Folie Urbaine ephemere soin

Lettre à celui qui prendra soin de moi dans mes vieux jours.

À toi personnel de la santé qui rentrera dans ma chambre le matin. Je sais que tu es surchargé mais, s’il te plaît, ne me le fais pas ressentir. Fais-moi un sourire et parle-moi calmement. Je sais que, pendant que tu t’occupes de mes soins, tu vois les minutes défiler, mais essaie de me faire sentir importante et ta priorité du moment.

J’espère que le personnel sera assez nombreux pour qu’enfin la définition de « milieu de vie »prenne tout son sens. Parce que dis-toi que toute ma vie je me suis réveillée, tout comme toi, à 5:00 du matin, alors je crois pouvoir mériter de choisir à quelle heure mon corps a besoin de se lever.

Et si je n’ai pas faim et que je suis incapable de le dire, essaie de voir mes mimiques et de les respecter. Et si jamais je mange une double portion, ou que je déguste quelques gâteries, ne m’en empêche pas. Dis-toi que toute ma vie, je me suis privée pour  avoir un poids santé et que maintenant, c’est un petit plaisir de la vie.

Sois une oreille douce et attentive pour moi, car tu es la personne soignante la plus à l’écoute de mes demandes. Si je n’ai plus vraiment de force dans mes jambes, ne m’oblige pas à marcher, car dis-toi que je n’irai pas courir un marathon. J’ai déjà beaucoup marché dans ma vie.

Fais mes soins d’hygiène en t’imaginant que ce sont les fesses de ta mère ou celles de ton bébé. Tu verras à quel point ta main sera douce. Le soir au coucher, enveloppe-moi de mes couvertures, regarde-moi dans les yeux et rassure-moi d’une voix réconfortante. Tu partiras chez toi l’esprit tranquille et moi, je dormirai comme un bébé.

Pendant ta tournée, prends le temps de t’arrêter, pas même une minute, pour me serrer la main, déposer ta main sur mon épaule, me montrer que tu es là. Et prends le temps de regarder mes photos au mur pour, qu’avec le temps, on puisse parler et que je puisse me confier à toi. Remarque à quel point j’étais coquette, prends le temps de me peigner les cheveux et de me parfumer. Cela me fait plaisir. Lors du bain, une fois semaine, laisse mes vieilles mains caresser l’eau, car cela m’apaise  énormément.

Je sais que ton emploi est difficile, je l’ai moi-même exercé. Mais si tu es débordée, prends le temps de me dire que tu reviendras plus tard, et fais-le vraiment. J’espère juste que tu aimes ton métier car, si tu travailles pour la paie, je le ressentirai.  Et n’oublie pas que, sous cette vieille peau,  bat un cœur qui ne demande qu’à être aimé et respecté.

Je nous souhaite une belle relation car, sans le savoir, tu fais partie de ma famille. Tu penses peut- être que, derrière ma vision trouble, je ne vous vois pas courir d’un côté  et d’un autre. Mais, malgré mes yeux affaiblis, je reconnais ta persévérance et ton cœur grand comme le monde.

Si jamais je ne te le dis pas assez souvent, eh bien merci pour tout. La maladie ou le manque de temps que nous passons ensemble  m’empêche peut -être de le faire, mais je sais que tu es essentiel à mes besoins et qu’il n’y a que toi qui me connaisses si profondément. J’ai pu moi aussi, à travers mon métier, voir à quel point le cerveau est impressionnant. Le nombre d’informations que je pouvais retenir était vraiment époustouflant. C’est parce  l’amour d’un métier nous permet tellement de choses!

J’espère que tu auras du temps pour moi, mais pour toi aussi, parce que tu seras déçu d’avoir choisi un métier autant humain, mais si robotisé. C’est dommage et tellement triste à constater.

Je nous souhaite un milieu paisible, amical et à l’écoute de nos besoins.  C’est ce que toute vieille personne désire pour terminer ses vieux jours afin de pouvoir partir vers un monde meilleur.

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Par Véronique Desrochers

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