Dans tes yeux, je vois le désir de te battre. Je vois la bataille que tu as menée pour survivre dès les premiers instants de ta vie, mais aussi toutes celles que j’ai l’intention de porter sur mes épaules pour te protéger et pour repousser tous ceux qui croiseront ta route avec l’intention de te blesser. Je vois de la force, de la rédemption. Quand j’apercevrai la tristesse, je serai là aussi. Parce que pour être fort, il faut aussi admettre qu’on peut être faible et j’ai bien l’intention de t’enseigner ceci.
Dans tes grands yeux bleus, je vois la maison. Chez nous. Cet espace qui sent le sapin et le fleuve que j’ai l’intention de te faire découvrir comme si c’était la première fois que le voyais. À travers tes yeux, la plage, la forêt, la famille.
Dans tes yeux, je vois de l’amour. Celui que je te porte, celui qui nous unit ton père et moi. Celui dont on sera témoin quand mamy, papy ou mononcle viendront te chercher pour t’apporter faire dodo ailleurs. Je peux même sentir celui que tu ressens pour moi quand je te glisse dans le creux de mon épaule pour calmer une peine et que tu soupires de contentement, comme si le contact de ma peau était le remède à tous tes bobos. Quand tu attrapes mes joues avec tes petites mains collantes pour planquer un bisou sur mon visage avec ta petite bouche ouverte et dégoulinante. Dans ces moments, je t’entends presque déjà dire « Je t’aime ».
Dans tes yeux, je vois des premières fois. Les premiers pas, les premiers mots, les premières chutes. Ces moments que je croyais si loin et qui approchent mine de rien. Les premiers choux-fleurs, les premières grimaces, le premier jour d’école. J’arrête, ça fait trop peur. On traversera le pont quand on sera rendu à la rivière.
Et dans tes yeux, je vois des naufrages. Des choses qui s’écroulent. Je vois mon réflexe de voir la mort comme une porte de sortie potentielle dans les moments difficiles disparaitre. Je ne peux pas partir, tu es là. Je vois les paresses et les dépressions saisonnières perdent de leur ampleur; je ne peux pas rester couchée, tu es là. Par ta seule existence, les levées de corps difficiles sont accompagnées d’une motivation à toute épreuve. Par la seule pensée de ton sourire heureux de me voir, rien ne peut m’abattre au point de m’empêcher d’être debout et fonctionnelle.
Dans tes yeux, je me vois. Je suis tournée vers moi-même et j’observe mes agissements et mes mots. Je m’observe et je prends conscience de la portée de mes gestes et je réalise que ce que tes petites billes voient forgeront la personne et l’homme que tu seras plus tard. Je réalise toutes les fois où j’ai intimidé sans le vouloir, où mes paroles ont dépassé ma pensée et je change. Je deviens une meilleure personne, un meilleur exemple.
Pour toi.
Dans tes yeux, je vois tout.
2 Comments
Diane Soucy
Quel texte touchant! Bravo chère Marie-Michelle!
Il faut savoir aimer pour voir l’âme au fond des yeux de l’autre.
Maman
Super texte super introspection tu es une super maman je t aime