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Hey, merci d’être encore là.
Après toutes ces semaines, j’imagine que j’ai perdu quelques lecteurs au passage.
Je peux comprendre, ce n’est pas particulièrement palpitant comme mésaventure.
Je suis passée par une gamme d’émotions, mais c’est quand même principalement moi qui les ai vécues. Alors, je crois que c’est pour ça, à la base, que j’ai commencé à me confier ici : ça me faisait du bien d’extérioriser mes émotions quelque part.
Et je me suis dit que s’il y avait au moins une personne à qui ça faisait du bien de me lire, ce serait déjà ça.
Donc voilà, merci de t’intéresser à mon quotidien des 3 derniers mois.
Parce que oui, ça fait déjà 3 mois que j’ai subi mon accident.
3 mois qui me paraissent tantôt 3 ans, tantôt 3 jours.
Les souvenirs de la chute repassent encore trop souvent en boucle dans ma tête. Chaque plaque de glace croisée sur ma route est abordée comme une grenade menaçant de faire exploser le sol sous mes pieds. Je ne regarde plus devant moi, je regarde par terre. Alors n’espère pas trop croiser mon regard, je suis occupée à regarder où je mets les pieds.
La physiothérapie se déroule bien, grâce aux bons conseils d’Emmanuel qui se réjouit de mes progrès et répond à mes questions chaque fois que je me demande si c’est normal ou pas. J’ai même recommencé à m’entraîner en douceur, dans la piscine près de chez moi, afin de retrouver un peu de mon ancienne vie.
J’ai revu mon médecin il y a quelques jours.
Elle a prolongé mon congé pour 6 autres semaines.
Il y a moins d’un mois, j’aurais peut-être eu une mauvaise réaction à l’annonce de ce prolongement, mais là, ça va.
Je suis bien consciente que je ne suis pas encore assez forte physiquement pour passer mes journées à m’occuper des enfants, passer d’un étage à l’autre à la garderie et subvenir à leurs besoins sans ressentir de douleur.
Le seul petit moment d’angoisse que j’ai ressenti à la suite de cette annonce, c’est d’aller l’annoncer à ma patronne et mes collègues de travail. J’ai beau n’avoir ressenti aucun jugement de leur part depuis mon accident, j’entretiens quand même beaucoup de culpabilité d’avoir laissé en plan mes cocos, leurs parents et mes collègues pour me reposer pendant ces longues semaines.
Lorsque je suis tombée, je n’aurais jamais cru que cette convalescence serait aussi longue. Je ne croyais pas que je déserterais mon lieu de travail aussi longtemps, même si certaines personnes me disaient le contraire.
Alors lorsque je suis allée porter mon petit papier annonçant la prolongation de mon inaptitude au travail, j’étais un peu stressée de les sentir exaspérés par ma situation. J’avais peur qu’on pense que je prolonge mon arrêt juste parce que j’ai envie de rester en congé quelques semaines supplémentaires.
J’avais peur qu’on pense que j’y prenais goût et que je désirais profiter du fait que je suis payée pour rester chez moi, qu’on pense que je ne faisais pas tout pour retrouver la forme et revenir au plus vite.
Mais c’est souvent quand on appréhende ou anticipe les choses que la vie nous surprend ou nous fait comprendre qu’il ne sert à rien de s’en faire trop vite.
Ce jour-là, j’ai été accueilli par le sourire chaleureux de mes collègues et de ma patronne, les yeux brillants des enfants et le sentiment que je leur manquais. Le sentiment que ma place était toujours parmi eux, mais temporairement mise de côté.
Le poids venait de quitter mes épaules et la boule dans ma gorge s’est miraculeusement envolée.
J’avais hâte d’y retourner, mais je pouvais prendre le temps qu’il fallait pour guérir.
À suivre…