Abandonner le navire, disparaître pour toujours, c’est d’entrer tout entier dans ce trou noir qui nous engloutis pour l’éternité. Ce mot, suicide, il est lourd, triste, dur, noir, souffrant. Le mal de vivre l’est encore plus. Choisir une date, la date de sa disparition, seul, sans personne pour te tenir la main. C’est un choix, une décision, seul face au monde, face à ta souffrance. De l’aide, une main, un souffle, une possibilité de t’en sortir, c’est possible. Dis-toi que tant que tu es en vie, tout peut changer.
Pour la semaine de la prévention du suicide, j’avais envie de vous partager mon histoire, en fait, une de mes histoires entourant une tragédie de ce genre. On ne le dit pas assez souvent, mais c’est important de parler, de ne pas s’isoler. Le suicide est quelque chose de si difficile à aborder. Le mal de vivre peut pousser certaines personnes à avoir des pensées suicidaires, jusqu’à poser un geste irréversible. C’est si important de porter attention à ceux et celles qui nous entourent, de les référer aux bons endroits pour obtenir de l’aide. Parfois, parler c’est difficile, je le sais, mais garder tout en dedans l’est encore plus.
Je ne comprends toujours pas pourquoi, encore aujourd’hui, deux années plus tard. Le 14 mars 2015, j’ai appris via Facebook qu’une de mes amies d’enfance, que j’ai côtoyée de la maternelle jusqu’au secondaire 5, s’était enlevée la vie. La nouvelle m’a fait l’effet d’une bombe. Cela fait bientôt 12 ans que j’ai coupé les liens avec mon primaire et mon secondaire. Je l’ai fait intentionnellement pour débuter une nouvelle vie et laisser le passé là où il était. Cependant, malgré le fait que je n’avais eu aucune nouvelle d’elle depuis 10 ans, son décès m’a complètement chavirée.
Elle s’appelait Vanessa et avait 28 ans au moment de son décès. Je me souviens qu’en 2e ou 3e année du primaire, nous avions formé un mini groupe des Spice Girls. Avec nos souliers plates-formes et nos drôles de coiffures, on chantait les meilleurs succès du groupe. Je ne me souviens pas de la chanteuse que j’interprétais, mais Vanessa était Ginger Spice. Je la trouvais tellement belle avec ses yeux bleus et ses cheveux châtains avec une épaisseur incroyable. Mes souvenirs sont peu nombreux, mais j’ai plusieurs photos de notre bal des finissants du primaire, de notre escapade à Tadoussac en secondaire 4 et de notre bal des finissants en secondaire 5. On a fait des soirées pyjama, on a partagé plusieurs dîners, on a fréquenté des danses 12-17 ans ensemble et on a fait souvent partie des mêmes groupes d’amis, lorsque j’en avais. Je me souviens de la force immense qu’elle avait. Je n’ai jamais croisé une personne dotée de cette force. Lorsque nous recevions nos vaccins au primaire, certaines de nos amies paniquaient à la vue de l’aiguille, mais Vanessa, elle, était toujours prête à passer avant pour montrer que ce n’était pas si pire que ça. Ma mère la trouvait très courageuse pour une petite fille de 7 ans, elle qui devait asseoir les autres petites filles sur ses genoux.
Oui, c’est 10 ans où nous avons été absentes l’une de l’autre, mais son décès m’a fait mal. Son décès me fait encore un drôle d’effet deux ans plus tard. Est-ce parce qu’il était volontaire? Je ne sais pas. J’ai souvent une pensée pour elle. Je me demande si elle a enfin trouvé le bonheur où elle est. Est-ce qu’elle le sait que je pense souvent à elle? Que j’ai eu mal lorsque je suis allée à son service funéraire? A-t-elle observé, comme moi, tous les visages de notre passé qui étaient rassemblés pour lui rendre un dernier hommage? Elle, qui a toujours été un peu leader, a réussi à tous nous rassembler pour lui dire au revoir. A-t-elle vu tout l’amour qui flottait pour elle?
Le suicide, c’est quelque chose d’incompréhensible et rempli de jugements aux yeux de tous. Je n’ai pas vraiment une opinion à ce sujet. La seule chose que je peux dire, c’est que cette libération amène son lot de souffrance. Vanessa avait tellement de gens autour d’elle qui l’aimaient de manière inconditionnelle. Lors du service, nous étions tous là, à nous observer les uns et les autres. Nous étions un lot de gens qui ont effectué un passage dans les 28 années de vie de cette personne formidable.
Je me souviens qu’elle adorait les chiens. C’était plus que de l’amour, c’était une passion. Elle avait le tour avec eux. Lorsqu’elle venait chez moi, mon petit chihuahua était aux anges dans ses bras. Je me souviens également du moment où elle est arrivée avec son tatouage de pattes de chien en classe, lorsque nous étions au secondaire. Je l’ai tellement trouvée cool.
Vanessa, tu m’as fait constater que tous les gens qui passent dans notre vie sont importants, et qu’ils laissent une trace. Ces gens, il nous faut chérir cette chance de les avoir près de nous. Tu es partie, tu t’es libérée, mais ton sourire et ton regard sont restés ici, dans le cœur et la mémoire de tous ceux que tu as côtoyés. J’aurais aimé avoir le temps de te revoir et de me remémorer tous les beaux souvenirs que je conserve de toi. Sache que malgré le fait que nous ne nous fréquentions plus, ton passage dans ma vie ne restera jamais en vain.
Tu as besoin d’aide ou simplement de parler? Voici des organismes qui peuvent t’aider :
Tel-Jeunes : 1-800-263-2266
Suicide action Montréal : 1 866 277-3553
One Comment
suzanne35blog
bravo pour l’entraide….