Folie Urbaine monologue cours

Monologue intérieur d’une fille qui court

J’haïs le jogging. Maudit que j’haïs ça! Fait longtemps que j’ai mis une croix sur l’idée de faire un marathon un jour. Quand je cours, j’ai juste l’impression de me dépêcher pour aller nulle part.

Mais, je m’obstine quand même à courir de temps en temps.

Pis quand je cours, je me parle.

Sans arrêt. Pendant toute la durée de la course.

Tout y passe.

Toute. Pour vrai.

Pis parce que j’ai envie de savoir si je suis normale, j’ai eu envie de partager le monologue intérieur qui prend d’assaut mon cerveau quand je cours.

Le voici donc…

– Je m’habille cute pour courir au cas où je croiserais quelqu’un que je connais.

– Voyons y’a pas un chat, je reste près d’un rang où y’a juste le golf de Céline et celui de Terrebonne près de la maison.

– Ouin, mais y’a quand même des golfeurs qui drivent des balles sur le bord de la route pis qui jettent un coup d’œil aux gens qui passent de temps en temps.

– Ok, bon je mets des shorts qui laissent voir mes belles jambes musclées, mais un top ben normal, une casquette pis des lunettes de soleil pour ne pas croiser leurs regards si jamais ils me regardent. De toute façon, je m’en fous, j’ai un chum pis je l’aime.

– Kessé que je mets comme musique dans mon iPod ? Pas trop de tounes lentes ou tristes. Mais j’ai quand même le goût de mettre la nouvelle chanson de Harry Styles même si elle me rend mélancolique. Mais c’pas grave, m’a mettre celle de Rocky pis de David Ghetta juste après. Pis m’a être full motivée.

– Maudit! Est où ma pochette pour attacher mon iPod sur mon bras ? Ah, elle est ici. Shit! Le fil de mes écouteurs est encore tout mêlé.

– M’as-tu la finir ma foutue playlist que je puisse partir pis en finir?

– Ah non, j’ai oublié de partir mon chrono. Je veux voir combien je peux toffer aujourd’hui. Plus qu’hier, j’espère. Ou au moins autant. Ah pis d’la marde, juste que j’aille courir deux jours en ligne, c’est déjà bon.

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Après 3 minutes de course…

– Calvaire, c’est sûr que j’bats pas mon temps d’hier aujourd’hui. Ça fait juste une toune pis je pompe déjà. Pis c’est quoi c’te toune-là pour commencer? J’aurais dû mettre celle de Harry en premier vu que c’est elle que je veux entendre en premier de toute façon. Pas celle de Rocky. Maudit mode aléatoire. Y respecte jamais d’ordre logique, lui.

– J’ai un point sur le côté. Respire Jen, concentre-toi sur ton souffle. Inspire, expire à un rythme régulier, tu le sais que c’est ça ton truc pour pas ressentir de point.  

– J’ai combien de tounes de passées? 4 tounes de 3 minutes environ, ça fait 12 minutes à peu près. Juste ça ? J’ai tu mis une toune de 5 minutes là-dedans? Sûrement. Ça se peut pas que ça fasse juste douze minutes. Pis non, je vais pas regarder sur mon chrono. J’ai pas le goût de gosser après ma pochette pour la replacer en courant.

– Hey y’a dont ben des golfeurs aujourd’hui! Shit, si je les regarde, ils vont penser que je les regarde pour me faire regarder. Regarde en avant Jen, t’aimes même pas ça, le golf anyway. Pis t’as un chum.

– Je commence à être tannée. Je r’vire-tu de bord pour retourner à la maison? J’ai fait à peu près 3 km, je pense, si je cours sans arrêt pour revenir aussi, ça va faire 6 km en tout. À peu près. Mon Dieu, faites que ça fasse 6 km. Vu qu’hier j’en ai fait 5. Je veux en faire 6 aujourd’hui.

– Ahhhh f***! Je n’avais pas prévu avoir le vent dans face pour revenir. L’idée aussi d’habiter dans un champ où y’a pas d’arbres ou de maisons pour couper le vent. Té capable Jen, t’as déjà la moitié de fait. C’est pas deux-trois rafales qui vont t’arrêter. Non. Y’a rien là. Y’avait du vent hier aussi. C’est pas une excuse.

– Hey, ça commence à bien aller, je pourrais continuer jusqu’à 7. Pourquoi pas? J’ai pas de point sur le côté, j’ai encore un peu de souffle. En tout cas, j’ai peut-être la face toute rouge, mais je ne sens pas comme si j’allais tomber par terre. Tant qu’à être pas pire m’a pousser la machine. Pis peut-être que le mode shuffle de mon iPod va m’envoyer des bonnes tounes pour me donner raison.

– Je vois ma maison. Encore un petit effort. Je passe-tu devant ou je continue?

– J’ai mal aux pieds. J’ai mal aux mollets. J’ai mal au bras.

– J’ai mal partout. J’haïs ça courir. Pourquoi je cours d’abord?

– J’ai soif. Chu tannée.

– Je veux encore écouter la chanson de Harry Styles. Mais elle est passée. Pis comme on a statué que le mode shuffle ne comprend pas mes états d’âme, il ne la remettra pas.

– Je suis toute mouillée. J’haïs ça, être en sueur. Même si ça me rassure parce que ça veut dire que j’ai travaillé fort.

– J’arrête? Je continue?

– Ah pis j’arrête.

– J’y retournerai demain.

Pis je vais mettre d’autres tounes sur mon iPod. Mais programmer celle de Harry au moins deux fois.

– Peut-être plus.

* Notez que le monologue intérieur de mon cerveau comprend plusieurs gros mots. J’ai été relativement sage dans l’écriture de ce texte pour ne pas être vulgaire.

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