À partir de septembre prochain, les cellulaires seront officiellement interdits dans les écoles du Québec, sauf à des fins pédagogiques ou pour des raisons de santé. L’objectif? Mieux encadrer leur usage… et, entre les lignes, tenter de contrôler certains enjeux comme la cyberintimidation ou la cybercriminalité.
Mais à quel prix?
J’ai 42 ans. J’ai grandi sans téléphone intelligent, sans textos, sans réseaux sociaux. Et oui, je sais qu’on peut très bien vivre sans. Mon adolescence, je l’ai passée à jouer dehors, à appeler mes amis sur le téléphone fixe de la maison, à apprendre à me débrouiller sans Google ni GPS. Je comprends donc l’idée idéalisée derrière cette interdiction : revenir à quelque chose de plus simple, plus humain, moins numérique.
Mais ce n’est plus la réalité.
L’école doit-elle vraiment se couper du numérique?
Le monde dans lequel on vit aujourd’hui est profondément numérique, et ce n’est pas prêt de changer. L’école doit s’arrimer à cette réalité, pas la fuir. Plutôt que de bannir les cellulaires, pourquoi ne pas apprendre aux jeunes à s’en servir de façon responsable? Pourquoi ne pas en faire un levier éducatif plutôt qu’un ennemi?
Interdire, c’est une solution rapide, mais temporaire. On ne règle pas les comportements problématiques en supprimant l’objet. On fait juste les repousser ailleurs : dans les autobus, dans les parcs, sur les médias sociaux après les cours.
Un outil à apprivoiser, pas à bannir
Le cellulaire, ce n’est pas juste TikTok et les textos. C’est aussi un outil pédagogique puissant. Recherche rapide, prise de notes, accès à des applis éducatives, organisation des travaux… C’est aussi l’outil de communication de leur génération. Le bannir complètement, c’est leur couper un canal qu’on pourrait très bien encadrer et utiliser à notre avantage.
Et soyons honnêtes : combien d’adultes réussiraient à passer une journée complète sans consulter leur téléphone? Moi la première! On exige des ados ce que nous-mêmes avons du mal à faire. Il y a là un double standard qu’il faut avoir l’honnêteté de reconnaître.
Éduquer plutôt que punir
Je comprends l’inquiétude face à la cyberintimidation et à la cybercriminalité. Mais la vraie solution, ce n’est pas d’interdire l’outil : c’est de former les jeunes à naviguer dans le monde numérique avec conscience, jugement et esprit critique.
Oui, j’ai grandi sans cellulaire, mais je n’élèverais pas mon fils comme si ce monde-là existait encore. Ce n’est pas réaliste. Le défi aujourd’hui, c’est d’accompagner les jeunes dans une réalité qu’on ne peut pas effacer.
Interdire les cellulaires, c’est facile. Éduquer, c’est plus exigeant… mais c’est aussi plus pertinent, plus durable et surtout, plus respectueux de l’intelligence de nos enfants.
Et toi, que penses-tu de l’interdiction du cellulaire dans les écoles?
