plante

Et si j’étais une plante?

Octobre, pour moi, c’est un peu comme si on éteignait doucement la lumière dans la pièce où je me tiens. La noirceur tombe plus tôt, et je me sens comme une plante d’intérieur laissée trop longtemps à l’ombre. J’ai beau étirer mes bras vers ce mince rayon de soleil, j’ai l’impression de survivre plus que de vivre. Mes feuilles tombent un peu, mon énergie se fane, et je me demande si je vais jamais retrouver cette vitalité qui me fait sourire sans effort.

La dépression saisonnière, c’est ça : le corps et l’esprit qui te disent « j’ai besoin de lumière » et toi qui dois inventer des moyens pour t’en nourrir. Un café chaud devient un rayon de soleil, le message d’une amie un jour de pluie, une bougie qui réconforte et parfois un fou rire inattendu qui fait pousser de nouvelles feuilles que je croyais perdues. J’ai l’impression que chaque petit geste lumineux est un arrosage de mes racines fatiguées, et ça me fait sourire de voir que même une plante oubliée peut se rappeler qu’elle sait encore pousser.

Je me surprends à observer les autres plantes autour de moi, mes amis, ma famille, mes collègues, et je me rends compte que chacun lutte avec sa propre lumière. Certaines brillent facilement, d’autres ploient sous le manque. Moi, je me compare toujours à cette plante fragile et têtue qui, malgré tout, trouve des moyens de survivre à l’ombre. Et je comprends que ce n’est pas une faiblesse : c’est juste que j’ai besoin de temps et d’un peu d’attention pour renaître.

Mais heureusement, je me surprends parfois à rire de mes petites feuilles tombantes, de ma lenteur à absorber la lumière, de mes soupirs un peu exagérés quand le ciel reste gris trois jours d’affilée. Rire, c’est aussi un rayon de soleil. Et même dans l’ombre, il y a des moments qui me font frémir, pousser, respirer, malgré tout.

Octobre m’assomme un peu, c’est vrai.

Mais j’apprends à cultiver mes petits soleils, à arroser mes racines avec ce que je peux, à trouver la lumière même dans les coins sombres. Et je sais qu’un jour, le vrai soleil reviendra. Quand ça arrivera, je vais pousser comme jamais, plus verte, plus forte, et avec ce sourire un peu fou qui me rappelle que j’ai survécu à l’ombre.

Jennifer signature