Ephémere dépassée

Dépassée

Vas-y, la mère. T’es forte. Après tout, t’es une mère. T’es censée être la plus tough. La plus dévouée. La plus aimante. La plus dégourdie. La plus présente. Surtout depuis que ton chum est parti, tu assumes un peu le rôle des deux.

Mais là, ce n’est pas ça pantoute. Tu doutes. Tu te remets en question. Tu n’arrives pas à joindre les deux bouts. Tu te demandes chaque matin ce que tu vas servir comme déjeuner à ta progéniture. Tu cours pour aller les reconduire à l’école. Tu te dépêches d’aller au travail. Tu reviens essoufflée. Tu ne sais pas par où commencer le soir en arrivant chez vous. Tu sais que tu as deux beaux enfants à t’occuper. La vaisselle. Le ménage. Les bains. Les devoirs… Tu les aimes. Tu voudrais qu’ils ne manquent de rien.

Mais ce soir, le souper, c’est des céréales. Le bain ? Après tout, ils se sont lavés hier soir… L’épicerie ? On ira demain, il reste quand même quatre tranches de pain pour eux demain matin. Les comptes viennent de rentrer ? Demain, tu les paieras. Pas ce soir. Tu es fatiguée. Demain, ce fameux jour où tu penses que tout va se régler. Parce que c’est là, maintenant, que tu n’en peux plus.

Tu procrastines, la mère ! Mais que se passe-t-il ?

Ta tête est pleine. Pleine de vide. Tu te sens sur le mode automatique. Tu ne profites de rien. Tout est une obligation. Tu es dépassée par les besoins criants des enfants, t’en oublies même les tiens. En fait, tu n’as simplement pas le temps pour les tiens.

Pis là, tes amis te sollicitent. Un souper par-ci, une soirée par-là. Mais toi, tout ce dont tu rêves c’est une soirée en pantoufles et en mou. Avec une bouteille de vin. Une grosse bouteille de vin. Ou deux.

Tu ne te reconnais plus. Tes cheveux grisonnent. Ton mascara est « passé date ». Ton linge est passé de mode. Ton menu se limite aux toasts au beurre d’arachides le soir, c’est si réconfortant. Tes genoux craquent. Pis là, ça déboule. T’as tout le temps mal à la tête. Tu es dépassée.

Ben moi, je te comprends, la mère. Ce n’est pas facile de se ressaisir quand on a de la broue dans le toupet 24/7. Pis ce n’est pas vrai que tu dois toujours sourire. T’as le droit de pleurer. T’as le droit d’être brûlée. Pis ce n’est pas moi qui vais juger ta repousse ou ta queue de cheval mal attachée. Parce qu’à moi aussi, ça m’arrive. C’est humain. On ne peut porter le poids de l’Univers sur nos épaules et ne jamais tomber. Fais de ton mieux. Écoute tes sens. Prends le temps. Une journée à la fois. Et si c’est une heure à la fois, et bien ça sera ça. Seule avec beaucoup de responsabilités, ça vient lourd un moment donné. Tu dois prendre chaque minute de silence ou de calme et la savourer.

Pis après, ton entourage voudrait que tu te matches parce que ce n’est pas normal d’être toute seule ! Après tout, t’es tellement débrouillarde et investie ! Yeah right. Et où tu le prendrais, ce temps ? Ce temps précieux que tu perdrais à jaser des heures à des inconnus plus bizarres les uns que les autres sur des sites douteux de promesses d’amour éternel… non merci ! Aussi bien ramer toute seule. En pyj. Avec ta chevelure décoiffée et ton linge mou. Pis savourer le moment présent. Quand tu peux.

Tout ce que je peux te dire, la mère, c’est que tes enfants vont grandir, que tu vas te redécouvrir et que tu vas en rire dans quelques années. Je sais que ce n’est pas ça que tu veux entendre. Mais je sais aussi que c’est vrai.

Ne lâche pas. Je te soutiens…

Texte par Julie Lamerre

One Comment

  • Lyne Gagné

    Ouf! Julie… je me suis tellement vue dans chacune de tes phrases…

    Il y a des jours plus difficiles que d’autres. Mais chose qui est vraie, je me suis découverte. J’ai appris qui est Lyne. Et depuis, je tente de savourer la vie comme elle se présente. Les enfants grandissent, les responsabilités changent mais sont toujours présentes.

    Être Maman c’est pour la Vie.

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