l'avenir du passé

L’avenir du passé – partie six

Il s’agit d’une histoire fictive en plusieurs partie, pour lire les précédentes, cliquez ICI.

Il m’avait regardé avec d’immenses yeux, surpris, mais pas tant que ça, en même temps. On a toujours eu un petit quelque chose, mais rien d’amoureux. On est donc allés dans sa chambre et il a mis un CD. Un CD gravé avec des hits du moment. Les chansons populaires de 2006. On s’est étendus l’un près de l’autre sur sa couverture vintage pleine de couleurs, sûrement un don de sa mère, en écoutant la chanson My Love de Justin Timberlake. Je m’en souviens encore parce que je n’ai pas pu m’empêcher de rire tellement c’était ironique. J’allais faire l’amour pour la première fois avec une personne envers laquelle je n’avais aucun sentiment, que j’aimais beaucoup, mais dont je n’étais absolument pas amoureuse. Il m’a regardé longuement dans les yeux, a passé sa main sur ma joue, dans mes cheveux, avant de m’embrasser tout doucement. C’était délicat, rempli de douceur. J’étais bien, relax, et je n’avais pas peur. C’est sur Temperature de Sean Paul qu’on s’est déshabillés un et l’autre, doucement, mais avec beaucoup d’excitation. Nos caresses commençaient à être plus intenses et l’urgence de se toucher, nus était bien là. Ça ne s’invente pas à quel point cette chanson était parfaite pour ce moment ! Les chansons ont continué de s’enchaîner une après l’autre : Maneater de Nelly Furtado, Run it de Chris Brown (avant qu’on apprenne qu’il est un batteur de femme). Ma virginité n’était plus. J’avais fait l’amour avec mon ami.

-Tu te sens comment ?

-Identique.

-Quoi ?

-Je me sens bien.

On est restés étendus l’un près de l’autre très longtemps, à se coller, s’embrasser et juste profiter de cette proximité que l’on venait tout juste de vivre. C’est là que la chanson, une chanson que j’aime beaucoup, a commencé.

If I lay here

If I just lay here

Would you lie with me just forget the world

I don’t quite know

How to say

How i feel

Those three words

Are said too much

They’re not enough

Chasing Cars de Snow Patrol. J’ai des frissons et je sais que lui aussi. On s’est endormis collés, sereins. Le lendemain matin, on s’est réveillés avec un sourire aux lèvres, on savait que cette nuit allait rester gravée dans nos mémoires, qu’on n’oublierait jamais.

-Merci.

-Je t’aime, Billie.

-Moi aussi.

On a continué de se voir, en amis, et, des fois, on faisait l’amour et on retournait dans notre bulle juste à nous, une bulle remplie d’amour, de douceur, un refuge où rien ni personne ne pouvait venir nous déranger. Une bulle qui nous coupait du monde entier, où l’on pouvait tout oublier le temps d’une nuit.

On a fini par se perdre de vue, juste parce que la vie est faite comme ça.

***

Marilou vient me rejoindre chez moi dans pas long et j’essaie de ranger le plus possible mon bordel. Elle est Madame Blancheville et je sais qu’elle va probablement encore me faire des petits commentaires sur le fait qu’un coup de balai, une moppe et un époussetage de toutes les surfaces de mon appartement feraient le plus grand bien. Elle a raison et on en rit à chaque fois. Donc je me grouille pour que mon appartement ne soit pas trop crotté et assez convivial. On a une grosse journée de création de contenu à faire. Des photos de looks, des #unboxings sur Instagram et des photos de contenu. J’aime ce genre de journée où notre créativité est la vedette. On a tellement de fun et on jubile devant les résultats.

-Allô, mon amie ! J’ai amené de la trempette aux artichauts pour dîner et deux croissants du Première Moisson.

Mon amie sait quoi faire pour me rendre heureuse. Sa présence et de la bouffe ! Cette journée va me faire tellement de bien, j’ai tellement hâte que ma boule dans l’estomac disparaisse pour de bon, j’aimerais pouvoir enjoy cette journée à 100% mais je n’y arrive pas. J’ai l’impression que c’est écrit dans mon front que je suis sur le bord d’exploser tellement que mes cernes sont foncés. Mon amie m’en fait d’ailleurs part, j’essaie de l’a rassurer le mieux que je peux. Mais elle me connait. Je lui raconte mes cauchemars, ma fatigue, en restant un peu vague, moi-même je ne comprends pas trop pourquoi je feel autant tout croche.

Marilou est arrivée dans ma vie comme un ange sur terre. J’ai beau ne pas être croyante, mais je ne peux m’empêcher de l’expliquer de cette manière-là. Elle a un caractère de cochon aussi gros que le mien, pis je pense que c’est une des raisons pour laquelle on s’entend aussi bien. C’est ma meilleure amie. Peu importe ce qui se passe dans nos vies, on ne déroge pas, on s’aime vraiment beaucoup et on se parle chaque jour. Autant pour le blogue que de tout ce qui se passe dans nos vies. Je lui dis quand j’ai des cacas nerveux et elle quand elle a des nuits torrides avec son chum. Si ce n’est pas de l’amour ça, je ne sais pas comment on appelle ça ! Je ne sais pas ce que je ferais sans elle, c’est fusionnel, on est différentes, mais pareilles en même temps ? On a deux styles de vie à l’opposé, mais on se feel vraiment et c’est quelque chose de précieux pour moi.

-Comment va ton père ?

-Pas pire, il a recommencé des traitements de radio thérapie, c’est un jour à la fois.

Mon papa. Mon héros. L’homme de ma vie. Celui que j’ai tant haï quand j’étais ado, mais que j’aime tellement aujourd’hui pour tout ce qu’il a fait pour moi, surtout quand j’étais ado. Ironique, hein ! Quand on est jeune, on a l’impression que nos parents font tout pour nous empêcher de vivre, c’est vraiment quand on devient adulte, quand on commence à avoir des responsabilités et des embûches dans la vie, qu’on réalise à quel point, tout ce qu’ils ont fait, c’était pour notre bien. J’aurais aimé pouvoir dire à l’oreille de la Billie de 15 ans « Hey calme-toi fille, ton père a raison ! ». Bon pas toujours quand même là, personne n’est infaillible, mais mon père a tout fait par amour. Même quand il m’a crissé dehors en plein hiver en bas collant sans bottes aux pieds. Je l’avais quand même traité de trou d’cul !

***

-Nico !

-Quoi ?

-J’ai fini de faire les hot-dogs, viens manger.

Mon frère et moi on avait une passion commune. Des faux hot-dogs. C’est-à-dire deux tranches de pain, une tranche de fromage Kraft dessus et deux saucisses à hot-dog coupées en deux sur le long, placées sur une des deux tranches, l’autre tranche par-dessus. On mettait le faux hot-dog qui était en fait un grilled-cheese avec deux saucisses à hot-dog dans le presse à panini, et voilà ! C’était notre dîner favori. On était en janvier 1998, vous savez, la fameuse crise du verglas ? Eh bien moi, je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais certaine que j’allais perdre mon père. À 11 ans, j’ai eu peur de ne plus jamais le revoir. Ce n’était pas la première fois et clairement pas la dernière.

-Billie ! Viens ici.

-Attends papa, j’ai pas fini de manger.

-Viens ici, Billie, tout de suite !

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