Je suis née en camping… ou presque.
Mes parents étaient des nomades qui visitaient souvent différents campements aux États-Unis. Chaque fin de semaine, ils partaient en quête de nouvelles routes et à la découverte d’autres cieux.
Quand je suis née, ils ont décidé de prendre racine aux abords de la Baie Missisquoi, précisément à Venise-en-Québec. À l’époque, nous étions dans une tente-roulotte et je me souviens clairement que lorsque je montais à mon lit, je passais mes petites mains sur la toile pour créer des ombres chinoises. Il y avait aussi le son de mes doigts sur ce tissu rigide, l’humidité et le froid que je ressentais, qui me calmaient jusqu’à ce que mes paupières finissent par se fermer.
Dans mes souvenirs, je nous aperçois, bien emmitouflés dans des couvertures de laine, autour du feu. Il me semble encore entendre le crépitement des bûches de bois, sentir la chaleur qui nous enveloppait, humer l’odeur des guimauves grillées et surtout, ne jamais quitter des yeux la danse rythmée des flammes orangées qui s’offraient en spectacle.
Plus tard, nous avons eu une grande roulotte full equip et je faisais maintenant partie d’une gang de garçons et de filles qui revenaient chaque été.
Awwww, il y avait aussi ma superbe bécane rouge, avec son confortable banc banane, mes poignées ornées de longues franges colorées ainsi que les petites boules aux couleurs néons que j’accrochais aux rayons de ma bicyclette pour faire du bruit en roulant.
Oui, j’ai vécu dans les années 80…
Nos escapades jusqu’au bout de la Baie, le Noël du campeur, le mini-golf, nos séances de vérité ou conséquence, nos tentatives de pêche, nos premiers party, les slows interminables de Metallica et de Guns n’ Roses…
Nous n’arrêtions pas une seule seconde : le parc, le lac Champlain, les arcades, les frites graisseuses qui transpiraient au travers du sac brun pourtant doublé!
Je peux dire que nous avons réellement profité de la Vie et de chaque moment que nous avons pu passer ensemble
Le mois dernier, en agrippant la fermeture éclair de notre tente Trappeur, j’ai retrouvé tout cela en l’espace de cinq secondes.
J’ai même eu l’impression d’ouvrir un baluchon rempli de moments tendres de mon enfance.
Les lits superposés, la salle de bain intérieure, la petite table en bois, le mini-réfrigérateur… Je me suis rendu compte que ce retour à l’essentiel, à la Nature dans son plus simple apparat, n’avait jamais cessé d’exister en moi. Cette petite fille aventureuse et curieuse somnolait seulement dans un coin reclus de mon corps d’adulte. Ne serait-ce que l’instinct de survie quand est venu le temps d’allumer le feu de camp, qui m’est venu comme si j’avais été scout toute ma vie!
De vivre cela à nouveau, mais en tant que Maman fût pour moi, un pied de nez au train-train quotidien. Je me suis littéralement déconnectée de mon travail, de ma ville, de mon Monde qui semblait être à des années-lumière d’où nous étions. J’ai laissé réseaux sociaux et soucis passagers devant ma porte de garage, entre mon bac de vidanges et celui de recyclage, et je suis arrivée à Huttopia (https://canada-usa.huttopia.com/site/sutton/) le cœur léger et prêt à savourer chaque fragment de Présent que je pourrais subtiliser durant de notre escapade familiale.
J’étais absolument émerveillée, habitée d’une douce nostalgie, de celle qui rend les pupilles brillantes et claires, comme le ciel qui habillait Sutton lors de notre séjour.
Mon chum, qui n’était pas trop chaud à l’idée d’aller camper, mais qui a par la suite été emballé de savoir que nous allions faire du *glamping, a quant à lui découvert que sortir des sentiers battus et expérimenter la Vie de campeur n’était pas trop mal après tout!
Les enfants ont adoré toutes les activités qu’on leur a proposées.
Il y avait, bien sûr, la piscine chauffée, petit luxe bien apprécié d’ailleurs, car ce week-end-là précisément, la température a oscillé entre « je-suis-bien-le-Soleil-me-réchauffe-un-peu » et « ouf, je-pense-que-je-vais-les-habiller-en-long ». Donc, nous nous sommes baignés un peu, mais ils ont plus joué dans le parc adjacent et dans la superbe section d’hébertisme.
Ensuite, nous nous sommes attaqués aux classiques du camping : la table de baby-foot et les pétanques! Malheureusement pour ma fille de 3 ans et moi, nous avons fait des équipes filles contre gars… disons que mon grand garçon de 6 ans était bien content!
Nous sommes aussi partis en simple expédition sur les chemins qui entouraient notre tente. Nous avons trouvé un abri improvisé, fait de branches entremêlées, de style tipi puis nous avons croisé de belles chutes, où je me suis ressourcée, seule, pendant quelques minutes. La fraîcheur de l’eau et l’image de renouveau m’ont fait le plus grand bien.
Les soirs, prosterné devant notre feu, j’aurais voulu que la nuit soit infinie pour pouvoir revivre ces moments de pur bonheur, encore et toujours…
Ce sentiment de bien-être candide, de liberté dévolue. Les visages sereins de chacun de nous, hypnotisés par cette énergie ardente qui se démenait devant nous.
Puis, la nuit il y a eu cette pause, cet instant de déjà-vu, où quelques minutes avant de m’endormir, j’ai fait glisser mes doigts sur la toile de la tente…
Les bras de Morphée n’ont jamais été aussi apaisants.
*Le Glamping, qu’est-ce que c’est?
Au-delà de l’association de deux mots, c’est à Dre la première syllabe du mot « glamour » et la seconde du mot « camping », le glamping est une nouvelle tendance du tourisme de plein air qui allie luxe et nature, confort et respect de l’environnement, et joue la carte de l’atypique en proposant des hébergements « hors des sentiers battus », aussi bien au sens propre qu’au sens figuré.
La tente trappeur est d’ailleurs faite de bois et de toile, et comprend, entre autres, une douche intérieure, l’électricité et un poêle à gaz.
Crédits photos : Charline Ibarra