Lorsque je suis devenue maman, j’ai eu la chance d’avoir un bébé tout doux, souriant, charmant. Être sa maman était d’une facilité déconcertante. Elle m’a permis d’avoir une introduction toute en douceur à la maternité. À l’arrivée de mon deuxième enfant, j’étais convaincue que les comportements de mon premier enfant n’étaient que le reflet de mon savoir-faire. Mais quelle erreur! Bébé deux a donc été toute une leçon d’humilité, puisqu’elle était un bébé agité, qui dormait peu et pleurait beaucoup (tout en étant absolument charmante elle aussi, je vous rassure). Je n’arrivais pas à la laisser pleurer jusqu’à ce qu’elle s’endorme, malgré le fait qu’on me le suggérait parfois. Mon corps en entier disait que cette méthode ne fonctionnerait pas pour nous. C’est alors que j’ai découvert que d’autres parents étaient comme mon conjoint et moi, qu’il existait une autre façon de voir les choses, qu’on n’était pas obligés de passer par le fameux «5-10-15» pour passer de meilleures nuits, tout en respectant mes valeurs profondes. C’est grâce à Elizabeth Pantley et son livre «Un sommeil paisible et sans pleurs» que j’ai fait mes premiers pas dans l’éducation bienveillante, aussi appelée parentalité positive.
Pour vous situer un peu, je vous offre ma propre définition de la parentalité positive : l’enfant est au coeur de la relation parent-enfant. Cette façon de voir les choses permet de remettre en question cette idée que le parent a toujours raison, que l’enfant doit obéir sans questionner. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans une position d’autorité pour avoir la coopération de l’enfant. C’est de faire en sorte que l’enfant agisse puisqu’il sait que c’est le bon comportement à avoir et non parce qu’il se sent obligé de le faire ou qu’il a peur d’une conséquence. Cela demande une grande écoute de la part de l’adulte et demande une meilleure connaissance des émotions, tant chez l’enfant que chez le parent. Cela demande aussi de développer son empathie, afin de comprendre les comportements de l’enfant, selon son développement. C’est accroître sa bienveillance envers soi et envers les enfants. Ce qui est intéressant à savoir, c’est que cette façon de voir les choses est appuyée de plus en plus par les recherches en neurosciences*.
Ce qui est génial de cette «méthode», c’est qu’elle peut s’adapter et s’intégrer à votre vie de famille, que vos enfants ne soient encore qu’un projet futur ou qu’ils aient 15 ans. Par contre, certaines lectures qui seront suggérées dans ma liste, correspondent mieux à certaines tranches d’âge. Aussi, j’ai pensé vous présenter mes livres de prédilection en tant que parents, mais aussi quelques suggestions à lire avec les enfants, pour qu’eux aussi puissent apprendre à mieux se connaître et ainsi mieux interagir.
Voici sans plus tarder, ma petite bibliothèque bienveillante.
J’ai tout essayé!» – Isabelle Filliozat, ilustré par Anouk Dubois
C’est le premier livre que je me suis procuré qui parlait directement de l’éducation bienveillante. Mme Isabelle Filliozat est une psychothérapeute, spécialisée dans le développement psycho-affectif de l’humain. C’est une auteure prolifique, qui se concentre sur les émotions ressenties et utilise une approche non-violente. Cet ouvrage illustré nous montre des mises en situation réalistes de la vie avec des enfants d’un à 5 ans. Ce qui est intéressant, c’est la présence de bulles explicatives du ressenti de l’enfant. Elles permettent le développement de l’empathie face au vécu du petit, de se mettre à sa place. Aussi, on y explique les zones du cerveau qui sont sollicitées dans les interactions où l’enfant doit obéir, est en opposition ou encore est en crise. Ce livre a été une ressource inestimable lors des premières années de vie de mes enfants. Bien qu’elles soient plus vieilles maintenant, il reste que ce bouquin est ma première référence et me ramène à l’essentiel. Je le recommande chaudement.
Il me cherche» – Isabelle Filliozat, illustré par Anouk Dubois
Suite du précédent livre mentionné plus haut, «Il me cherche» parle des comportements et de ce qui se passe dans le cerveau des enfants de 6 à 11 ans. Toujours illustré par Mme Anouk Dubois, on nous montre encore des mises en situation, avec en aparté, les réflexions de l’enfants sur la situation donnée. Ce livre travaille toujours à développer notre empathie envers nos enfants. À la lecture de ce livre, j’ai continué à voir l’évolution de ma pensée. Tout fait tellement sens une fois qu’on l’a appris.
Les auteures ont développé depuis les années 1970, une méthode de communication entre parents et enfants qui permet une meilleure compréhension et collaboration des uns et des autres. Ce livre m’a été suggéré à maintes reprises. C’est le genre d’ouvrage qui aide à une réelle introspection face à nos réflexes de parent. Il est rempli d’exercices à faire, en plus d’images mettant en scène des situations du quotidien. Il déborde d’exemples réels, inspirés de témoignages de parents qui ont suivi les ateliers avec elles. Un livre pratique, fait avec sensibilité. Il m’a permis de mettre en perspective ma façon de m’exprimer vis-à-vis de mes enfants, à être plus sensible au choix des mots et de ton, en plus de me questionner sur ce qui est vraiment important à faire dans une famille, pour un mieux-vivre ensemble.
