en recherche d'exotisme

En recherche d’exotisme

** AVERTISSEMENT **

J’écris cet article sur des enjeux trans en étant une femme cisgenre avec le privilège d’être blanche et universitaire, mais je tiens à mentionner que je ne désire pas utiliser ma voix pour parler au-dessus de ces personnes, sauf que leurs réalités sont au coeur de ma motivation et que je fais cet article, car je crois important de dénoncer ce qui va suivre. Par souci de sensibilité, je neutraliserai la langue. Certes, mes capacités sont limitées quant à pouvoir couvrir l’entièreté de la situation, mais j’ai consulté certaines personnes (leur identité ne sera pas dévoilée afin que ces personnes puissent garder l’anonymat) de la communauté visée pour tenter de résumer le tout au mieux. Il faut être conscient.e que certains propos ou idées peuvent être particulièrement chargés par une connotation très violente et, ainsi, être difficiles à lire, surtout si ce sont des réalités que tu vies. N’hésite pas, d’ailleurs, à communiquer avec qui tu peux parler de ces difficultés; tu peux entre autres communiquer avec le Centre de lutte contre l’oppressions des genres soit en les appelant: 514-848-2424  #7880 ou en leur écrivant: info@genderadvocacy.org. Voilà, on peut maintenant commencer.

Être attiré.e par une personne trans n’est pas un fétiche, iels* sont des personnes à part entière. Être attiré.e par une personne trans ne transforme pas ton orientation sexuelle ; une femme trans est une femme, l’inverse est aussi vrai.  

Le fétiche naît lorsqu’on le décrit comme tel. Le mot «fétiche», dans ce contexte, contient son lot de négativité, puisqu’utilisé pour décrire une situation inhabituelle et problématique: on ne décrit pas une préférence envers le «sexe» masculin par un fétiche pourtant. Ce qui est problématique, c’est d’utiliser ces personnes en ne les voyant que comme un «outil», pas un être, pas une personnalité, mais bien leur corps comme «outil» pour réaliser un fantasme ou comme une expérience unique. UNE EXPÉRIENCE UNIQUE! Il n’y a donc pas de possibilité de poursuivre, de voir où ça mène: il n’est pas question de date, ça ne se termine que lorsque le «besoin» est «comblé». Les hunters ne sont attirés que par cet exotisme, cet interdit, une fascination due à une certaine incompréhension de l’identité trans qui peut même représenter un idéal conjoint des «2 sexes», un être ultime. Les corps trans n’ont qu’un intérêt sexuel qui est dénué de leur identité personnelle. Toutefois, les personnes qui «consomment» (et j’utilise le terme consommer, puisqu’il n’y a que le corps qui est considéré) ce «fétiche» trans, n’assument pas cet intérêt, ce désir:  il y a une gêne, il s’agit de quelque chose de secret… On n’en parle pas! Transphobie.   

Cette fétichisation elle-même est, entre autres, alimentée par la pornographie, sa catégorisation et sa consommation. Lorsque l’on s’attarde à ces catégories, une en particulier, il est possible de remarquer cette insensibilité à travers même du choix de mot utilisé: «shemale», terme d’ailleurs utilisé de façon péjorative au sein même de la communauté pour désigner une «slut» (une pute ou putain). Décortique le mot. She = elle, male= homme : elle homme, invalidant ainsi les femmes trans qui n’ont pas les parties génitales correspondantes. Transphobie. Autant par les pairs que par la société.

Les figures trans qui sont représentées dans les médias sexuels sont majoritairement ceuzent qui «passent», donc qui s’accrochent aux images stéréotypées et idéalisées des genres, des images cisnormatives. Ainsi, cette représentativité limitée fait en sorte qu’il y a un sentiment qu’il est nécessaire de correspondre.

La prévalence du passé quant par rapport au présent, favorise ce qui est «mort» pour définir la personne. Ainsi, l’accent est davantage mis sur l’identité attribuée à la naissance que ce dont la personne s’identifie.

Les personnes trans ne sont pas des OBJETS à consommer; ces personnes sont VALIDES et n’ont rien à voir avec ta bucket list sexuelle.

Tu peux trouver, en suivant ce lien, OK Lucid! une création faite par une artiste trans, Ianna Book, qui a mis en numérique les réactions des personnes sur différents sites de rencontre quant à l’annonce de sa transsexualité*** qui est criante de cette «fétichisation» dénoncée. Il était possible d’aller voir cette installation à l’exposition Témoigner pour Agir à la Maison de la culture Frontenac.

ariane reviseure

*     Contraction des pronoms “ils” et “elles”, lire “iels”. Genre neutre.

** «Passer» signifie de correspondre aux attentes de «genre». Dans le sens où la personne est lue et reconnue comme cisgenre.  

*** Transexualité n’a pas de lien avec le sexe biologique, mais bien avec les interactions entre la sexualité et l’identité trans.

 

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