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J’ai longtemps repoussé le moment où j’écrirais ces lignes.
Comme un dossier qu’on a envie de reporter… ou même de ne jamais s’en occuper. Il s’en est passé des choses depuis ce jour fatidique du 19 novembre 2018 où une cr**** de plaque de glace a tout changé… à jamais.
Je m’excuse pour les gros mots à peine camouflés, je suis encore fâchée. Je pense que je le serai toujours.
Certains me diront d’en revenir. Je m’en fous.
Faire le deuil de quelque chose que t’as perdu, c’est propre à chacun de le vivre comme il l’entend. Et si ça m’a pris une série complète d’articles pour arriver à amorcer ce deuil une bonne fois pour toutes, ben ça sera ça.
D’ailleurs, que vous soyez encore là à me lire, plus de deux ans après le début de cette chronique, me fait chaud au cœur. Ce journal de convalescence, comme j’aime maintenant l’appeler, m’aura permis d’extérioriser ce que je vivais et surtout, de trouver beaucoup de réconfort dans le fait de laisser une trace quelque part de ce que j’ai vécu. Bien que j’aie rarement envie de relire ce que j’ai écrit, il m’arrivera sans doute un jour d’avoir besoin de me rappeler ce que j’ai traversé lors de cette période difficile.
Alors je me lance, bel et bien pour la dernière fois, dans le récit des derniers développements.
Mon retour progressif au travail s’est amorcé le 1er novembre dernier et s’est prolongé jusqu’à mon retour complet le 18 janvier. J’ai dû complètement me réhabituer à mon quotidien d’éducatrice malmené par la COVID, tel que mentionné ICI. Mes journées sont longues, difficiles et mon corps réagit tout autant que ma tête à cette nouvelle réalité.
Lors de mon rendez-vous à la mi-décembre avec l’orthopédiste, j’ai vécu un grand moment de découragement puisqu’il a duré 12 secondes et à part évoquer l’idée de rouvrir mon pied une troisième fois si je continuais à sentir mon tendon glisser, je n’ai pas eu d’autres informations de sa part. Je suis sortie totalement décontenancée par le peu de solutions envisagées et de mots échangés.
Le temps allait une fois de plus devoir faire son œuvre avant de savoir si on allait dans la bonne direction.
J’ai pu avoir 12 jours de vacances pendant le temps des Fêtes au cours desquels je me suis reposée. J’ai passé de merveilleux moments en famille. Même si je venais tout juste de recommencer à travailler, ces journées m’ont fait un bien immense. Un peu comme si je préparais mon corps et ma tête aux longs mois d’hiver qui m’attendaient.
Hélas, 2021 s’est amorcée de la même façon que 2020, sous le signe de la COVID avec l’imposition de nouvelles mesures dont un couvre-feu. Janvier s’annonçait long et pénible, et mon rendez-vous avec l’orthopédiste n’était que le 27 janvier.
J’ai repris le travail à temps plein tout en conservant quelques rendez-vous avec ma physio afin de préparer le «après». Je tiens d’ailleurs à remercier Julie (qui a pris la relève de Manu) pour son support et son écoute depuis le mois de septembre. J’ai vraiment eu la chance d’être bien épaulée par cette équipe depuis le début des traitements il y a deux ans.
J’ai passé un mois difficile, naviguant entre ma traditionnelle déprime saisonnière de janvier, les changements hors de mon contrôle au travail, les nouvelles mesures et la cheville qui s’habitue encore trop tranquillement aux surfaces inégales causées par la neige. J’ai pleuré à quelques reprises et j’en ai voulu au monde entier avant de me parler et de me ressaisir parce qu’il était hors de question que je continue à me morfondre de même sans rien faire.
Le matin de mon rendez-vous à l’hôpital, j’ai pris calmement la route avec la conviction que cette fois-ci, ce serait la dernière fois que j’allais voir mon orthopédiste. J’étais prête à entendre ce qu’elle avait à me dire et commencer mon deuil une fois pour toutes.
Le verdict a été le suivant : consolidation de mon dossier. C’est-à-dire que, selon elle, il n’y a plus rien à faire à court/moyen terme. J’ai retrouvé environ 85 % de mes capacités et il est possible qu’avec le temps, ça s’améliore encore. Elle a écrit sur son rapport que je garderai officiellement des limitations et des séquelles permanentes.
À la suite de la suggestion de ma physio, elle m’a prescrit une orthèse que je porterai lors de mes longues marches ou quand le sol sera plus instable comme dans la neige. Un médecin de la CNESST s’occupera de mon évaluation pour déterminer le pourcentage de limitations et de séquelles afin de faire le rapport final.
Je dois retourner voir mon orthopédiste dans 6 mois et je dois m’informer auprès de mon agent de la CNESST de la suite des procédures.
Est-ce qu’un jour je retrouverai une cheville qui me permettra de courir, de recommencer à enseigner la Zumba et de retrouver le corps que j’ai déjà eu?
Je n’en sais rien. L’espoir s’amenuise avec les années qui passent, mais j’essaye quand même de lui laisser une petite place dans mon cœur quelque part.
Je tiens vraiment à remercier tous ceux qui m’ont lu, qui m’ont écrit pour m’encourager et prendre des nouvelles. Votre support a été essentiel dans tout ce processus.
Maintenant, je dois essayer de mettre tout ça derrière moi.
Une amie physio m’a dit il y a quelques semaines : «Quand tu ne penses plus à ta blessure tous les jours, t’es sur la bonne voie».
C’est ce que je vais essayer de faire…