À toi, cher parent, qui envoie son enfant en sortie scolaire ou de garderie. Laisse-moi te faire une faveur et ainsi assouvir ta soif d’apprendre ce qui s’y passe vraiment.
Parce que, non, quand tu décides d’envoyer ton kid en sortie, tu ne sais pas du tout comment ça se déroule. Tu en as seulement une vague idée. Oui, ton enfant va s’amuser, sortir de sa routine, passer une journée avec ses amis à faire quelque chose de différent. Peut-être même qu’il ira dans un endroit où il n’est jamais allé et où tu n’auras pas à l’emmener parce que tu trouves ça franchement plate… genre voir des autruches ou dans une piscine où le casque de bain est obligatoire. #toutlemondefaitduravecuncasquedebain
Mais ce que tu ne sais pas, c’est tout ce que ça implique pour nous, chers.ères éducateurs.trices, une journée comme celle-là. C’est pas pantoute comme tu te l’imagines.
Premièrement, tu n’as pas idée à quel point il faut s’organiser pour une journée comme celle-ci. Pas question de se coucher tard la veille parce que je te garantis qu’on le regrettera le jour de la sortie. Il faut être frais et dispo quand on doit surveiller 15 enfants en même temps.
Juste décider du contenu du sac à dos que l’on traînera toute la journée est déjà un casse-tête en soi. Il faut penser à tout :
– trousse de premiers soins avec beaucoup de pansements (t’as pas le goût de prendre ton chandail pour éponger le sang d’un kid en cas de blessure) ;
– plusieurs vêtements de rechange pour enfants en cas d’accident (ou de sang sur son chandail) ;
– médicaments (Tylenol, Epipen, Benadryl, est-ce que je dois vraiment expliquer pourquoi?) ;
– une gourde d’eau avec plusieurs verres en carton au cas où il n’y aurait pas d’abreuvoir sur place (fait vécu… plusieurs fois) ;
– des lingettes humides pour laver leurs mains si les toilettes sont difficiles d’accès ou carrément insalubres (2 toilettes pour 50 enfants, c’est ce que j’appelle difficile d’accès et après quelques heures, on peut les qualifier d’insalubres) ;
– des calmants (ben non, c’est une joke) ;
Bref, c’est pas trop long que le poids s’accumule sur tes épaules et que ton esprit est déjà accaparé par le stress d’oublier quelque chose.
Pour les sorties extérieures, on doit penser aux vêtements appropriés tels que le chapeau pour protéger les cocos fragiles, les bottes de pluie pour les jours où le sol est bouetteux, mais on souhaite aussi que chaque parent pense à vêtir son enfant avec des vêtements appropriés. (Psst… les robes chics, c’est parfait pour la visite du père Noël, pas pour les sorties dans une ferme ou dans les piscines de balles.)
Pour les sorties scolaires, l’attrait de l’autobus n’est pas tellement grand, mais pour les sorties de garderie, c’est un événement hors du commun. Juste l’embarquement, c’est, comment dire, plutôt sportif. Il faut les installer confortablement à bord, chanter des chansons pour agrémenter le périple (apprends la chanson des « Roues de l’autobus » et t’es en business) et s’assurer qu’ils demeurent assis tout au long du voyage. Ça a l’air ben simple écrit comme ça, mais c’est loin d’être un moment de détente. Ou bien, c’est juste moi qui suis déjà en mode survie et qui commence à anticiper le reste de la journée.
Lorsqu’on arrive, c’est vraiment là que l’action commence. Dès la sortie de l’autobus, mon esprit est accaparé par le nombre d’enfants. Est-ce que le compte est bon? Est-ce que je les ai tous? Ma plus grande peur est toujours d’en perdre un ou d’en oublier. Mais bon, je te rassure, cher parent, ça n’arrive pratiquement jamais dans les sorties, à part en de très rares occasions.
En sorties, on ne profite pas vraiment de l’activité proposée, on est tellement occupés à gérer notre groupe, à compter les enfants (encore et toujours), à anticiper les mauvais coups des uns tout en séchant les larmes des autres que la plupart du temps je ne me rappelle pas ce que j’ai vu, mais juste ce que j’ai vécu.
Parfois, de gentils parents acceptent de nous accompagner pour la journée. Ne pense pas qu’on ne l’apprécie pas, au contraire, toute aide est la bienvenue et on adore les parents bénévoles. Mais si tu profites de la journée pour jaser avec les autres mamans ou papas présents plutôt que de surveiller ton propre enfant, ça se peut que ton aide ne soit pas très appréciée et que l’on espère secrètement que tu ne te proposes pas pour la prochaine sortie.
Tout au long de la journée, on doit s’oublier. Pratiquement pas le temps d’aller aux toilettes, pas une minute de répit, on mange en quatrième vitesse sur le coin d’une table et on gère toujours au moins 3-4 situations en même temps. Sans jamais détourner la tête trop longtemps, et sans jamais cesser de compter. JAMAIS.
En scolaire, on a peut-être le temps d’aller aux toilettes. Mais on doit quand même redoubler de prudence, car un jeune de 10 ans est aussi habile, sinon plus, pour se faufiler en dehors du rang juste pour aller voir quelque chose de full hot. Pis c’est pas trop cool de se faire voir à la Ronde accompagné de son éducatrice. Alors on doit rester à distance, mais ne pas les perdre de vue. Et essayer de les compter. #encoreettoujours
Mais on n’oublie jamais de faire en sorte qu’ils s’amusent et de les aider à se créer des souvenirs. Parce qu’on sait qu’ils vont apprécier leur journée si on les aide à le faire.
Voilà donc ce qui se passe réellement dans les sorties. (J’ai quand même gardé quelques petites anecdotes pour moi, question de ne pas trop te traumatiser… et je te rassure, ce ne sont pas des histoires d’enfants oubliés!)
Alors, cher parent, la prochaine fois que tu recevras le petit coupon-réponse à remplir pour une sortie, pense à tout ceci et si tu as envie de venir nous aider, on t’en sera reconnaissant. Mais si tu ne peux pas le faire, on s’occupera parfaitement bien de ton kid.
Et on fera de notre mieux pour que sa journée soit mémorable.
One Comment
Angelilie
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.
au plaisir