J’ai 24 ans, et oui je suis en arrêt maladie.
Pas depuis quelques jours ou quelques semaines. Non. Si seulement. Je suis en arrêt maladie depuis 1 an et demi.
Je me suis blessée au travail et depuis j’ai une entorse lombaire qui m’empêche de fonctionner dans mes tâches au travail et dans ma vie personnelle. Les gens ne savent pas ce que je ressens à l’intérieur. À chaque fois que je sors de chez moi j’ai peur qu’on me dise « ah tu vas très bien, tu fais juste semblant pour ne pas aller travailler ». Personne ne sait qu’à chaque fois que je fais un pas, j’ai mal, personne ne sait que laver mes planchers est ce qu’il y a de plus atroce à faire pour moi.
Parfois j’endure, je me tais. Pour la simple et bonne raison que j’ai envie d’être comme tout le monde.
Je n’ai pas envie d’être dépendante des autres à chaque seconde. Je n’ai pas envie d’être toujours obligée de demander de l’aide. J’aimerais ne plus avoir mal quand je me penche pour rincer ma bouche quand je me brosse les dents. J’aimerais pouvoir aller marcher aussi longtemps que je le souhaite. Pouvoir conduire sur de longues distances sans avoir mal à mon nerf sciatique et pouvoir aller faire du sport. Vous ne savez pas ce que ça fait d’être assis là à 24 ans sans savoir ce qui va se passer.
Sans savoir si mon dos un jour guérira.
Sans savoir si je devrai changer de travail ou subir des opérations ou des infiltrations. Avoir des rendez-vous toutes les semaines de physiothérapie et d’ergothérapie. Des professionnels de la santé qui te voient chaque semaine et pourtant qui ne voient jamais de changement ni d’amélioration. C’est aussi d’avoir peur de retourner travailler, peur que les collègues pensent que tu les as abandonnés, peur que tes patrons soient fâchés contre toi d’être en arrêt depuis si longtemps.
Être en arrêt maladie, c’est vivre dans la peur continuellement. Peur d’avoir plus mal, peur de ne jamais guérir, peur d’être jugée ou incomprise. À chacun des rendez-vous avec le médecin ou un autre spécialiste, j’ai peur. Peur qu’on me dise de retourner travailler car je sais que je ne suis pas à ma pleine capacité et que chaque jour est difficile. Peur qu’on me dise que ma douleur est mentale, que je suis folle, que tout ça est dans ma tête. Mais aussi la peur qu’on me dise que je reste encore en arrêt. Que je reste encore sur pause à me demander quand les choses évolueront. Quand les choses s’amélioreront. Quand je pourrai enfin dire que j’ai franchi cette épreuve, que j’y suis arrivée et que maintenant je continue d’avancer.
J’ai 24 ans … ma vie commence et pourtant je ne sais pas où je m’en vais.