Une éducatrice a toujours le sourire aux lèvres. Elle est aimante, patiente, sécurisante.
On a choisi ce métier, cette passion même, parce que nous avons à cœur les enfants.
Nous veillons à leur apporter de l’amour, du soutien, du réconfort, et tout ce qu’ils ont besoin pour se développer pleinement.
Ces enfants-là, on les adore. Ils font partie de notre quotidien et nous développons une relation inouïe avec eux.
Personnellement, je me lève chaque matin en ayant le sourire aux lèvres et l’énergie positive que me donne la chance de les retrouver et de rire avec eux.
De les serrer dans mes bras.
De chanter avec eux.
Depuis lundi… je ne souris pu.
Détrompez-vous!
J’ai toujours cette immense adoration pour le métier et mon cœur est encore emplie des visages de vos enfants…
Mais…
Mon cœur renferme aussi le visage de mes enfants…
De ma Luna que j’ai perdu aussi…
De mon conjoint des 25 dernières années…
De ma mère qui habite avec moi depuis la mort de mon père…
De mes frères…
De mes beaux-parents qui ne sont pu aussi jeunes…
De mon filleul qui n’a pas encore soufflé sa première bougie…
De tous ces gens qui font battre mon cœur.
Puis là, je ne souris pu.
Parce que mon métier, je l’ai choisi avec passion. Avec la certitude de pouvoir accomplir de bien belles choses et d’espérer pouvoir laisser ma trace, ne serait-ce qu’un peu, dans la vie des enfants qui entrent dans mon local et même de ceux qui n’y ont jamais mis les pieds!
Je ne souris pu.
Parce que contrairement aux policiers, pompiers et travailleurs en milieu de santé ou en milieu carcéral, je n’ai pas choisi consciemment un métier qui comporte des risques chaque jour en me présentant pour mon quart de travail.
Dans mon quotidien, je sais que je peux avoir la gastro, le pied-main-bouche et peut-être la varicelle. Ou quelques maux qui me rendraient malade pour une semaine tout au plus…
Je ne suis plus que l’ombre de l’éducatrice que je suis habituellement…
Les terreurs nocturnes, si fréquentes chez mes deux-ans adorés, c’est moi qui les ai désormais.
Juste l’idée de devoir aller travailler demain, m’angoisse.
Je ne suis sortie qu’une seule fois pour aller à l’épicerie pour approvisionner ma famille.
Je veux rester à la maison et suivre les consignes de sécurité et de santé…
Mais je dois aller travailler.
Travailler et prendre le risque d’exposer les miens à ce virus sournois et ravageur.
Travailler et faire entrer chez moi la maladie, et peut-être pire, pendant qu’il y a des insouciants qui favorisent la propagation…
Les annonces Facebook en sont pleines!
« Cherche coiffeuse qui peut me faire cette coloration »
« Regardez ma dernière trouvaille au Dollarama! »
« Je vends un lot des vêtements 4T pour garçon »
Respectons le confinement.
Je ne souris pu.
Je ne suis pas égoïste.
Je suis réaliste.
Prenons mon milieu de garde.
Minimum 2 éducatrices par jour.
En rotation.
Donc au bout de la semaine.
10 éducatrices exposées.
Pour un seul enfant.
Ou peut-être 4-5 enfants tout au plus.
Et chaque enfant est un nouveau risque.
Je ne juge pas les parents des services essentiels, loin de là.
Je les trouve courageux.
Je les admire d’avoir choisi un métier qui aide autant la société à fonctionner.
Un grand merci, d’ailleurs.
Sauf que des plans B, il y en a.
Des plans de toutes les lettres de l’alphabet.
L’autre conjoint.
L’ex.
La tante, le parrain, l’amie, la sœur, le beau-frère, la voisine.
Sincèrement, on offrirait de me payer 3 fois mon salaire ou de rester à la maison, je choisirais de rester cloîtrée chez-nous.
Parce qu’à la base, je ne suis pas éducatrice pour l’argent. Mais là, je n’ai pas le choix. Donc, demain je vais aller travailler.
Je n’aurai pas l’air bête, rassurerez-vous.
Je serai professionnelle et je vais voir au besoin de l’enfant ou des enfants qui seront là.
Mais mon cœur restera à la maison…
Auprès des miens.
Pour ceux qui ont vu le film « La vie est belle», je m’inspirerai de celui-ci pour ne rien laisser paraître aux enfants.
Merci de m’avoir lu, je me sens déjà un peu mieux de vous partager l’état d’âme de plusieurs éducatrices en ce moment.
18 Comments
Jennifer
Je veux seulement vous faire savoir que les services essentiels ne sont pas seulement médecin, préposés, policier et ambulancier. C’est aussi des personnes dans l’entretien ménager, des éducateurs spécialisés, des agents administratifs, des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes… Je peux t’assurer que nous sommes pas plus des gens qui ont voulu avoir des emplois à risque. Pourtant, nous sommes dans le système de santé et obliger à entrer au travail, car nous sommes des Services essentiels. Je suis T.E.S au service de santé et je dois risquer toute ma famille aussi à attraper ce virus mortel. Alors, Désolé de vous apporter mon garçon, car mon employeur me demande d’entrer au travaille au lieu de rester à la maison avec lui!!!
