petite chose

Petite chose

Bonsoir petite chose,

On se connaît pas encore mais ce soir, j’ai envie de te parler. Je sais même pas si tu es un garçon ou une fille. Ou autre chose, c’est toi qui vois. Parce que je te l’annonce tout de suite, tu auras le droit d’être ce que tu veux dans cette famille.

Je rêve de toi depuis longtemps. Depuis l’enfance, je crois. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu des enfants. Et pas juste un, hein? Au moins deux, tu sais. C’était pas toujours la joie avec mes frères et ma sœur, mais l’amour qu’on ressent les uns pour les autres aujourd’hui, maintenant adultes, est inexplicable. Je souhaite à tout le monde de ressentir ce genre d’amour et de connexion. Surtout à toi.

Ton petit frère est arrivé il y a 15 mois. Il s’appelle Loïc et il est vraiment génial, je suis certaine que tu vas l’aimer. Je me suis concentrée pas mal sur lui avant son arrivée, mais tu étais toujours là dans ma tête. Celui ou celle qui allait compléter ma famille, qui allait se chamailler avec Loïc, le consoler pendant les grandes peines et faire les 400 coups.

Sauf que tu vois, mon amour, on a beau planifier et prévoir, et ce, même depuis l’enfance, la vie, elle aime ça nous prendre de court. J’étais prête à l’accueillir, ton frère, par la grande porte, comme les autres, dans la douleur mais aussi dans l’amour et dans le calme. Sauf que c’est pas comme ça que ça s’est passé. Il y a eu de la douleur, oui, de l’amour aussi… mais aussi beaucoup de déroute, de la peur, de l’incompréhension, de l’inquiétude. Tu le sais pas encore, mais ce beau cocktail d’émotions troublantes-là, ça traumatise un petit peu. Ton petit frère, mon ange, est arrivé par l’autre porte. Celle qui s’ouvre avec un scalpel et qui empêche d’être fonctionnelle pendant un petit bout.

Alors tu vois, maman était pas mal déroutée par la maternité et la convalescence et, soudainement, elle était plus trop certaine que sa famille était pas encore finie. Les évènements difficiles, c’est pas toujours tentant de les revivre alors on évite autant qu’on peut. La peur, ça paralyse et je t’ai donc placé dans un petit recoin de mon esprit quelque temps. Pas pour toute la vie, ne t’inquiètes pas. Juste le temps que je recommence à fonctionner, à être moi-même. Le temps que les beaux moments passés avec Loïc effacent les mauvais souvenirs de son arrivée et que ça devienne la plus belle aventure qui soit. Le temps aussi que maman réalise comment ton papa est présent, rempli d’amour et parfait.

Les mois ont passé, ton frère marche presque maintenant. Il a 5 dents et il mange des carottes crues. Maman a trouvé un milieu entre être ta future maman, la maman de Loïc, l’amoureuse de papa et Marie-Michelle. Ta maman va bien, mon amour d’amour.

On est pas encore tout à fait prêt à ton arrivée, mon loup. Mais hier soir, quand maman a découvert à la salle de bain qu’on allait passer un autre mois sans ta présence dans le creux de son ventre, elle était un petit peu déçue… juste un petit peu.

On progresse, non?

À bientôt, petite chose.

 alix marcoux

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