Le concept du Frigo-généreux dans les écoles secondaires, c’est oui!

Enseignante depuis de nombreuses années, Joan a toujours eu à cœur le bien-être de ses élèves. Elle est dévouée et attentionnée, il ne suffit que d’une simple conversation pour comprendre qu’elle est plus qu’un simple membre du corps professoral. Avec son regard pétillant et sa générosité, elle est le genre de prof qui marque les élèves qui passent dans sa classe, j’en suis persuadée.

Un jour qu’elle prenait une collation entre deux cours, l’un de ses élèves lui a dit avoir très faim. Elle n’avait rien à partager avec lui, et c’est après qu’il se soit manifesté à deux autres reprises au cours de la journée, qu’elle a soudainement compris qu’il n’avait pas suffisamment de nourriture dans sa boîte à lunch pour combler ses besoins nutritionnels.

C’est en discutant avec cet élève et quelques autres dans la même situation (ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne pourrait s’y attendre) que lui est venue l’idée du concept du Frigo-généreux.

Il y a maintenant près de deux ans que Joan a instauré ce concept à l’école secondaire Armand-Corbeil de Terrebonne et c’est maintenant entre les murs de l’école Des Rives, où elle occupe un poste d’enseignante en éthique, que j’ai eu l’occasion de la rencontrer.

J’ai voulu d’abord en apprendre plus sur cette brillante idée, mais aussi mettre la main à la pâte afin de l’aider dans l’exécution de son projet. Il ne m’a suffi que de quelques minutes en sa compagnie pour vraiment saisir toute l’essence de ce magnifique geste rempli de générosité, dédié aux élèves qui n’ont pas la chance de manger trois repas par jour.

L’idée est très ingénieuse : un réfrigérateur est mis à la disposition des élèves pour y déposer ce qu’ils ne mangent pas afin que les autres puissent se servir. En libre-service, pour que les élèves gardent leur dignité et leur fierté, le frigo est ouvert à tous sans discrimination ou exigences. Chaque élève peut s’y servir sans restriction et de manière quotidienne pour combler une fringale, compléter son repas ou encore s’il a oublié son lunch à la maison ou dans l’autobus.

Quelle que soit la raison, chaque élève passant devant le Frigo-généreux qui se trouve à la cafétéria est libre d’y sélectionner quelque chose parmi les produits proposés.

Si, au départ, le réfrigérateur ne contenait que la nourriture laissée par les étudiants, Joan a vite compris, à la suite de l’engouement des élèves pour ce concept, qu’il lui faudrait pousser l’initiative au-delà des aliments laissés de côté par ceux-ci. C’est donc avec passion et énergie qu’elle s’est investie dans le projet et a rédigé une lettre à l’attention des commerçants de la région, afin de solliciter leur aide pour augmenter la quantité et la variété des produits offerts aux étudiants.

C’est avec le bouche-à-oreille des parents d’élèves, de la direction des deux écoles participantes et des réseaux sociaux qu’elle a réussi à obtenir des commandites auprès de diverses entreprises, afin de mener à bien ce projet qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Et on peut dire que c’est une réussite puisque deux autres écoles de la région offriront bientôt le concept à leur clientèle étudiante. C’est d’ailleurs grâce à l’implication de tout ce beau monde qu’il a été permis de trouver un deuxième réfrigérateur pour l’école Des Rives, des partenariats avec quelques commerces des environs et un don de 500$ offert en début d’année à l’école Armand-Corbeil.

Lors de mon passage, le temps d’une période de dîner, j’ai intégré la petite équipe d’abeilles efficaces et généreuses composée de Joan, de ses élèves bénévoles et de membres du personnel qui viennent lui prêter main-forte toutes les semaines. Avant de commencer à aider cette merveilleuse équipe, j’ai attaché mes cheveux et enfilé des gants, parce que oui, pour ceux qui se le demandent, les aliments sont manipulés avec un grand souci d’hygiène.

Tout le monde travaille vite et bien, puisque tout doit se faire pendant la période du dîner et que la classe doit retrouver sa vocation initiale après l’heure du repas. J’ai emballé dans des sacs Ziploc des morceaux de miches de pain coupées par les étudiants et généreusement données par une boulangerie, j’ai regardé les autres faire la même chose avec des pizzas froides et je suis tombée en admiration devant le travail colossal accompli par Joan pour mener à bout de bras ce projet.

Une incroyable initiative qui donne la chance de contrer le gaspillage alimentaire, de nourrir des adolescents en pleine croissance et aussi de leur enseigner de belles valeurs telles que le partage, l’entraide, le sentiment d’appartenance et le dévouement.

Elle permet également d’aider des familles dans le besoin, puisqu’il n’est pas rare qu’un élève rapporte une miche de pain complète à la maison, afin de soustraire cette dépense au budget familial déjà très limité.

De plus, on y encourage beaucoup le recyclage, puisque c’est surtout dans des sacs de lait dûment nettoyés et des sacs à pain conservés et amassés par les parents ou les profs que la plupart des aliments sont emballés. Une belle façon de réutiliser les sacs de plastique et de réduire les coûts.

J’ai d’ailleurs passé un excellent moment lorsque, quelques jours plus tard, j’ai aussi passé une heure avec Guylaine, qui est en charge de l’équipe mise en place à l’école secondaire Armand-Corbeil. Avec l’aide de mon fils, venu se joindre à nous pour découvrir tout le travail que cela implique, nous avons pu également constater à quel point l’initiative est aussi gagnante auprès des élèves des classes DIM (déficience intellectuelle moyenne). En effet, cela leur permet de travailler la motricité fine et la préhension des objets et cette activité hebdomadaire s’inscrit maintenant dans leur programme d’apprentissage.

Joan espère pouvoir répandre le projet aux quatre coins du Québec au cours des prochaines années et compte un peu sur la puissance des réseaux sociaux pour effectuer ce tour de force. Quand on sait à quel point l’alimentation est importante, et combien la cause environnementale entourant le gaspillage alimentaire est au cœur des préoccupations, on ne peut qu’être enthousiasmé par son idée et espérer que d’autres écoles lui emboîtent le pas.

Pour en apprendre plus sur le Frigo-généreux ou pour contribuer d’une façon ou d’une autre au projet, on peut consulter la page Facebook en cliquant ICI.

Merci à Joan et Guylaine pour ce travail colossal accompli chaque semaine, et surtout pour votre grande générosité envers nos adolescents.