Ma plus longue relation dure depuis que je suis en secondaire 4.
« C’est long, neuf ans, pour supporter la même personne à ton âge! Tu ne trouves pas? »
Qui a dit que je faisais référence à une personne?
C’est incroyable à quel point c’est facile et malsain de se remplir la tête avec plein de préjugés.
Mon plus grand amour, je ne le partage pas avec un homme.
Ni avec une femme.
Ni avec aucun être humain sur cette planète.
Avouez que je viens de vous déconcerter?
L’envolée d’abeilles bourdonnant dans mon bas ventre (j’aurais bien dit des papillons, mais ces insectes n’émettent aucun bruit quand leurs pattes décollent de terre) le matin même pour se diriger vers un sol inconnu est là, mon plus grand bonheur.
J’eus la chance de goûter à ce genre de rapports à l’aube de mes quinze ans.
C’était la première fois que je ne dormirais pas confortablement dans mes draps de coton égyptien.
Et que je troquerais des pois chiches pour un pilon de poulet de plus avec ma meilleure amie du voyage (parce que laisser la moindre miette apparente dans mon assiette était considéré comme un manque de politesse dans le pays dans lequel j’étais une invitée).
Dorénavant, retourner dans mon pays natal plus riche en cernes, mais spécialement en souvenirs, est devenu mon critère numéro un quand je voyage.
Je ne vous cacherai pas que, souvent, mon plan D est devenu mon plan A à l’encontre de toutes attentes.
Et que des larmes ont bien plus fait que miroiter dans mes yeux quand j’aperçus l’arc-en-ciel chatoyer sur ma cheville suite à une chute absurde.
Toutefois, je préfère de loin m’endormir dans une chambre de la même superficie que ma garde-robe que d’avoir la nette impression d’être dans mes affaires, mais ailleurs dans le monde (j’m’excuse, maman).
Il va sans dire que mon poush-poush à la lavande n’aurait fait qu’attirer les bibittes, mais doux Jésus qu’il n’aurait pas été de trop pour me donner un coup de main à stabiliser ma respiration quand je fus la découverte d’une cucaracha dans le lit d’une fille avec qui je partageais ma chambre.
C’est à peine si elle ne bouchait pas ses oreilles quand le guide du groupe énonçait les consignes :
« Si vous ne voulez pas de surprises, assurez-vous de bien coincer votre filet entre votre matelas et le meuble du lit. »
Malgré tout, mes parents m’ont inculqué des bonnes manières et m’ont appris que lorsqu’une personne demande de l’aide, tu dis oui.
Tu dis oui, Shany.
J’ai donc dit oui à dormir deux dans un lit simple.
Je ne sais pas si vous avez expérimenté ça, dormir deux personnes dans un lit simple quand le thermomètre n’a même pas assez de chiffres pour indiquer combien il fait chaud, mais je vous confirme que ça ne compte pas parmi les expériences les plus excitantes de ma bucket list!
Cependant, comme on s’amuse de le dire et de le répéter : « ça fait des histoires à raconter! »
Il faut croire que c’est vrai.
Je suis en train de vous décrire en détails cette nuit au cours de laquelle j’eus peine à somnoler parce que ma propre couchette ne m’appartenait plus.
Et que les insectes nocturnes célébraient un peu trop bruyamment la venue de la lune.
Maintenant, j’vais vous demander de fermer vos yeux et de vous imaginer votre maison.
C’est simple, hein?
Bon.
Maintenant, enlevez toutes les fenêtres!
Vous me direz qu’il n’y a plus d’intimité.
Vous me clamerez que tout le monde est dans la capacité de vous fixer quand vous vous frotterez frénétiquement le dos dans votre douche.
Eh bien, bienvenue dans mon monde!
Mes douches, je ne les prenais plus seule.
Et je me lavai le corps en maillot de bain, car on se partageait le pommeau de douche.
Et le mince filet d’eau glacée qui en découlait.
J’vous jure que mon dos n’a jamais autant scintillé (et je ne vous parle pas de sueur)!
J’vous vois déjà venir à cent milles à l’heure avec vos questions à mille piastres :
Nos dortoirs n’étaient pas mixtes (et c’est là que j’entends tous les parents souffler de soulagement).
La chambre des gars faisait face à la nôtre.
Avez-vous déjà piqué une jasette à votre voisin tout en vous nettoyant la tignasse?
Je vous assure que ça change de l’heure du bain habituelle que tu gaspilles à ressasser tout ce que tu aurais pu faire de mieux dans ta journée.
Là était mon quotidien dans la plus grande forêt du monde : l’Amazonie.
À suivre…
4 Comments
Sylvie Smith
Toujours un grand plaisir à te lire Shany. Bravo !
Shany Pageau
Merci beaucoup Sylvie! Je suis contente que mes textes, même s’ils diffèrent les uns des autres, continuent à te plaire!
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Karyl Barkley
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