Se choisir vraiment

Se choisir vraiment (ou comment être enfin sur son «X»)

Comment on fait ça dont, se choisir? De décider qu’enfin, on ne soit plus la dernière sur notre liste des priorités? Comment on retrouve cette flamme de vie? Cette passion qui brûle et qui nous anime? Je fais quoi moi pour me rappeler qui je suis vraiment, au fond de moi? Parce que même si je vis bien tous les jours, j’ai parfois l’impression de m’être perdue en chemin. C’est dur de l’admettre. Après tout, j’ai deux merveilleux enfants qui me comblent, un amoureux en or depuis près de 18 ans, j’ai un travail agréable, j’ai maintenant une vie plus douce depuis que nous habitons dans une autre région, mais pourtant… je n’arrive toujours pas à mettre le doigt sur qui je suis vraiment. Je suis la mère de… la fille de… la femme de… l’employée de… Oui, je suis bien tout ça! J’aime toutes ses parties de moi. Mais il y a quelque chose de plus, une pièce manquante à mon casse-tête.

J’ai beau avoir essayé le yoga, la méditation, la psychothérapie, les marches en forêt, les cercles de femmes, tenir un journal, voir plus d’amis, passer du temps seule, je n’arrive toujours pas à identifier ce qui me manque. Enfin, je sais qu’il me manque une passion. Quelque chose qui me fasse vibrer. En dehors de ma vie familiale, de ma relation amoureuse, de mon travail ou mes amies. Quelque chose qui n’appartienne qu’à moi, comme un trésor.

Plus jeune, c’était les arts plastiques. J’allais en option «Concentration Arts» au secondaire. Ça me nourrissait l’âme et occupait mes mains. Avec les études et la «vie d’adulte», j’ai fini par oublier de prendre le temps. J’ai perdu l’habitude. En devenant mère, j’ai redécouvert ce besoin de gribouiller. Je dessine des mandalas à main levée. J’adore ça! Mais même si ça me procure un grand bonheur, je sens que ce n’est pas le morceau manquant.

Dans ma vie de jeune adulte, avec une amie, on a créé une compagnie de bijoux. On se voyait que pour créer, on placotait, on riait et on ressortait de nos soirées avec plein de colliers. Que l’on finissait par vendre. Mais nos vies chargées, l’entreprise qui était surtout une belle excuse pour être ensemble, s’est dissoute. Il existe bien encore une page FB où on y trouve nos produits, mais on n’y a rien ajouté de nouveau depuis des années. Bien que je n’arrive pas à me départir de mon matériel, je n’ai plus cet élan créatif. Pas pour des colliers et des boucles d’oreilles en tout cas.

L’an dernier, je suis partie sur un trip philosophie. Je voulais m’inscrire à l’université pour devenir prof de philo au collégial. Pas nécessairement pour parler des philosophes classiques comme Platon ou Descartes. Mais plutôt pour aider à former des esprits critiques, des personnes capables de réfléchir sur notre société, pour aussi réfléchir à la place des enfants, penser la bienveillance, l’empathie, ce qui fait de nous de bonnes personnes… Et le temps a passé, ce rêve qui est toujours là en arrière-plan dans ma tête, mais plus comme une passion. Plutôt comme un intérêt certain.

J’ai eu aussi une phase couture. J’avais des élans de création, je me disais que j’allais inventer des vêtements pour mes enfants et peut-être plus encore. Ma machine à coudre étant brisée, j’ai magasiné pour en avoir une autre, neuve ou usagée. Je ne suis jamais arrivée à mettre le budget pour en acheter une. Tout devenait plus important ou plus pressant que l’achat d’une machine à coudre. J’imagine que si c’était vraiment une passion, je me serais arrangée pour en avoir une, non?

Finalement, il y a l’écriture. Depuis toute jeune, je tiens un journal. Je dois avouer qu’une fois adulte, cette habitude a fini par disparaître. Mais j’ai toujours un cahier avec moi, où je peux écrire. Je peux y écrire de la poésie, des petites pensées, mes textes pour le blogue, ou juste pour me défouler. Ce cahier est parsemé de titres de chansons que je veux me souvenir, parfois il y aussi des rendez-vous, des notes pour la prochaine épicerie… Mais le gros de l’existence de ces cahiers, c’est pour toujours avoir à portée de main, une feuille où je peux laisser aller mon imagination.

L’écriture me fait un immense bien. Je ne sais pas si c’est le morceau du casse-tête qui me manque, mais je sens que c’est une partie de la réponse. Un recueil de poésie? Un roman? Un livre pour enfants? Qui sait?

J’espère seulement avoir le «guts» d’aller au bout de cet élan, question de ne pas perdre le momentum. J’aimerais vraiment voir si cette intuition est la bonne, celle qui me fera sentir là où je devrais être, sereine et complète.

Catherine Duguay

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