Si vous cherchez à avoir des condensés d’informations sur l’éducation positive et avoir une vie familiale plus harmonieuse, vous pouvez aussi consulter Les 50 règles d’or de l’éducation positive – Bénédicte Péribère, Solenne Roland-Riché.
Les 50 règles d’or pour ne pas s’énerver – Sophie Dominique Rougier
Du côté des enfants maintenant, j’ai quelques suggestions à vous proposer. Ce sont tous des livres qui sont autant appréciés par mes enfants que par moi.
La couleur des émotions – Anna Llenas
Si vous ne devez choisir qu’un seul livre pour aider vos enfants à se comprendre, je vous suggère celui-ci. Il m’avait été fortement proposé par une enseignante de prématernelle de mes enfants. De plus, il était utilisé dans le cadre de l’école. C’est un livre fabuleux où un monstre, tout emmêlé dans ses émotions, se fait aider par son amie. Ainsi, chaque émotion est illustrée et expliquée. Cet exercice permet aux enfants de mieux reconnaître ce qui se passe dans leur coeur, dans leur tête et dans leur corps. En plus, c’est un très bel ouvrage. Je l’adore!!
Le loup qui apprivoisait ses émotions – Orianne Lallemand, Éléonore Thuillier
Dans le même sens que le précédent, il s’agit d’un livre qui permet d’expliquer les différentes émotions. Le loup a l’impression d’être sur le point d’exploser tant il se passe de choses en lui. Ses amis l’aident donc à découvrir différentes techniques pour se recentrer et se calmer. C’est un bel outil, puisqu’on y trouve des exemples concrets de ce qui peut aider un enfant quand il sent que ça déborde.
Guide d’entraînement pour apprivoiser son lion – Marianne Dufour
Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un guide pratique afin d’aider à être plus calme et mieux comprendre la colère. Un des grands principes, mais aussi défis de l’éducation bienveillante, c’est d’accepter toutes les émotions comme étant valables et correctes. Pourtant, la colère reste celle qui provoque le plus de réactions négatives, tant chez les parents, les autres adultes qui entourent l’enfant, mais aussi parfois auprès des autres enfants. Ce livre donne des trucs pratiques et imagés, afin de permettre à l’enfant d’apprendre à mieux exprimer son ressenti, et accepter la colère comme une émotion comme les autres. Ce livre a aidé mes enfants, mais aussi mon conjoint et moi. Les illustrations sont ludiques et les explications sont claires et faciles à comprendre.
Les petites histoires Filliozat : Les colères – Virginie Limousin, Isabelle Filliozat et Éric Veillé
Ma plus récente acquisition. Ce livre est apparu en octobre dernier seulement. Il s’agit de trois histoires qui racontent des situations qui peuvent provoquer la colère chez les enfants. Chaque histoire est illustrée sous forme d’un album pour enfants avec une conclusion pour les adultes. Les trois histoires montrent aussi les solutions et outils pratiques pour aider à résoudre les conflits et retrouver l’équilibre. C’est un livre qui fait confiance en l’intelligence des enfants, afin qu’ils puissent réutiliser les apprentissages dans leur propre vie. Très pratique aussi pour les parents, puisque bref et plein de bon sens. Je suis très contente de cette découverte tout nouvelle.
Alors voilà, vous connaissez maintenant une partie de mes livres de référence quand vient le temps de me rafraîchir la mémoire. Je dois vraiment vous dire que l’éducation positive est un processus, un chemin à suivre, et non un objectif absolu à atteindre. Chaque famille est différente, chaque histoire est différente. Par contre, les violences éducatives ordinaires existent bel et bien et les réduire au maximum serait l’idéal, pour le bien-être des enfants, qui deviendront des adultes sensibles, en meilleure connaissance d’eux-mêmes. J’ai personnellement fait l’erreur de me culpabiliser beaucoup pendant très longtemps, parce que je n’arrivais pas à rester aussi calme que ce que je souhaitais. S’en suivait une roue sans fin où j’étais en colère contre moi-même, donc plus irritable et la mèche courte, ce qui faisait en sorte que je me mettais en colère plus vite contre mes enfants. Un cercle vicieux qui aurait pu être sans fin. La bienveillance commence par soi. Si l’on n’arrive pas à s’offrir à soi de l’amour et le pardon, comment s’attendre à ce que nous soyons capables de les montrer pleinement à nos enfants? Ils apprennent beaucoup par nos propres comportements, par imitation. De toute façon, c’est le plus beau cadeau à s’offrir que d’être capable de se voir avec amour, -dans les bons et moins bons moments. J’espère que mes suggestions vous plairont et feront peut-être germer en vous cette envie de découvrir encore plus cette façon de voir l’éducation.
Bonnes lectures!!!
P.S. Vous pourriez aussi aimer les ouvrages de Catherine Gueguen, Marshall B. Rosenberg, Sura Hart et Victoria Kindle Hodson.
*https://apprendreaeduquer.fr/preuves-neurosciences-education-bienveillante/
One Comment
Jocelyne Blais
Toujours aussi bien écrit, bien documenté. Bravo Catherine!l