Voilà que l’autre jour, je me questionnais sur le féminisme. Du moins, sur le mien, ma façon de l’exprimer, d’analyser les enjeux. En résumé, sur mes lunettes féministes qui ne sont plus que des lunettes, parce que je dois dire que ça fait partie de ma personne en entier. T’sais moi et le féminisme, on forme clairement un tout maintenant, maintenant que je le comprends et surtout que je l’assume ! (Ça, c’est une joie de vieillir, on s’assume davantage, en tout cas pour nos idéaux at least)
Bref, je me questionnais à savoir où je me situais sur l’échelle de la radicalité du féminisme. Puis, je me demandais si c’était moi qui ne vivais pas assez de colère, d’envie de révolte. J’en ai donc discuté avec ma mère, une grande sage dans l’âme, j’vous le dis ! (J’aimerais faire une parenthèse sur le fait que Word me met une faute à « une grande sage » en me disant que ce devrait être au masculin. Tu vois, même ça, c’est sexiste ! On va se dire les vraies affaires, une femme peut totalement être définie comme une grande sage.)
Mais bon, poursuivons, et voilà donc ce qu’elle m’a répondu : « Tu sais Marie, d’abord celles que tu trouves radicales dans leurs façons de revendiquer ont vécu une époque différente de la tienne. » À quoi j’ai répondu que j’étais d’accord, mais qu’aujourd’hui, en 2019, notre message ne passerait-il pas mieux d’une façon plus douce, moins intense et surtout moins menaçante ? Alors, elle m’a dit, et c’est là que j’ai compris (je vous l’ai dit une vraie grande sage ma mère) : « Justement ! Quand il est question des droits des femmes, c’est toujours plus long, plus lent. Ou on n’aime mieux juste pas en parler. Ça prend des mouvements “coup de poing” pour les réveiller et voir des changements plus vites. » J’ai compris qu’au final j’ai juste peur d’être en colère puis qu’on m’appose une étiquette de féministe frustrée, mais que cette maudite colère est légitime et même nécessaire.
Puis, sincèrement, en voyant toute l’actualité ces derniers temps, les événements de violence, les remises en question de certains droits et la poussée de « petits Trump » un peu partout dans le monde (une vraie épidémie), je suis d’autant plus d’accord avec elle. Je dirais même que, bien que les féministes avant moi aient vécu une époque différente de la mienne, je t’avouerais que, ces temps-ci, on peut facilement s’inquiéter à propos des progrès qu’on a atteints. Je ne dis pas acquis, parce que, justement, on peut voir autour de nous et même chez nous, où la question du droit à l’avortement est remise sur la table, qu’il n’y a rien d’acquis. On peut même dire que c’est assez fragile.
Je l’ai déjà dit dans un autre texte Féminisme 101, mais je le répète, les femmes peuvent bien être en colère !