J’ai un peu honte de l’avouer, mais ma paresse intellectuelle est sûrement l’un de mes plus grands complexes. Encore aujourd’hui, je suis un peu gênée par le fait de ne pas avoir fait de grandes études. En plus de mon diplôme d’études secondaires, j’ai deux attestations d’études collégiales, mais pas de DEC, encore moins de BAC. J’ai appris de manière autodidacte ce que j’avais envie et besoin de savoir, sans jamais chercher à aller plus loin.
Je suis paresseuse intellectuellement.
Je m’interroge peu sur le sens des choses, même si j’analyse beaucoup certaines autres. Me contentant souvent d’accepter ce qui arrive sans vraiment chercher à comprendre le pourquoi du comment.
Oh, je suis persévérante par contre. Quand je veux quelque chose je m’arrange pour l’obtenir, la plupart du temps. Je peux avoir beaucoup de volonté quand il faut. J’aime performer et me dépasser, mais surtout dans des domaines que je maîtrise.
J’ai malheureusement rarement la motivation de m’interroger sur plusieurs sujets.
Les inégalités sociales, la crise climatique, la politique, l’identité de genres, les théories farfelues ou non. Je préfère regarder une bonne téléréalité complètement futile qu’un documentaire sur les animaux en voie de disparition ou sur les catastrophes qui nous guettent. J’aime mieux lire un bon chicklit que de lire à propos de la grossophobie ou des causes sociales que l’on doit défendre.
C’est plus facile pour moi de voir la vie avec mes lunettes roses, tout en restant réaliste, que de monter aux barricades pour chialer contre le capitalisme. Je n’ai pas envie de me lever chaque matin en ayant peur de l’avenir, de ce qui pourrait arriver ou des catastrophes éminentes qui pourraient se poursuivre si on continue dans cette voix.
Ma paresse intellectuelle se manifeste aussi dans le fait que je n’ai pas envie de retourner à l’école, même si 1001 choses pourraient m’être utiles. Même si certains cours pourraient me passionner. Je préfère passer une heure à regarder des stories Instagram de parfaits inconnus qu’à ouvrir des cartables pour étudier les grandes théories de ce monde.
Je m’intéresse à l’art, aux voyages, aux autres cultures, à la mode, aux livres, à la gastronomie. J’aime lire des magazines à potins, retaper un meuble, faire des trouvailles en friperies, trouver des moyens d’économiser. J’aime prendre soin des gens que j’aime. Penser à la petite attention qui fera plaisir. J’aime aider, écouter, divertir, faire rire.
Mais je me trouve paresseuse quand même.
J’aimerais dont avoir la volonté, l’énergie, la motivation de prendre la parole. De me mettre en danger, de m’ouvrir plus à ce qui me rejoint peu ou pas du tout. J’aimerais quitter ma droite pour visiter un peu plus ma gauche. Parce que oui, je me trouve assez conformiste et peu militante. Je ne suis pas influençable, mais si tout le monde saute en bas d’un pont et que je suis la seule à hésiter, il y a de bonnes chances que je finisse par rejoindre les autres à mon tour. Même si je suis pas mal certaine que ce n’est pas la chose à faire.
À l’âge que j’ai, ma paresse intellectuelle n’ira certainement pas en s’améliorant. Quoique peut-être un jour, lorsque j’aurai cessé de courir après le temps et lorsque je n’aurai plus rien à prouver, je pourrai m’y mettre. Lorsque j’aurai cessé de vouloir tout accomplir pour atteindre un idéal dont j’ignore encore totalement l’identité, là je pourrai prendre le temps de m’interroger sur ce qu’on fait sur Terre.
Mais en attendant, je suis trop paresseuse. Pis ça me déçoit.