.
Je sais cependant que je suis sur le bon chemin et que chaque victoire mérite d’être soulignée.
Dans un avenir rapproché, je pourrai enfin clore ce chapitre de ma vie.
À suivre…