Dernièrement, Internet m’a flashé une pub d’un mannequin avec un crop top. La mode de ces chandails a fait un retour en force dans les dernières années et chaque fois que je vois une publicité avec ce vêtement, c’est plus fort que moi, j’admire leur ventre parfait. Parfait dans le sens de lisse, pas mince. Avec le temps, j’apprends à apprivoiser les courbes de mon ventre; c’est davantage les marques laissées par la maternité que j’ai de la difficulté à assumer. En zieutant l’annonce, mon regard bifurque sur mon ventre et je sais que je ne prévois pas porter un chandail bédaine de sitôt. Le même sentiment m’habite lorsque je vois un bikini. Je sais que ces morceaux de vêtement ne sont pas pour moi. Je me sens davantage à l’aise et moi-même dans un tankini ou dans un maillot avec une culotte taille haute.
Il m’arrive parfois de penser que j’aurais dont dû être plus douce envers mon corps d’adolescence et de jeune adulte. Que j’aurais dû assumer davantage ma petite peau de ventre qui avait envie de prendre l’air. Que je ne l’ai pas aimé autant qu’il aurait dû être aimé. Je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécu des moments amour-haine avec son corps et pourtant le temps me dicte qu’on devrait être doux envers soi-même, et ce, à tout âge de notre vie. Qu’on devrait apprivoiser chaque partie de notre corps. Apprendre à s’aimer sous tous ses angles ou simplement faire preuve de clémence envers ce corps qui nous tient en vie.
Je l’avoue, il m’arrive parfois de prendre le temps de m’arrêter pour m’analyser dans le miroir lorsque je m’habille. J’y vois ce ventre qui a accueilli 4 petites vies. Ce ventre d’une maman de deux enfants qui a été marqué plus souvent qu’à son tour pour mener à terme ce désir de famille qu’elle chérissait depuis si longtemps. D’ailleurs depuis quelques jours, mon garçon a pris comme habitude de se coucher sur mon ventre dénudé. Il s’approche lentement de moi, soulève mon chandail et vient coller sa petite joue chaude sur ma peau vergetée. Tout en lui flattant le dos, je lui rappelle toujours que c’était là sa première maison. Avec sa sœur qui est toujours proche, je leur montre les traces qu’ils ont laissées sur mon corps.
Lentement je les laisse tracer du bout des doigts les rayures qui tapissent mon ventre.
Celui qui m’a fait maman.
Alors que ma grande trace ceux sous mon nombril, je raconte à mon garçon qu’il devait être déçu que sa grande sœur avait déjà pris autant de place sur mon corps alors pour ne pas rester en reste, il a décidé d’upgrader le niveau de vergeture en continuant celles-ci au-dessus de mon nombril. C’est alors que mon petit garçon de presque 3 ans embrasse mon ventre et me dit « très beau maman».
C’est à ce moment que le déclic se fait. Je sais qu’il ne me reste qu’une chose à faire. Apprendre à m’aimer pour de vrai et en entier. Accepter chaque coin et recoin de mon corps. Je veux que mes enfants s’aiment en entier, je veux leur servir l’exemple, mais surtout, je sais que je me dois bien ça après 32 ans.