Jen parle de son garçon qui vieillis trop vite

Tu vieillis trop vite mon grand.

Tu viens d’avoir 10 ans… Tu commences une nouvelle décennie après m’avoir offert la plus belle de ma vie. Cette merveilleuse période laissera sa place à ce qui sera sans doute la décennie la plus éprouvante pour mon cœur de maman.

Après les premiers mots, les premiers pas, la première journée à la garderie et à l’école, après les pyjamas à pattes, le premier « je t’aime », après chaque instant magique où tes nouveaux apprentissages me remplissaient de fierté, je dois maintenant affronter la suite de façon sereine malgré l’angoisse qui me serre la poitrine. Ta peau que je trouvais si douce subira bientôt des attaques de sébum qui me donneront envie d’investir dans la recherche d’une crème miraculeuse contre l’acné avec un effet « peau de bébé ». L’odeur de cette même peau, qui arrivait à m’émouvoir au-delà des mots, sera bientôt saturée de déodorant ou de parfum dans le but de plaire aux filles qui t’éloigneront de moi. La fête de tes amis, que tu célébrais dans le confort de leur maison ou dans un quelconque centre d’amusement, se déroulera bientôt dans un club où les shooters remplaceront le bar à bonbons. Tes mots étiquettes appris auprès de moi avec facilité se transformeront en algèbre aussi compréhensible que du chinois pour ta mère qui a détesté les mathématiques toute sa vie.

Folie Urbaine, Tu vieillis trop vite, photo1

Tes questions si candides et innocentes du style « Que fait la fée des dents avec mes dents ? » laissent leur place à des questionnements existentiels sur la vie, l’amitié et la tristesse. Les films de Pixar et de Disney qui désertent de plus en plus notre télé font place à des films plus adultes. Heureusement que tu prends plaisir à découvrir les classiques de mon enfance comme Madame Doubtfire ou Un flic à la maternelle.

Alors que j’ai passé les 10 dernières années à te rendre autonome malgré la peur qui me rongeait à l’intérieur, je dois maintenant m’effacer un peu plus chaque jour pour te laisser vivre tes propres expériences. Tu navigueras bientôt sur les eaux troubles de l’adolescence, tu essayeras de te faire une place au soleil. Je crains de ne pouvoir te guider comme je le voudrais puisqu’il vaut mieux que tu affrontes tes propres tempêtes afin d’être prêt pour les décennies qui vont suivre.

Mais sache que je serai toujours là, pas très loin. Avec ma chaloupe prête à te repêcher en cas de chute…

 

Photo de signature pour Jennifer Martin.     

 

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