En mai, j’aurai 40 ans.
Ce serait mentir de dire que ça me fait plaisir et que je vois la vieillesse comme un privilège. Dans ma tête, j’ai encore 19 ans et je n’en démords pas.
Mais ce n’est de ma peur de vieillir dont j’ai envie de te parler aujourd’hui.
C’est de ma réalité de non-fêtée.
J’ai toujours été celle qui donne plus qu’elle ne reçoit. J’aime faire des cadeaux, préparer des surprises, trouver les petites attentions qui feront plaisir. J’adore penser aux petits mots personnalisés, établir des concepts originaux pour souligner des événements.
Je n’ai pas du tout l’âme d’une organisatrice, mais je suis une excellente exécutante pour mener à terme des projets de fêtes.
Étant celle qui n’oublie jamais un anniversaire, je tente de toujours choisir des présents personnalisés qui correspondent aux goûts de chacun. Je veille aux détails. C’est moi celle qui a organisé des fêtes mémorables à son fils, celle qui a offert 30 présents à sa meilleure amie le jour de ses 30 ans. Je suis également celle qui a décidé d’offrir à son chum un voyage dans le Sud pour souligner nos 10 ans de vie de couple en même temps que ses 40 printemps.
J’aime donner, tout simplement. Laisser un souvenir impérissable à ceux que j’aime.
C’est toujours un plaisir que je me fais à moi-même de gâter ceux qui m’entourent en soulignant les moments importants de leur vie.
Ce qui fait que je ne suis pas celle qu’on fête.
Je ne suis pas celle qui se fait organiser des surprises. J’ai dans ma vie des personnes extraordinaires, mais qui n’appartiennent pas à la même catégorie que moi.
Celle qu’on ne pense pas à fêter.
Il faut dire que ma fête tombe souvent en même temps que la fête des Mères, ce qui est peu pratique si je veux organiser quelque chose le week-end où celle-ci se déroule.
J’ai beau me dire que ça me fait une double fête, puisque j’ai le bonheur de connaître les joies de la maternité, mais j’imagine que ça ressemble un peu à ce que vivent ceux qui célèbrent leur anniversaire pendant toute autre journée fériée.
Ça passe un peu dans le beurre.
J’ai bien eu un party-surprise une fois dans ma vie, l’année de mes 14 ans. Mes deux meilleures amies de l’époque avaient tout manigancé dans mon dos avec ma mère, et je ne me suis doutée d’absolument rien. Et j’ai des anciennes collègues de travail qui ont souligné en grand mes 30 ans, en décorant mon espace de travail, mais rien pour me faire verser des larmes de joie et de surprise.
Mon amoureux est extraordinaire et possède plein de belles qualités, mais pas celle d’organiser des fêtes. Sa nature plutôt sauvage fait de lui quelqu’un qui n’aime pas être sous les projecteurs, solliciter des gens et être entouré d’inconnus. Ce n’est donc pas lui qui va organiser un gigantesque party avec tous ceux que j’aime. Ni celui qui va penser à me planifier un rallye de surprises à découvrir. Ça ne fait tout simplement pas partie de sa personnalité et ça lui fait faire de l’anxiété.Et je ne le blâme pas, même si, je l’avoue, j’aurais parfois aimé qu’il soit comme les héros romantiques de mes films préférés. Mais la force de son amour se manifeste autrement, pis c’est ben correct aussi. On ne mesure pas nécessairement l’amour à coup de cadeaux et d’attentions. Je sais qu’il voudrait m’offrir la lune mais qu’il ne sait juste pas comment.
J’ai une famille et des amies que je vois à l’occasion, mais qui n’ont jamais vraiment pris le temps de m’organiser quelque chose en bonne et due forme. Et c’est correct, je n’en veux à personne. Il faut dire que je passe le plus clair de mon temps à répéter que je ne veux rien, c’est donc difficile pour eux de voir au-delà de mes désirs. Mais je répète que c’est correct. J’ai ravalé des déceptions plus importantes… celle-ci n’est pas la plus dramatique.
Ça reste une journée comme les autres. Un anniversaire n’a d’importance que celle qu’on veut bien lui accorder. Il faut dire que j’ai souvent été témoin de plusieurs surprises organisées pour ceux que j’aime. Parfois, j’étais derrière celles-ci, parfois non. Mais j’ai pu constater l’ampleur de la chose, et j’ai parfois ressenti de l’envie. De l’envie de ne pas être celle qui reçoit autant d’amour et d’attention.
Ok bon, j’ai peut-être déjà versé quelques larmes de déception, mais promis juré que je suis en paix avec tout ça.
Quelques messages, quelques cadeaux bien choisis, des câlins…je passe toujours de belles journées d’anniversaires. Et ce, même s’il n’y a pas de feux d’artifice pour mettre en lumière le jour de ma naissance.
Je me sais bien entourée toute l’année.
Et ça, c’est le plus important.