Être, sa battre, mais aussi se reposer

Être, se battre, mais aussi se reposer

Je suis frustrée. 

Frustrée de devoir me battre.

Frustrée parce qu’être, c’est une bataille.

Être une femme.

Être une femme de la communauté LBGTQIA+. 

C’est là qu’être devient un exploit.

Être devient s’affirmer. 

Être devient se positionner.

Être devient politique. 

Et ça, pour moi, c’est beau et frustrant. 

Beau, parce que je trouve admirable de voir des femmes fortes. 

Émouvant, parce que je suis fière de qui je suis. 

Merveilleux, parce qu’on se réunit, parce qu’on ressent, parce qu’on partage.

Mais quand être devient politique, c’est aussi frustrant.

C’est prendre conscience qu’il y a bataille.

Prendre conscience qu’il y a encore des inégalités et des oppressions.

Frustrant, mais épuisant aussi.

Épuisant, parce que prendre conscience de cela, c’est révoltant.

C’est vouloir agir.

C’est aussi se sentir impuissante.

Impuissante, parce qu’on ne peut pas tout changer et, encore moins, le faire rapidement.

Parce que le changement, ça prend du temps, ça prend des personnes extraordinaires, ça prend des actions, et tant d’autres choses.

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I am a frustrated feminist and my feelings are real and valid. • Je suis une féministe frustrée. Frustrée du sexisme latent présent dans notre quotidien. Frustrée par la société patriarcale qui brime les personnes marginalisées. Frustrée par cette culture du viol horrible qui place les victimes d’agressions sexuelles comme coupables et responsables de tout. Frustrée par la psychophobie crasse qui est une nuisance pour la survie des personnes touchées par les maladies mentales. Frustrée de toutes ces fois innombrables où des personnes transgenres sont victimes de crimes haineux, sont mégenrées et sont opprimées pour leurs vies et leurs identités. Frustrée par le système capacitiste qui n’est pas adapté pour les personnes touchées par des handicaps, par des troubles de développement, par des troubles du langage et/ou de la parole. Frustrée par cette grossophobie intensive qui place les personnes grosses et hors-normes comme étant lâches, sales et laides, alors qu’elles sont valables, importantes, belles et qu’elles méritent le respect. Frustrée de toutes ces personnes qui font la promotion de normes ridicules et oppressantes, qui se placent au dessus des autres en leurs crachant des poignées de préjugés sur la tête. Frustrée que la pilule du lendemain et l’accès à l’avortement soient restreints pour les personnes pesant plus de 180 lbs. Frustrée par ce manque de diversité flagrant, par ces cultes de la beauté exclusifs, établis selon les normes sociétales genrés, hétéronormatives, transphobes, racistes et sexistes. Frustrée par le manque d’accès aux soins en santé mentale gratuits et adaptés. Frustrée par toutes ces personnes sexistes, racistes, misogynes, grossophobes, transphobes, capacitistes, psychophobes, islamophobes, homophobes et intersexophobes qui pourrissent la vie des personnes marginalisées, qui demeurent contemplatives et qui baignent dans le confort de leurs privilèges sans même daigner écouter les personnes concernées lorsqu'elles tentent en vain d'exprimer ce qu'elles vivent quotidiennement. Les choses doivent changer pour le bien-être et la survie de tous.tes. Nous sommes frustré.e.s, pis avec des maudites bonnes raisons.

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Crédit : Les folies passagères. Pour voir la publication et la suite du texte, c’est ICI.

C’est frustrant, parce que, parfois quand je donne mon avis sur des enjeux qui concernent les femmes ou la communauté LGBTQIA+, c’est perçu comme étant représentatif de ce dit groupe. Et ce n’est tellement pas le cas. Être ne devrait pas signifier représenter à tout moment.

Frustrant, parce que faire partie ne veut pas dire représenter.

S’identifier à ne veut pas dire représenter.

Et à l’inverse, ce n’est pas parce que je m’identifie à femme féministe de la communauté LGBTQIA+ que j’endosse tout ce que ces mouvements et personnes, qui en font partie, disent et font.

Je ne suis pas que ces identités et ces mots.

Frustrant aussi parce qu’il faut parfois expliquer, s’expliquer.

Parce que lorsqu’on est issu d’une minorité, les autres s’attendent parfois à ce qu’on se définisse, à ce qu’on définisse multiples termes, qu’on explique notre réalité.

Être devient parfois éduquer.

Ces mots, étiquettes, identités, me permettent de me définir, de moi à moi. Et oui, parfois, de moi aux autres. Quand je le décide. Parce qu’il est parfois important pour moi d’expliquer à d’autres qui je suis, comment je perçois mon identité. Mais il est important que les étiquettes soient posées par les personnes elles-mêmes et non pas par d’autres, d’un regard extérieur.

Extérieur, limitatif et oppressant.

Ces étiquettes peuvent être, pour certains, rassurantes, libératrices.

Pour d’autres, réductrices et suffocantes.

Chacun ses choix, ses sentiments, sa validité.

Alors, à nous, femmes, personnes issues d’une minorité, à nous qui devons-nous expliquer, à nous qui sommes parfois invisibilisées : crions! Crions pour s’assurer d’être entendues et reconnues. Mais rappelons-nous aussi que c’est parfaitement correct de prendre des journées off, où nous ne faisons qu’être, sans tout le reste. Parce qu’on a le droit d’être fatiguées, d’être frustrées et de juste passer au travers de la journée.  

auteure jessi carenzi


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