Renoncer à quelque chose

La fois où j’ai dû renoncer à quelque chose qui me tenait à cœur

Il y a quelques temps déjà, je vous partageais ma joie d’avoir renoué avec la danse. Mon plaisir pour ce sport qui n’a pas d’âge était si immense qu’à l’automne dernier, pour me challenger davantage, j’ai décidé d’intégrer une troupe de compétition. En tant que maman, je cherchais à me dépasser ailleurs qu’à la maison. J’aspirais à me remettre en forme avec un loisir qui me plaisait vraiment; un sport qui n’était pas une corvée pour la non-sportive que je suis. C’est donc au travers de la danse que je me suis choisie.

Toutefois, depuis l’automne, alors que mon cœur et mon âme donnaient leur 110 % pour ce sport, mon corps, lui, arrivait de peine et de misère à suivre le rythme. Longtemps, je me suis sentie trahie par ce corps qui me lâche graduellement depuis 2014. Ce corps qui, dans ma tête, se devait d’être fort et solide pour accueillir mes enfants, les élever et jouer avec eux sans restriction. Ce corps qui, dans ma tête, devait être capable de marcher et de bouger sans être raqué le lendemain. Ce corps qui, du haut de ma trentaine, saurait combiner activité physique et conversation sans manquer d’air. Pour moi, mon corps était mon allier et il devait être en mesure de me porter là où j’en avais envie. Malheureusement, mon corps m’a laissé tomber plus souvent qu’à son tour.

Alors que je rêve de remise en forme depuis ma première grossesse et de vivre sans limitation physique, ma triste vérité est que souvent après mon cours de danse, j’étais raquée pendant des journées entières. J’étais à fleur de peau, impatiente envers mes enfants, limitée dans nos activités familiales, découragée de moi-même et en douleur. Chaque matin, j’avais le feeling qu’un truck m’était passé sur le corps. C’est alors que j’ai fait le choix de me choisir à nouveau en investissant sur mon bien-être à coups de rendez-vous d’acupuncture, d’ostéopathie, de physiothérapie et même de kinésiologie. J’étais déterminée dans ma quête du mieux-être. Pis là, les cours ont augmenté en intensité. Chaque jeudi, j’investissais 100 % de mes capacités dans les cours, malgré les tensions intenses de mes piriformes et de mon dos qui menaçait de bloquer à nouveau. Malgré moi, j’étais incapable d’en donner moins…

J’ai eu un déclic à la suite d’un cours où il y avait beaucoup de sauts. J’ai alors recommencé à avoir des douleurs à ma symphyse pubienne, en plus d’avoir un début de fourmillements dans les pieds. Fourmillements qui ont duré pendant plus d’un mois. Je me sentais épuisée de vivre dans des douleurs constantes et j’ai eu vraiment peur pour ma symphyse. Et si j’en demandais trop à mon corps? Et si c’était moi qui l’avais laissé tomber en lui en demandant trop d’un coup? Et si mon corps n’était seulement pas prêt pour autant d’intensité? Et si je ne l’avais pas assez préparé avant de me lancer corps et âme dans ce sport? J’ai quand même un historique physique hors du commun. Je pars de loin. Très loin. J’en ai parlé à ma physio, ma kinésio, mon mari et ma maman. J’avais à nouveau besoin de faire un choix éclairé. Un choix pour moi, mais aussi pour ma famille. Il n’est pas rare d’entendre parler de l’importance de se choisir, de faire des activités pour soi, des activités qui nous passionnent. Parfois, il se peut aussi qu’on doive renoncer à quelque chose qui nous remplit de bonheur pour notre propre bien. Que l’on doive apprendre à se choisir différemment. C’est pourquoi j’ai choisi de mettre la danse sur pause. (Évidemment, mon choix s’est imposé de lui-même dans une période où l’équipe n’allait pas être pénalisée.) C’est l’un des choix les plus déchirants que j’ai eu à faire, puisque j’ai toujours eu comme réflexe de mettre les autres en avant-plan. J’ai eu l’impression de laisser tomber une équipe entière de danseuses extraordinaires, mais en même temps c’est le travail de ma vie d’apprendre à mettre ma personne en avant-plan. J’ose espérer que mes choix vont inspirer mes enfants à respecter leurs limites, à écouter leur petite voix intérieure et à se choisir. Je veux qu’ils sachent que c’est aussi correct de changer d’idée en cours de route. Pour 2020, je choisis d’être une maman qui se met en priorité, mais différemment. Je me souhaite d’être douce envers moi-même et envers mes choix. Mon désir de me remettre en forme est plus présent que jamais, mais je vais y aller en douceur en commençant par la base. En espérant de tout cœur un jour retourner à la danse qui m’a tant fait de bien.

Catherine Héroux
Catherine Duguay

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