Dominique
Je suis exactement dans la même situation que toi, et je partage les mêmes sentiments exactement.
Ton texte décrit bien notre situation.
Merci
Bon courage et bonne chance
Nathalie
Merci d’avoir mis les mots sur ce que je pense.
Tu sais même mon conjoint trouve normal que je dois aller m’exposer, il me dit que je capote pour rien…. je regarde mes enfants,,, surtout mon fils de 9 ans qui a été opéré à cœur ouvert il y a 6 ans,,, oui j’ai peur, je pleure, je panique, tout ce passe à l’intérieur (j’ai mal à l´âme)
Encore Merci pour ton beau texte, je l’aime vraiment beaucoup….
carolanne
Très beau texte qui résume très bien nos sentiments et inquiétudes en ce moment. Demain, je dois accepter un enfant malade mais dont on me dit qu’il ne sera plus contagieux. Comment en être certaine ? Un des deux parents travaille de la maison en ce moment mais amènera quand même son enfant malade…. Même si l’enfant n’est plus contagieux, il est affaibli présentement alors si le fameux virus entre chez-nous, il sera plus propice pour cet enfant, de la contracter…
Caro
Je suis entièrement d’accord avec le confinement et je suis éducatrice aussi. Toutefois pour la vente d’objets sur kijiji je crois qu’il y a encore une façon sécuritaire de le faire. Aller d’un point A au point B en voiture n’est pas à risque s’il n’y a pas de contacts humains. Payer par virement interac et ramasser le bien acheté sur le balcon du vendeur. Isolé l’objet acheter pendant 3 jours dans le coffre de la voiture (durer maximale de vie du virus sur les objets) et se laver et désinfecter les mains immédiatement. Je crois que de cette façon la transaction peut être sécuritaire et même éviter de se rendre dans un magasin à la place. Si mon idée ne tient pas la route j’aimerais bien avoir vos points de vue à ce sujet. Merci
Mélissa
Merci pour ce bel article qui met des mots sur ce qu’on ressent toutes en tant qu’éducatrice ses derniers jours.
Flo
Bonjour Charline,
Quel texte magnifique. Je me retrouve totalement dans ton texte. Étant éducatrice moi-même.
Merci de l’avoir redigé avec de si beaux mots.
Courage à toi et à toutes les éducatrices.
Chantal
Moi aussi je suis educatrice passionne et je veux etre la pour les parent qui en on besoin. La ou je suis tres decu cest que l’agpq (et nous somme une garderie prive subventionne) l’agpq mon repondu a ma demande qui etait : puis je demander au parent de nous garder en dernier recour. Comme urgence et dernier recour. L’agpq ma repondu le parent descide si vous etes sont premier ou son dernier recours. Alors voila je suis tres decu.
Jo
J’espère bien que tu ne juges pas les parents, ils n’ont pas le choix !!
Même ceux qui choisissent le milieu hospitalier n’ont pas choisi ce métier pour s’exposer à ce genre de danger ! Tu crois que je l’ai choisi quand j’ai décidé de devenir secrétaire médicale ? Pas une seconde. Venez un peu voir de quoi on a l’air à l’hôpital, venez voir c’est quoi s’exposer tous les jours pour de vrai, dans quel genre d’ambiance d’angoisse on travaille et de pression qu’on doit supporter par manque d’effectif. On ne croise pas 5 enfants sur notre chemin, on croise des centaines de personnes potentiellement malades. Imaginez un peu ceux/celles qui travaillent en réanimation ?
Confier ses enfants à sa mère, son père, son oncle, sa tante, vous ne croyez pas que si ça avait été envisageable et plus simple, ça serait fait ? Tout le monde n’a pas une famille à disposition proche ou qui veut et qui peut s’en occuper. Je ne peux pas forcer ma mère, ma tante et mon oncle à s’occuper de mon enfant. C’est ton job aujourd’hui de t’occuper d’enfants des personnes qui ne peuvent pas faire autrement et qui doivent obligatoirement travailler.
Imaginez 2 secondes les médecins, infirmières, aides-soignantes bref le personnel hospitalier pensent comme ça, vous n’auriez que vos yeux pour pleurer encore plus de morts. Vous ne croyez pas que le médecin en réanimation/urgences n’aimerait pas mieux rester tranquillement chez lui avec ses enfants à la place d’être au plus près de ceux qui sont en train d’en mourir ?
À moins d’avoir un IMC supérieur à 40, des problèmes cardiaques, respiratoires, 70 ans+, diabète type II, diabète type I insulinodépendant, être enceinte, mucoviscidose, maladies coronaires, antécédent d’AVC, HTA, insuffisance rénale chronique dialysée, maladie hépatique chronique avec cirrhose ou être immunodéprimée. Tu crains à peu près rien.
