la reconstruction

La reconstruction de mon p’tit monde (partie 2)

Contrairement au printemps dernier, les points de presse du ministre Legault, je ne les suis plus.

Je ne sais même plus quand sa face est supposée s’afficher dans mon écran.

Ou pas.

Cependant, aujourd’hui, le 25 septembre, à exactement 13h36, ma Apple Watch vibra :

« Tout le grand Montréal, incluant la Montérégie, passe en zone orange, en raison de la multiplication des éclosions et la hausse des hospitalisations. »

À ce moment, j’étais en réunion avec tout le staff de l’école pour laquelle je travaille.

J’peux vous dire en toute franchise que ma concentration a pris le bord assez vite.

Le orange tire sur le rouge et ce n’est pas pour rien :

Ça vous rappelle que c’est alarmant comme couleur.

Pas trop.

Mais juste assez pour entendre un tintement de cloche agressant nous rappelant que l’urgence n’est pas si loin qu’elle semble l’être.

C’est un peu comme l’écriteau dans le miroir de notre voiture qui nous rappelle que les objets sont plus proches qu’ils en ont l’air.

13h58 :

« Pas de contacts sociaux durant 28 jours, demande Dubé ».

C’est vrai, le ministre est en quarantaine parce qu’il a été en contact direct avec quelqu’un ayant testé positif à la COVID-19, alors on se doit d’écouter les recommandations de ce bonhomme Dubé.

Le meeting auquel j’assistais continua de plus belle,

Les enseignants ayant eux-mêmes de la difficulté à respecter le tour de parole qu’ils ont l’habitude d’enseigner sans relâche en septembre, continuèrent à s’interrompre, car le nouveau portail ne représentait pas ce dont à quoi ils s’attendaient :

« Je ne vois pas où sont les anniversaires de mes élèves. »

« J’ignore où se trouve l’endroit pour inscrire un avertissement dans le dossier d’un de mes étudiants. »

14h35 :

« Bonjour, je souhaite que mon enfant porte le masque en tout temps vu le changement de couleur. C’est pour diminuer les risques pour ses petits frères et sœurs. Il va de soi que si mon enfant est assis à son bureau et à 2 mètres de distanciation des autres, il peut retirer son couvre-visage. »

Ma montre ne cessa pas de grouiller pendant plus d’une heure.

Tout comme mes jambes.

Et le reste de mes pensées d’ailleurs.

Je me dirigeai machinalement à mon local une fois la rencontre terminée.

Je fis comme si de rien n’était.

Je continuai de planifier, d’imprimer et d’organiser ma classe en me convainquant que j’y serai jusqu’en juin.

Ça me rappela mes questionnements de début d’année en août :

« Je me donne la peine de décorer ma classe comme si c’était ma deuxième demeure, mais pour combien de temps? »

C’est à peine si mes collègues et moi n’avons pas ouvert un pool prédisant la prochaine fermeture de l’établissement scolaire pour lequel nous besognons.

Les plus optimistes vous diront que les portes resteront ouvertes jusqu’en juin.

D’autres prévoient une fermeture en novembre.

Tandis que certaines affirment que l’Action de Grâces aura un effet boule de neige sur les éclosions.

Et moi vous me demanderez?

On me compte parmi celles qui se croisent les doigts que l’école ne ferme pas du tout.

Maintenant que j’ai remis les pieds dans mon milieu de travail, je ne veux plus le quitter.

Je vous mentirais si je vous disais que je ne m’endors pas avant 21h presque chaque soir.

Ce n’est pas reposant en effet.

Sauf que j’aime mon groupe.

Je me passionne pour mon boulot, mais j’aime encore plus l’effet de normalité qu’il me procure en ce temps de pandémie.

Et en ce retour des journées plus grises bousculant les émotions de tous dû à ce manque de soleil entre autres.

Shany signature

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