Le temps se refroidit, les vacances prennent fin, on sent dans l’air que c’est la fin de l’été, du carré de sable et de la crème solaire.
En garderie, cela signifie que les changements de groupes sont entamés.
Après une année passée avec ma gang de petits Lapins, voilà que trotti-trottant, ils quittent leur nid douillet pour se rendre chez les grands Papillons !
Déjà ? Vraiment ? Noooooooooooon…
Derrière mon sourire et mes mots d’encouragement à te voir partir pour ton nouveau local, j’ai un pincement au cœur de te voir t’y rendre…
Ce que je suis fière de toi ! Si tu savais !
Je me sens comblée, émerveillée, de toutes les étapes que tu as franchies durant cette année à mes côtés.
Nous en avons gravi des collines pour nous retrouver ici, aujourd’hui, à ce qui me semble être à des années-lumière de qui tu étais quand tu es arrivée à l’automne.
Je me rappelle ta première journée, de tes incertitudes, de tes yeux tristes qui cherchaient la voiture de tes parents dans le stationnement.
Je me souviens de l’infime minuscule étincelle que j’ai décelée dans le noir de tes pupilles, au bout de quelques jours ; une esquisse d’espoir, d’ébauche envers la possibilité d’une relation privilégiée avec toi.
Et de là est né, toi et moi, nous…, ce qui nous restera.
Les petits poings qui se frappent, en guise de bonjour.
Les câlins et les courses vers moi quand nous voulions.
Les millions de milliards de fois où ta voix a écorché mon prénom et celui-ci a retenti soit pour me montrer quelque chose soit juste parce que tu avais envie que je te regarde. Toi.
Que de souvenirs nous avons créés !
De simples bonheurs qui ont donné tant de vie à notre local.
Je me suis donnée corps et âme sur du temps emprunté.
Je le savais bien pourtant.
Et je me suis encore laissé avoir… sans barrière ni limite.
Je suis comme cela.
Je m’ouvre et je laisse entrer des petits êtres comme toi.
Des mini-explorateurs qui viennent chercher un fragment de trésor dans les caves de ma bonté, de mon amour.
Je vis dans l’instant présent.
Dans ces secondes qui se vivent au ralenti, quand on se regarde dans le blanc des yeux et que je te consacre un moment ; je te chatouille, je t’invente une chanson avec ton prénom ou on construit une tour ensemble.
Je te connais par cœur maintenant.
Je sais que je dois te flatter l’avant-bras pour t’endormir aisément.
Je sais que les matins où il y a de la musique à ton arrivée, tu pars des bras de Maman plus rapidement.
Je sais que si j’enlève les quelques morceaux de fraises dans ton yogourt, tu vas le dévorer dans le temps de le dire.
Je sais que si je t’envoie en mission spéciale de ramasser un coin bien précis, tu vas être la-plus-meilleure-des-championnes du rangement.
Je le sais.
Je le sais parce que durant toutes ces semaines, toutes ces heures avec toi, à faire partie de ton petit monde, j’ai appris.
Autant, si ce n’est plus que toi !
C’est moi l’éducatrice, et j’en apprends encore grâce à toi.
Pour toi, je dois me renouveler, me réinventer, si je veux aspirer à t’offrir le meilleur de moi-même.
Persévérer et trouver des manières de t’émouvoir, de te donner envie d’être aussi autonome que tu le désires.
Te montrer que même l’impossible est possible, si tu crois en toi…
Comme je crois en toi.
Je veux te dire MERCI.
À toi. Et toi. Et toi aussi.
À chacun et chacune de toi, en vrai.
Mon cœur est une mosaïque de petites photos qui grandit et grandit, avec chaque Lapin qui passe et laisse ainsi sa trace sur les parois de mon âme.
Je suis triste, certes… mais je sourie, je te sourie comme toujours, car je sais que tout ce que j’avais, je te l’ai donné.
Je te garderais une autre année, sans hésitation, ou même trois (!), mais je sais que tu vas continuer à t’épanouir et que, dans ton baluchon, tu auras toujours cette petite parcelle de mon cœur qui t’accompagnera à chaque pas.
Je t’aime. Toi.
One Comment
huguette roch
merci de m’être des mots doux sur le sentiment de peine que je ressens surtout quad le parent ne nous avise pas que l’enfant quittera sans jamais nous revoir pour uniquement satisfaire une priorité logistique dans l’horaire des parents … en 4 ans l’enfant a fait 4 milieux de garde… bien triste surtout quand l’attachement était faite…