365 jours

365 jours, le film ou comment érotiser le viol

* Avertissement! Ce texte contient du langage et des images pouvant choquer. *

365 jours; LE film à la mode sur Netflix dernièrement. Un ajout complètement aberrant, selon moi! Si vous l’avez déjà visionné, j’ose espérer que vous l’avez fait avec un regard critique autant que possible, puisque c’est avec des films comme celui-ci que les violences sexuelles sont banalisées. Puis, si vous aviez l’intention de le visionner, bien qu’à mon avis vous ne manquiez pas grand-chose, je m’excuse à l’avance si je vous donne trop de détails. Pour vous mettre en contexte, c’est l’histoire de Massimo, un membre de la mafia prêt à tout pour avoir Laura, une femme qu’il a pu voir une unique fois dans ses jumelles. Tellement prêt à tout que lorsqu’il la revoit, il la kidnappe et lui donne 365 jours pour qu’elle tombe en amour avec lui, sans quoi il la libèrera. Il s’agit d’un film à petit budget ressemblant beaucoup plus à de la pornographie qu’à un film qui devrait se retrouver sur Netflix et accessible à quiconque qui n’a pas de contrôle parental sur son application. En plus d’être un film de mauvaise qualité tant sur l’histoire que le jeu et la réalisation, il y a plusieurs aspects qui m’ont profondément dérangée…

Premièrement, contrairement à moi, Netflix ne fait pas d’avertissement avant de visionner le film. Tout ce qu’on arrive à savoir c’est qu’il est classé « TV-MA », qu’il contient des scènes de sexualité, nudité, violence sexuelle, langage vulgaire et tabac, puis qu’il peut ne pas convenir à un public de 17 ans et moins. Mais ça, faut le lire! Parce que Netflix ne prendra pas la peine de vous le dire au début du film comme on pourrait le lire et/ou l’entendre dans tout autre film qu’on regarderait à la télévision ou sur un lecteur DVD.  Ceci dit, si vous n’avez appliqué aucune forme de contrôle parental pour cette application, n’importe qui peut en faire le visionnement.

Deuxièmement, je me suis forcée à le regarder au complet pour écrire cet article, mais j’en avais déjà assez après les 13 premières minutes et une violente fellation dans l’avion privé. Déjà là, on visionne une scène digne de la pornographie où l’hôtesse personnelle de Massimo lui fait une fellation, après qu’il ait utilisé son pouvoir et son autorité sur elle. La seule différence entre un film pour adulte et celui-ci est qu’on ne voit pas les parties génitales des personnages. Tout au long du film on fait face à plusieurs scènes sexuelles où le plaisir masculin est présent au détriment de celui de la femme. On peut d’ailleurs le constater dans l’image suivante où on peut facilement lire la peur dans le visage de Laura qui a été attachée sans son consentement et s’est même débattue. Il s’agit donc d’une agression sexuelle carrément, puisqu’en l’absence de consentement, c’est ce que c’est!

Troisièmement, le film encourage la culture du viol à plusieurs niveaux, pas seulement en érotisant le viol. Il véhicule l’idéologie qu’une femme finira par changer d’idée ou que lorsqu’elle dit non, elle veut dire oui. Il y a aussi toutes les notions de pouvoir, d’intimidation et d’objectification de la femme. Le film banalise complètement le consentement! On peut y entendre des phrases comme : « Tu seras à moi, je peux te le garantir. Et je pourrai faire tout ce que je voudrai, à chaque fois que je le voudrai, avec toi. » Un message qui laisse place à l’image de la dominance de l’homme sur une femme en position de soumission et qui devra obéir. Un message aussi qui laisse croire qu’une femme ne peut être libre, qu’elle est une possession, au même titre qu’un objet. Dans les débuts du film, on peut voir Laura en détresse tenter de s’échapper et faire face à des policiers corrompus qui ne l’aideront pas. Il y a aussi une scène où un homme tente de l’agresser et le lendemain Massimo la responsabilise de par comment elle était habillée. On y véhicule donc de la violence sexuelle, ainsi que les mythes et préjugés qui y sont associés. Puis, alors que Laura manifeste clairement son absence de consentement, on associe plutôt cela à un mauvais caractère. Cela renvoie à l’idée qu’une « bonne » femme devrait toujours écouter, dire oui, se laisser faire et que son consentement n’est pas important. C’est d’ailleurs ce qu’on peut voir dans l’image qui suit où elle se débat pour ne pas aller dans l’avion.

365 jours

Enfin, on va se dire les vraies affaires… Si Massimo n’était pas aussi beau, musclé et riche, l’histoire deviendrait soudainement beaucoup moins appréciée du public! Ce film pourrait sans aucun doute devenir un film d’horreur, si on ne laissait pas paraître le personnage principal comme un homme séduisant, avec beaucoup de pouvoir et les moyens de vous offrir tout ce qu’il y a de plus beau. Si on ne gardait que l’histoire de kidnapping et de violence, ce serait considéré comme étant beaucoup moins érotique.

Bref, à mon grand désespoir, c’est inconcevable qu’on encourage des films comme 365 jours, alors que des mouvements sociaux pour dénoncer les violences faites aux femmes se forment partout dans le monde. En faire le visionnement, tout comme la pornographie non féministe, ça intériorise des faux messages et normalise la culture du viol. Si on veut changer enfin nos mentalités, il faudra d’abord arrêter de créer des films comme celui-ci.

Crédits photos : Captures d’écran personnelles

Marie-Pier Quessy
Sophia Bédard

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