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La vie a repris son cours. La routine aussi.
Le retour au travail progresse lentement puisque j’ai enfin fait ma première journée complète après plus d’un mois à faire que des demi-journées.
La cheville continue de se rétablir, mais le dos décline de plus en plus.
J’ai pas de break.
Il y a toujours quelque chose qui me fait mal ou me rend inconfortable.
Lorsque je me lève chaque matin, mon corps met près d’une demi-heure à se réchauffer. Je me plais à dire qu’un voleur aurait facilement le dessus sur moi en cas d’invasion à domicile matinale parce que je serais incapable de me sauver.
Le soir aussi, je n’arriverais pas à me sauver, même si mes muscles sont plus réchauffés.
Parce que je ne suis toujours pas capable de courir.
On a réduit mes séances de physiothérapie et d’ergothérapie à une fois par semaine au lieu de trois. On considère que j’ai retrouvé 80 % de ma force et que le retour au travail et à mes activités quotidiennes se chargera de terminer ma réhabilitation. Chaque fois que la responsable de mon dossier à la CNESST m’appelle pour faire un suivi, j’ai l’impression de répéter les mêmes choses telle une cassette qu’on met sur Repeat.
Je suis dans un creux de vague.
J’ai mal au dos, ma cheville refuse de me donner davantage de soutien et je suis toujours découragée par l’ampleur des dégâts de cette cr**** de chute.
Je dis des gros mots.
Je regarde mon corps se transformer par l’inactivité et j’ai l’impression de ne pas pouvoir prendre le dessus. Je m’exaspère moi-même par mon manque de motivation à vouloir améliorer ma condition physique. Ce n’est pourtant pas compliqué d’aller marcher ou de prendre mon vélo, pourquoi je me cherche des excuses?
J’ai même cessé d’aller à la piscine alors que cet hiver, j’y voyais une excellente méthode pour m’entraîner en douceur.
Au travail, j’ai aussi du mal à prendre le dessus. Les longues absences laissent des traces. On a l’impression d’être en constant décalage par rapport aux autres. Même mon système immunitaire a subi un shutdown dès que je me suis retrouvée en présence de microbes. J’ai attrapé une gastro qui m’a forcée à manquer une demi-journée de travail.
T’sais quand ce n’est pas ton année? J’ai beau me répéter que je n’ai pas le cancer ni une maladie incurable, c’est rough de vivre des problèmes de santé quand t’as toujours été quelqu’un d’actif et à l’abri des accidents.
Quand on me demande si je crois être capable de revenir à 100 %, j’exprime les doutes qui m’habitent depuis le début.
Comment je peux espérer revenir comme avant alors que ma cheville n’est plus la même avec ses plaques et ses 10 vis? Que je n’arrive toujours pas à courir ou à sauter parce que je n’ai plus de propulsion. Pour une ancienne danseuse qui arrivait à faire des pas chassés et des entrechats, ce n’est vraiment pas une sensation agréable de ne plus être capable de se tenir sur la pointe des pieds sans avoir à se raccrocher à quelque chose. J’ai beau ne plus fréquenter les classes de ballet, c’est tout de même difficile à accepter.
Heureusement qu’il y a quand même du positif qui s’est présenté à moi après cette mésaventure. J’ai vécu de beaux moments avec les vraies personnes qui sont importantes pour moi, j’ai élargi mes connaissances dans plusieurs domaines.
J’aurais tort de dire que toute cette histoire ne m’a apporté que du négatif.
J’ai quand même toujours adhéré à l’adage qui dit que rien n’arrive pour rien.
Mais pour cette chronique, j’avoue que le négatif a de l’avance sur le positif. Je m’en excuse. Une hyperactive, ça vit tout intensément. Le bon comme le mauvais.
Pas toujours dans le bon ordre…
À suivre…