Depuis le 13 mars dernier, le Québec est en confinement. Oui. Chacun chez soi pour sauver des vies. Des indications très claires de notre gouvernement. Ce n’est pas le temps de niaiser ni d’être récalcitrant. Je fais du télétravail, donc je suis à la maison chaque jour, seule, avec mon chat, mon café et un pyjama différent ou parfois le même durant plusieurs jours. J’ai toujours dit que j’aime la solitude, rester seule dans mon appartement. Mais là, c’est différent.
Les jours passent et sont pareils. Toujours pareils. Je me réveille, sans alarme, toujours vers 9 h ou presque. Je vais à la salle de bain, prends mes médicaments, fais mon pipi du matin, me lave les mains, nourris mon chat et prépare mon café et mon déjeuner. Je regarde mes pots de légumes et d’épices pour voir s’ils ont poussé depuis la veille. Je m’installe dans le salon, je ne m’habille même pas. Souvent, je suis en bobettes. Je déjeune, bois mon café en écoutant « Salut Bonjour ». Vers 9 h 30, j’ouvre mon ordinateur et je commence à travailler, assise à mon petit bureau, la télévision ouverte, soit à RDI ou j’écoute une série télé.
Mon bureau est face à ma grande fenêtre du salon. Je regarde souvent dehors. Je ne parle à personne, j’ai toujours un moton dans la gorge à force de ne jamais parler à personne, sauf à mon chat.
Ça fait bientôt deux mois que je suis seule chaque jour. Deux mois où je n’ai aucun contact humain. Je parle à mes amis.es et ma famille presque chaque jour, au téléphone ou en FaceTime. Des dix minutes ou quelques fois presque une heure. J’apprécie ces moments, mais c’est tellement différent.
Vivre et être seule en cette période de pandémie, c’est crissement lourd sur le moral, pour le mental. J’ai beau recevoir des textos, des appels, des appels vidéo, je suis entourée de gens qui ne vivent pas seuls. Qui ont tous des choses à faire, en couple, en famille, avec leurs enfants. Qui ont encore une routine et qui souvent sont même « pressés ». Je suis jalouse des contacts humains qu’ils ont. Pouvoir s’embrasser, se coller, se faire des câlins. Je les envie tous et j’assume.
Je sais que je ne suis pas la seule à vivre seule et à trouver ça difficile. Se lever chaque matin en réalisant que c’est une journée de plus à être seule entre quatre murs. Une autre journée à scroller les réseaux sociaux et envier les personnes en couple, en colocation, en famille et se sentir un peu comme de la marde. Ouin, des fois c’est crissement déprimant, il y a des journées beaucoup plus difficiles que d’autres. Des journées où t’as juste le goût de parler avec quelqu’un, mais que tu n’oses pas, par peur de déranger, parce que t’sé, la vie continue et celle de tes ami.es et de ta famille aussi. Ils doivent faire le souper, occuper les enfants, faire les courses, réparer telle chose, etc. Pis moi, j’ai une crotte sur le cœur, mais je ne veux pas déranger le quotidien des autres. Je m’occupe comme je peux et ça finit par passer.
Vivre seule au temps du covid-19, c’est une grosse gang de personnes comme moi qui trouve ça rushant de n’avoir personne près d’eux et de trouver chaque jour qui passent un peu trop pareil que la veille. À toutes les personnes qui feelent un peu comme moi, je vous dis que vous n’êtes pas seules. Pis chaque statut Facebook que je vois passé sur les personnes vivant seules me donne le courage de terminer ma journée sans trop pleurer dans mon coin.
Oui. Les journées passent, mais restent pareilles. Je suis seule chez moi et je fais ce qu’il faut pour ma santé mentale, malgré le fait que je rêve d’une seule chose : un câlin réel et non virtuel.