17 ans

17 ans – La 1ère fois où j’ai manqué d’argent

Aussi contradictoire que cela puisse paraître, j’ai une relation correcte avec l’argent aujourd’hui, parce que j’ai eu la chance de m’endetter jeune.

À 16 ans, forte de ma première vraie «job», ma mère a voulu que je débute immédiatement le processus de construction d’une bonne et solide cote de crédit. Le crédit étant ce qu’il est, autrement dit, que personne ne veut vous prêter quand vous n’avez pas d’historique (!?!?!), ma mère m’a endossée pour une carte de crédit étudiante dont je m’enorgueillissais beaucoup plus de sa superbe couleur verte-flash-transparente que sa limite de 500$.

Je ne comprenais pas grand chose à l’intérêt que représentait le fait d’avoir une carte de crédit (pun intended!) : je savais faire la différence entre elle et ma carte débit, en ce sens que la carte débit débitait mon compte immédiatement, alors que la crédit générait une facture que je recevrais à la fin du mois. J’alternais donc au gré du vent l’utilisation de mes cartes et je payais mon «bill» de crédit quand il rentrait chaque fin de mois.

Sauf que là, j’ai commencé le cégep. Exit la job de caissière, l’horaire de mes cours n’étant pas modifiable. Et là, à l’arrivée de ma facture du mois de septembre… oups!

Malgré le fait que j’avais dépensé outrancièrement, j’avais quand même cumulé un bon pécule de ma job d’été. J’ai donc été en mesure de rembourser cette facture en totalité. Par contre, le solde amaigri de mon compte bancaire me laissait un arrière-goût amer.  Et quand la facture d’octobre est arrivée, j’ai aussi été en mesure de la payer en entier, cependant, les 30$ restants dans mon compte ne me laissaient rien présager de bon pour les semaines à venir…

À 17 ans, d’octobre à décembre, j’ai vécu ce qu’était le fait de ne pas avoir de marge de manœuvre financière, même si mes besoins de base étaient entièrement comblés et que je recevais de mes parents une allocation hebdomadaire. J’ai tout de même ressenti la frustration de ne pas pouvoir me payer la poutine à la caf du cégep, le stress quand quelqu’un de la gang proposait une sortie au cinoche ou au resto, mais surtout, j’avais une amertume par rapport à toutes ces bébelles sur lesquelles j’avais flambé mes payes (DVDs au plein prix, bijoux cheaps de chez Ardène, vêtements stylés pas super confos, biblos edgys) et qui ne me procuraient plus tant de bonheur que ça (et qu’il fallait tasser pour épousseter).

J’ai regardé le temps des Fêtes s’en venir avec appréhension et quand mes parents m’ont demandé ce que je voulais pour Noël, j’ai ramassé mon courage à 2 mains pour leur laisser savoir que j’aimerais bien regarnir mon compte bancaire plutôt que d’avoir des nouveaux CD. J’ai fait cette demande en sachant que ma mère DÉ-TES-TE donner de l’argent.

Ça a donné lieu à de la jasette et j’ai exposé à mes parents la situation : ma carte de crédit était payée au complet et traînait dans un tiroir depuis 2 mois, je ne payais mes trucs qu’avec ma carte de débit ou comptant (merci pour mon allocation hebdo qui m’octroyait une vie sociale). Non, je n’avais pas emprunté auprès de mes amis ou de ma grand-mère, mais j’étais assez misérable de toujours calculer mentalement si j’avais assez de tunes pour faire ce que je voulais faire.

J’ai été luckée en maudit pour plusieurs raisons : 1- j’avais été capable de payer ma dette en entier: ma prise de conscience sur mes finances avait été rapide et je n’avais pas causé de forts dommages à mon avenir en m’endettant ; 2- mes parents m’ont boosté mon allocation hebdo en échange de quelques tâches ménagères de plus ; 3- ils m’ont donné pas loin de 700$ à Noël cette année-là ; 4- dans le temps des Fêtes, j’ai pu reprendre ma job étudiante = entrée d’argent! ; 5- mon cerveau a retenu la leçon et je n’ai plus jamais dépensé sans compter depuis.

Il y a d’autres raisons qui font qu’aujourd’hui je m’en sors bien avec l’argent, mais cette première expérience a été particulièrement formatrice et elle a servi à poser les bases de la relation que j’entretiens avec l’argent aujourd’hui.

Ça paraît paradoxal, parce qu’une fois que j’ai eu à nouveau de l’argent, j’ai cessé de dépenser (du moins, je ne dépensais plus avec autant de désinvolture). Mais je crois que l’idée première que j’ai retenue de cette situation, c’était que PLUS JAMAIS je ne voulais vivre une situation où je n’aurais pas la possibilité de CHOISIR.

C’est surtout ça que je retiens de ma relation avec l’argent : pas ce que je peux me payer, mais cette possibilité de faire des choix. Bien sûr, ma capacité financière limite tout de même les choix que je peux faire, par exemple, je ne peux pas m’acheter un jet privé. Cependant, à hauteur d’une vie «normale», elle m’assure un niveau de confort enviable, mais surtout elle me procure une paix d’esprit, à savoir que je suis très peu limitée envers ce dont je peux réellement avoir envie.

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Catherine Duguay signature

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