J’ai toujours admiré les gens qui embrassent une cause. Ceux qui osent dire haut et fort leurs revendications et qui prennent le flambeau quand vient le temps d’aller au front pour se battre pour ce en quoi ils croient. J’aimerais parfois être plus militante, je l’avoue.
J’ai des convictions. Je suis fidèle à mes valeurs. Je tente de m’éduquer du mieux que je peux, mais j’aurai toujours l’impression que ce n’est pas assez. Ma paresse intellectuelle est souvent plus forte. Je m’enfuie la tête dans le sable, je reste campée derrière mes lunettes roses, et je continue de croire naïvement que tout va bien.
Et pourtant… c’est loin d’être le cas.
La planète se meurt, la société de consommation est en train de nous gruger par en dedans, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. C’est la guerre dans plusieurs pays et dans le confort de ma maison chauffée, dans laquelle j’ai plus que le nécessaire, je trouve le moyen de chialer parce que mon Internet fonctionne mal ou que j’ai un problème de voiture.
Je m’en veux tellement souvent de ne pas m’impliquer plus. De me boucher les yeux et les oreilles alors que des horreurs se déroulent pratiquement partout et même parfois près de moi. J’ai honte. Je me sens coupable. Je pourrais me battre à la vie et à la mort pour les gens que j’aime, mais dès que je me réfugie dans mon petit cocon, je me crois à l’abri et je fuis.
Être militante, ce n’est pas toujours obligé d’être extrême. Je connais des personnes qui militent de manière pacifiste. Qui s’expriment en douceur, mais avec puissance. Qui donnent sans compter. Qui s’efforcent de faire bouger les choses. Je les admire beaucoup. J’aimerais dont être comme eux, mais trop souvent, je suis paresseuse et je ne fais que me protéger et sauver ma peau.
Je trouve ça tellement facile de dire que la vie est courte et qu’il faut en profiter. Quand j’entends ou je lis sur les médias sociaux qu’on a le droit de ne pas s’exprimer sur les horreurs qui nous entourent et de vivre notre vie sous prétexte qu’on en a juste une et qu’elle passe vite, je grince toujours un peu des dents.
Non seulement parce que je suis plus souvent qu’autrement cette personne moi aussi. Mais surtout parce que je sais que collectivement on s’en va droit dans un mur à juste regarder notre nombril et se soucier uniquement de notre bien-être.
Je ne suis pas en train de dire qu’on doit tous aller dans la rue avec des lance-flammes, mais je pense que tant que notre inactivité collective sera aussi grande, on ne peut espérer que les choses s’améliorent. Ceux qui sont en haut se contentent de jeter un coup d’oeil méprisant à ceux qui sont en bas. Tandis que ceux qui sont en bas ne savent même pas où regarder pour se sortir de là. On court tous à notre perte et on ne fait rien. Ça me fâche, ça m’attriste et ça me fait peur.
Quel monde vais-je laisser à mon fils? À mes petits-enfants s’il y en a…?
J’aimerais être plus militante, mais je ne sais même pas par où commencer.
