En février de cette année, j’ai décidé de faire quelque chose que je n’avais jamais fait avant : prendre des vacances à l’étranger, en solo. Déjà, prendre des vacances, ça faisait un bout! À l’étranger? Encore un plus long bout! Toute seule, comme une grande? C’était absolument nouveau!
Le stress du départ n’est pas le même quand on voyage seule. J’étais encore plus nerveuse à l’idée d’oublier quelque chose, ou encore pire, un itinéraire. Je ne sais pas pourquoi, mais peu importe le contexte, je déteste ne pas savoir où je m’en vais, du moins en avoir une idée générale. Dans un terrain complètement inconnu, c’est encore pire. Alors la nervosité était assez élevée en partant, simplement en raison du chemin à parcourir et du transfert entre les différents modes de transport. J’avais hâte d’être rendue à destination.
Assise dans l’avion, je fais face à ma première expérience « amusante » de voyage : ma compagne de siège. Nous étions une rangée de seulement deux bancs. Ma compagne de voyage, je l’ai sentie avant de l’apercevoir. Une bonne odeur qu’on appelle communément « le fond de tonne ». Durant ce 4 heures d’avion, je ne pouvais m’empêcher de voir la situation du point de vue d’un observateur et de voir le comique de la chose. Ma voisine avait déjà cette forte odeur en arrivant dans l’avion et a par la suite continué sa consommation durant le trajet. Je dois aussi mentionner qu’elle était peu vêtue et que chaque mouvement de sa part me portait à fermer les yeux (par précaution). Aussi, elle me parlait sans cesse de son émission favorite « Mayday » qui raconte des histoires d’écrasements d’avion. Bref, la meilleure compagnie imaginable. Heureusement que je n’ai pas peur en avion et j’ai surtout trouvé la situation particulièrement drôle. Ça commençait bien.
Une fois à destination (le transport s’étant déroulé sans incident), je découvre au comptoir de l’hôtel que je n’ai apparemment pas les bons papiers de confirmation. Semblerait qu’une enveloppe s’est égarée quelque part dans le courrier! Heureusement que j’avais pris la peine de faire imprimer ce que je pensais être mon papier de confirmation. Après plusieurs minutes d’attente on me confirme que le papier que je présente est suffisant. Soupir de soulagement de ma part.
La première soirée/nuit fût légèrement empreinte de panique. J’ai eu un long moment de « mais qu’est-ce que je fais ici toute seule, ça a aucun sens, je vais m’ennuyer, je n’oserai pas rien faire, pourquoi j’ai pris cette décision ». Je pense que le stress du voyage et le dépaysement ont contribué à ma panique. J’ai dû me persuader moi-même qu’après une bonne nuit de sommeil tout irait mieux. Et heureusement, avec la magie du wifi, on n’est jamais trop loin de ses proches qui ont eu les bons mots pour me rassurer également.
Effectivement, après une nuit de sommeil, j’ai pu commencer à mieux apprécier mon environnement et à voir que oui, je suis capable d’occuper 7 jours de ma vie avec seulement des livres, de la musique et de la plage. Très bien même!
C’est le matin de cette deuxième journée que j’ai participé à la rencontre d’introduction organisée par le responsable de la compagnie d’avion attitré à notre hôtel. Un charmant monsieur enjoué, à l’immense sourire, grand séducteur de personnes âgées en vacances. Mon groupe, composé majoritairement de séniors, l’a A-DO-RÉ. En seul-à-seul par contre, monsieur-enjoué était beaucoup moins agréable. Je suis allée le voir pour réserver une excursion que j’avais prépayé et j’ai vite compris qu’au-delà de sa performance matinale, il n’avait pas l’air de particulièrement aimer son travail! J’ai eu droit à très peu de sourires et très peu d’explications sur mon achat, à un point où je me suis dit que je me plaindrais à la compagnie.
Une chose que j’ai découvert durant mon voyage en solo dans un tout-inclus, c’est que… personne ne voyage en solo dans un tout inclus. Je n’ai croisé personne d’autre qui n’était pas accompagné, d’un conjoint ou d’une famille. À tous les endroits où je me trouvais, que ce soit au restaurant, en boutique, au service à la clientèle, on me demandait si j’étais seule, ou encore « combien de personnes? ». Les regards surpris à l’évocation du « 1 » m’ont appris que ce devait être assez rare et d’autres réactions m’ont parfois laissé sur un malaise également.
C’est pourquoi, plus le temps avançait, plus je développais des techniques pour éviter les malaises. Quand on me demandait pourquoi j’étais seule, je répondais que mon copain était saoul et dormait dans la chambre d’hôtel. Dans un tout-inclus, c’est une excuse qui peut être présentée à toute heure de la journée sans créer d’étonnement. Au restaurant, quand on me demandait « 2 cafés? » ou « 2 verres de vin? » je disais oui et ensuite je buvais les deux. Beaucoup plus pratique que d’attendre qu’on repasse me servir. Il m’est même arrivé de faire semblant d’avoir une conversation avec quelqu’un dans ma chambre à partir de mon balcon, pour déjouer mes voisins.
Avec les journées qui avançaient, j’étais de plus en plus confortable et développais mes petites habitudes de vacancière. En bout de ligne, je me suis vraiment reposée, j’ai dévoré 3 romans et demi, j’ai pris beaucoup trop de soleil et j’ai réalisé que j’étais capable de surmonter mon stress et ma panique. Je ne regrette pas du tout mon voyage, même si je commençais à avoir hâte de retrouver mon chez-moi.
Ça m’a fait réaliser que parfois, sortir de sa zone de confort, c’est bénéfique. Et qu’être seul(e) ne devrait jamais être un argument pour se priver de faire quelque chose ou vivre quelque chose qui nous tient à cœur. Ça m’a rassuré de voir que même en pays étranger et dans des circonstances inhabituelles, je reste une personne débrouillarde et indépendante. Juste un peu plus stressée!
Crédit photo couverture : Marianne Morissette