Sueurs froides. Cheveux blancs. Cernes.
J’énumère souvent ces mots à la blague pour décrire comment je me sens face à mon petit deuxième. Mon beau garçon. Ce mini guerrier qui rêve d’autonomie dans toutes les sphères de sa vie. Mon aventurier curieux qui aime explorer l’interdit. Mon bébé téméraire mais prudent, qui sait se faire entendre du haut de ses 18 mois. Ce petit être intense, impatient, déterminé, mais ô combien extraordinaire. Ces derniers temps, je réalise à quel point la maternité a accentué mon côté anxieux. Je dois cela à toutes les badlucks que j’ai vécues lors de ma première grossesse et qui m’ont causé un stress post-traumatique. Alors que je tente de fuir les hôpitaux autant que je le peux, parce que j’y ai été beaucoup trop souvent dans les dernières années, je dois malheureusement encore m’y rendre régulièrement pour des suivis avec mon garçon et chaque fois, je sens l’angoisse s’infiltrer dans tous les pores de ma peau. Principalement, parce qu’on a tendance à être des cas «on n’a pas vu ça souvent, on ne sait pas trop la cause», ce qui n’aide en rien mon besoin d’avoir le contrôle sur les informations et la situation. J’ai donc remarqué que j’ai souvent le pied sur le frein à m’inquiéter du moindre signe qui me sort de ma zone de confiance. Je dirais qu’à la longue, j’ai développé des petites tendances d’hyper vigilance qui sont parfois épuisantes sans le savoir pour mon quotidien et celui de mon entourage.
Mon garçon est mon contraire. Il n’a peur de rien. Il croque dans la vie. Il fonce. S’il tombe, il se relève. Il veut tout essayer, tout faire comme sa grande sœur. Souvent, je le trouve trop petit pour tenter l’expérience, mais chaque fois, il me surprend. C’t’un petit vite. Il est même plus rapide que son ombre. Sans joke. Le hic c’est qu’on n’a pas le même rythme et parfois ça m’épuise de le suivre. J’ai longtemps eu le sentiment de ne pas être capable de gérer sa fougue, son intensité. Premièrement, parce que c’est très difficile physiquement et psychologiquement de suivre le rythme d’un bébé naissant qui dort peu pour ne pas dire presque pas. Allô à l’apparition de mes premiers cernes (même si je compte sur une seule main mes nuits sans interruption en quatre ans, jamais je n’en avais eus avant). Ensuite, parce que mon cœur fait souvent plus d’un tour lorsque je le vois debout sur la bay window du haut de ses 12 mois, debout sur la table de la cuisine, debout sur une chaise qui roule, debout sur un escabeau, debout toujours et partout. Mes cheveux blancs ont drastiquement augmenté depuis sa naissance. Coïncidence ou pas? Finalement, parce que depuis qu’il est bébé lorsqu’il pleure, il pleure intensément. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû lui souffler dans le visage pour qu’il respire et cette situation augmente mon stress chaque fois. Alors imaginez comment je me suis sentie lorsqu’il a, tout récemment, été tellement contrarié qu’il a pleuré intensément pour ensuite virer bleu et tourner de l’œil; ce qu’on nomme spasme du sanglot.
Lorsque je suis dans le moment présent de ces situations, je me sens souvent dépassée de vivre ces extrêmes. Étant 24 h sur 24 à la maison avec mes enfants, je ne vous cacherai pas que je suis souvent épuisée à la fin de mes journées. Mes nuits ne me permettant pas de me reposer à 100%. J’ai souvent l’impression d’être trop anxieuse et fatiguée pour accueillir sa soif d’aventure et son désir profond d’autonomie.
Pis après je m’arrête. Je le regarde rire, courir, grimper, expérimenter, le tout sous mon œil attentif pis je le trouve beau, allumé, parfait. J’ai la conviction profonde que grâce à son contact, je vais devenir une meilleure maman et une meilleure personne. Il me fait tellement travailler sur moi-même. Il m’enseigne le lâcher-prise, à vivre le moment présent, à ne pas vivre dans la peur et l’angoisse, à respecter mes limites, à accueillir sa ténacité, à faire confiance. Je suis encore loin de la note de passage, mais j’apprends chaque jour. Et hey! Je me donne aussi le droit de trouver certaines journées dures et épuisantes. J’ai appris à ne pas me juger. Je sais que ça n’enlève rien à ma qualité de mère.
Alors à toi mon mini guerrier qui rêve d’autonomie. Mon petit aventurier curieux qui aime explorer l’interdit. Mon bébé téméraire mais prudent qui sait se faire entendre du haut de ses 18 mois. À toi mon petit bébé intense, impatient, déterminé, mais ô combien extraordinaire. Même si je l’oublie souvent, je sais que j’ai tout en moi pour te suivre, te soutenir et t’accompagner dans ta soif de vivre librement. Après tout, je suis aussi une maman guerrière. Alors continue de me faire voir la vie de belles couleurs. Tu me fais sentir vivante.
Merci mon gars!