Donc, si ce n’est pas le cas, oui clairement c’est égoïste de penser comme tu le fais, mais assume le fait de l’être c’est tout. Personne ne va t’en vouloir de vouloir rester chez vous, tout le personnel hospitalier, supermarché, éboueur, hydro etc. aimerait être chez lui.
Par contre, quand tu auras des poubelles qui vont s’accumuler devant ta maison et que les rats viendront bouffer dedans, que tu seras dans le noir, dans le froid, sans rien à manger, sans télé, sans internet pour pouvoir venir te plaindre que ta situation est dont difficile et que finalement tu seras malade pas forcément du COVID-19 mais d’une autre saloperie. T’auras une grosse pensée pour ce que tu viens d’écrire.
Fatna
Merci de dire tout ce qu j’ai pas eu la possibilité de tout écrire hier . Gros merci à tout le monde qui continue à faire sa job malgré la peur et l’incertitude . Dans tous les domaines . Une pensée spéciale pour les travailleurs dans des domaines autres que la santé qui doivent trouver parfois des solutions drastiques car pas de service de garde pour eux .
Fatna
Les professionnels de la santé sont aussi des personnes passionnées de leur travail et je trouve cher dame une partie de votre texte très déplacée envers ces personnes la. Elles , ils déposent leurs enfants à contrecœur dans un service de garde qui n’englobe que des enfants de gens à risque et ils partent aider des personnes qui ont besoin d’eux . Vous avez la
Possibilité de démissionner de votre travail si vous le trouvez trop risqué . Malheureusement, les gens sur le front n’ont pas ce luxe. Et je peux vous garantir, madame que les parents des enfants que vous gardez n’ont pas d’autres choix . J’ai eu la
Chance d’avoir la visite d’un membre de ma famille qui a prolongé son séjour pour aider un professionnel de la santé à être présent pour les patients en mettant en péril sa propre santé ( visiteur) . Vous avez plus le sourire !? On a la chienne!! Car on pense qu delà de notre famille . On pense aux nombres de personnes atteintes qui augmente et qui vont dépasser le système de santé déjà boiteux .j’ai la chance de connaître trois gérante de garderie qui malgré le fait d’être fermé , ont proposé de garder mon bébé pour que je puisse aider. Je leur dis : chapeau bas .
Donc , merci beaucoup pour le beau travail que vous faites avce nos enfants. On apprécie beaucoup . Mais on est en temps de crise et dans ses moments la, tout le monde met la main dans la pâte . Prenez une seconde pour réfléchir , si le monde de santé se retire car c pas tout le monde qui a le luxe d’avoir quelqu’un de dispo, les gens malades vont se retrouver ou!? Sur ce, je vous souhaite à toutes une excellente soirée . Restons prudents face à cet ennemie invisible
Daniel Lessard
Bonjour les éducatrices et éducateurs en garderie, ainsi que les autres lectrices et lecteurs de ce blogue. Je sympathise avec vous et je comprend parfaitement vos craintes. Ma fille est éducatrice dans une garderie qui a été désignée pour offrir les services aux anges-gardiens et ça l’inquiète aussi. Je vous invite à consulter mon site web, où vous trouverez des conseils sur les façons de vous protéger. Il n’y a aucun objectif commercial derrière ma démarche et vous pouvez copier le texte et le diffuser à votre guise.
Karine
A JO,
Contrairement à ce que vous vous écrivez, les éducatrices n’ont pas choisies d’être dans ce genre de situation. Vous avez décidez d’être dans ce genre de milieu en étant secrétaire médicale et vous devez continuer à donner un service car ceci fait parti des tâches de votre emploi.
Le personnel de santé est formé pour utiliser du matériel de protection (veste, gant, masque), vous avez surement été formé vous aussi. Les éducatrices n’ont pas la fomation, ni le métériel pour faire face à cette tâche.
Le reste de vos commentaires semblent être de la crainte de votre situation. La ‘job’ d’une éducatrice n’est pas de s’occuper de la société en temps de crise car elle n’est pas formée pour cela. Par contre, ceci fait partie de votre ‘job’. Vous devriez peut-être aller relire les conditions de votre travail et de votre contrat de travail à la place d’imposer aux autres vos commentaires.
Il y a d’autres solutions pour remédier à ce genre de situation que l’on voit dans d’autres pays et celles-ci semblent plus intéressantes et plus intelligentes dans un contexte comme celui que l’on vit. Un travailleur d’un service essentiel devrait laisser ses enfants à son conjoint. Si les 2 travailleurs font parti d’un service essentiel, un des 2 prend congé pour s’occuper des enfants. Si un travailleur d’un service essentiel est monoparental, il quitte son emploi et s’occupe de son enfant.
J’ai trouvé votre commentaire vis-à-vis ce blogue très haineux. Vous ne semblez pas comprendre tout ce qui est en jeu. Pour finir, j’espère que les rats iront eux aussi manger dans vos poubelles !!!!!!!!!!!!! LOL
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