jongleuse

La jongleuse

Je ne suis ni une artiste de la scène ni une jongleuse professionnelle.

Mais chaque jour de ma vie, je jongle.

Quand j’étais plus jeune, c’était entre les études et le travail. C’était à une époque qui me semble si lointaine aujourd’hui… Je débutais, et le rythme me convenait.

Il y a eu la jonglerie du couple aussi, mais celle-là, je la chérissais plus que tout, plus que moi, je la gardais constamment dans mon jeu, c’était ma préférée. Quelquefois, celle de l’amitié restait même en coulisse, le temps que je me consacre uniquement à celle qui me mettait, selon moi, le plus en valeur.

Depuis, j’ai gradué. Je me suis ajouté quelques balles à mon quotidien. Peu à peu, sans m’en rendre compte.

Endosser pleinement le rôle de maman est à lui seul un seuil immense à franchir. Il faut s’adapter à cette nouvelle chorégraphie, aux horaires atypiques, aux craintes soudaines, aux expériences acquises sur le tas, comme on dit… Je me souviens combien cela m’avait challengé et m’avait fait me remettre en question sur mon existence et sur ma mission de Vie. J’ai néanmoins adoré être sous les projecteurs, me sentir merveilleuse de jouer ainsi avec plusieurs choses simultanément, revêtir la cape de la Superwoman, qui fonce et qui réussit haut la main !

La société idéalise celle qui excelle dans l’art de manier plusieurs fonctions successivement.
Il y a la femme bien coiffée, maquillée et vêtue, la conjointe attentionnée, aimante et énergique, la mère patiente, cool et maternelle, l’amie attentive, encourageante et présente…

Une jongleuse, tout simplement.

J’ai vécu longtemps sans me questionner. J’ai fait jour après jour mon spectacle en souriant, en trouvant la force et la détermination dans les applaudissements et les ovations que je recevais pour ma performance… Puis, en voyant que le soir, seule dans mon lit, quand tous avaient quittés, je n’avais pu d’énergie et que je m’épuisais à vouloir être sur tous les fronts à la fois, je me suis tout bonnement arrêtée.

J’ai fait une pause. J’ai respiré. J’ai ressenti. J’ai juste été MOI.
J’ai finalement compris que l’unique personne que je devais impressionner, c’était moi.
Que je pouvais suffire et me surpasser amplement. Combler le meilleur auditoire qui soit.
Et cela en étant la personne que je voulais être et interpréter pour le reste de ma Vie.

Dorénavant, je continue d’enfiler plusieurs costumes, mais chacun leur tour plutôt qu’un par-dessus l’autre. Je sais qu’ainsi, je suis à mon meilleur et que je ne m’oublie plus en voulant revêtir plus que je ne devrais. La qualité avant la quantité, c’est certain, mais aussi la simplicité et la satisfaction de sentir que je suis celle qui écrit le cours de mon histoire, mot après mot. Pas après pas.

Je suis une jongleuse.
Une jongleuse du bonheur, de l’amour et de la pleine conscience.

Ainsi, je pourrai dorloter les souvenirs de mes exploits avec un grand sourire sur les lèvres lorsque je rangerai mes balles, une bonne fois pour toutes, et que je deviendrai spectatrice à mon tour.

Charline Ibarra signature
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