Au père de mes enfants,
Tant de titres pour te décrire se sont succédé au fil de notre relation.
Tels des chapeaux qui s’envolaient et se remplaçaient au gré des saisons et du temps qui a coulé dans nos veines.
De simple connaissance, tu es devenu un ami, un admirateur, puis plus tard, un coup de cœur… jusqu’à devenir mon amoureux.
À 15 ans, aurais-je pu, ne serait-ce qu’espérer, rêvasser ou même m’attendre, à vivre une relation de près de 25 ans avec toi? Honnêtement, OUI.
Ceux qui me connaissent bien savent que je suis une éternelle romantique, une pathétique demoiselle tombée dans l’eau de rose à sa naissance, qui ne voit la vie qu’avec un regard voilé de dentelle.
Et une têtue tête de mule.
OUI, j’y ai cru, je l’ai souhaité certes avec l’ensemble de mon âme et de mon corps.
Mon esprit vif et terre à terre me disait tout de même que cela ne serait pas facile, qu’il y aurait de l’orage et des intempéries sur notre chemin.
Mais j’ai plongé. Tête première même.
Nous étions si jeunes. Si libres.
L’avenir devant nous.
L’univers en entier à tracer et retracer.
OUI, je le savais.
Je le savais qu’un jour, tu serais le père de mes enfants. De nos enfants. C’était une évidence limpide comme l’eau claire.
Cette vision très précoce était encrée loin dans mon cœur, amarrée dans mon conscient et mon subconscient.
Cette image prophétique fut mon phare, ma lueur; je la cherchais dans mes instants sombres de doute ou de peine et m’y recueillais dans mes moments grisâtres de tristesse. Je m’y suis tenue et accrochée de toutes mes forces lorsque les éléments de la nature déferlaient sur notre amour.
Lorsque les dés étaient pipés sur notre futur.
Envers et contre tous, je me tenais, tête haute depuis ma vigie, et je gardais les yeux sur le rivage.
Sur toi. Le père de mes enfants.
Je les imaginais, les modelais d’argile de bonheur et de joie, nos enfants.
Les fignolaient mentalement; de ton nez, de mes joues, de nos caractères, nos petits trésors, bien avant leur naissance.
Et tes yeux… quand ton regard s’est transformé en ceux d’un père lorsqu’ils se sont posés sur le test de grossesse.
C’était magnifique à voir, à vivre.
Et à revivre.
Ensemble.
Parce qu’avant tout, ils sont les fruits qui découlent de NOUS. De nos racines.
D’une cuillère à thé de passion et d’une autre d’engagement.
Parce qu’au-delà de ce que nous sommes, individuellement ou en couple, nous sommes leurs parents.
Advienne que pourra.
À jamais.
Nous sommes bel et bien arrivés, nous avons accosté.
Deux enfants.
23 ans de couple.
Nous l’avons bien méritée notre île.
Notre voyage est loin d’être terminé.
J’y compte bien.
Notre bateau a du vécu.
Des éraflures qui témoignent de tout ce qu’il a navigué.
Or, il tient encore. Fier de lui. Heureux.
Au père de mes enfants.
Je t’aime. Depuis toujours. À tout jamais.
Au père de mes enfants.
Je t’aime quand je t’entends interagir avec eux. T’intéresser à leurs passions. Rire avec eux. Les chatouiller, les faire tourner. Lire des histoires dans tes bras.
Un peu plus, à chaque fois. Je t’aime.
Quand tu t’inquiètes pour eux. De leur santé. De leurs petits bobos. Quand tu les bordes. Quand tu te couches dans leurs lits, l’espace d’un moment. D’un arrêt.
Je t’aime. Ils t’aiment.
Quand tu es fier d’eux. Quand tu deviens orgueilleux devant les photos que je t’envoie de leurs minois. Quand tu deviens aussi anxieux que notre fils, lors de ses graduations de karaté.
Je t’aime.
Père de nos enfants.
Mon marin d’eau douce.
Mon Amour.
Mon Amant.
Mon Homme.
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