Je l’ai appréhendé pendant longtemps, je suis maintenant en plein dedans. L’arrivée de la quarantaine a créé une onde de choc dans ma vie l’année passée. Si le tout a été adouci par les nombreuses surprises, les témoignages de mes proches et surtout la demande en fiançailles de mon chum, n’en sont pas moins que j’ai encore de la difficulté à m’habituer. J’ai l’impression d’entendre une petite voix, qui me dit : Pis la quarantaine, comment c’est? Pis que je ne suis pas nécessairement capable de lui répondre.
Avoir 40 ans n’a techniquement pas changé grand-chose au niveau physique. Mon métabolisme était déjà plus lent depuis mes 35 ans, ça ne va pas en s’améliorant. J’ai beau reprendre l’entrainement de manière plus assidue, mon corps me fait bien comprendre que les chances que je retrouve ma forme d’antan sont plutôt minces. Par contre, je me réveille plus courbaturée qu’avant et j’ai l’impression d’avoir perdu de la souplesse. Je sens ma peau moins ferme, mes cheveux un peu plus ternes, je m’en vais lentement mais sûrement vers un état de décrépitude inévitable. J’exagère un peu, mais à peine. On dirait que depuis que j’ai franchi 40 ans, la dégringolade est plus rapide.
Au niveau mental, on dirait que tout prend une signification différente. Je regarde dans mon rétroviseur et j’ai l’impression de voir ma vie défiler à une vitesse folle. Mes souvenirs s’accumulent et j’ai l’impression qu’il y en a certains qui s’estompent aussi. Je me sens dépassée par certaines choses, j’aimerais arrêter le temps.
Je suis entourée de personnes plus jeunes que moi. On dirait que je gravite maintenant avec plus de gens qui ont l’âge d’être mon petit frère ou ma petite soeur. Si quand j’étais jeune, j’appréciais surtout de me retrouver avec des plus vieux, on dirait que maintenant je me retrouve inévitablement avec des gens qui ont 5-10 et même 15 ans de moins que moi. Ça fait mal un peu d’être devenue la plus vieille. Je leur envie leur belle jeunesse, même si je ne regrette nullement la mienne. J’ai juste envie de leur dire d’en profiter. Leur dire d’apprécier plus. De savourer les moments parce qu’ils passent trop vite. Me voilà donc maintenant condamnée à radoter des affaires que seuls les vieux font.
Je suis rendue là faut croire.
La quarantaine, comment c’est? C’est rough, mais c’est beau aussi parfois. J’apprécie le fait d’avoir l’air encore jeune. Rien ne peux me faire plus plaisir de voir le regard étonné des gens à qui je dis que j’ai maintenant…41 ans. Ça me fait un petit velours chaque fois. J’espère que ça va être encore ainsi lorsque j’en aurai 50. Et 60…
On a beau dire que vieillir c’est un privilège, c’est pas facile de voir les petits bouts de ma vie s’envoler sans pouvoir me dire, c’est pas grave, je suis jeune j’ai encore le temps.
Parce qu’à 40 ans, le temps y t’en reste moins qu’il t’en restait.