En août dernier, j’ai quitté l’emploi que j’occupais depuis 19 ans.
Eh oui, un grand saut dans le vide pour quitter mes pantoufles confortables et sortir de ma routine réglée au quart de tour depuis trop longtemps.
Je voulais être challengée, je voulais tenter quelque chose de nouveau, me prouver que j’étais capable de sortir de ma zone de confort et surtout, changer de vie complètement.
Je quittais pourtant une équipe formidable, une collègue et une patronne que j’aimais beaucoup, un lieu rassurant et un salaire quand même correct. Mais je l’ai fait pratiquement sans un regard derrière et avec la confiance (presque!) inébranlable que je faisais la bonne chose.
Après deux dernières semaines de vacances pour me reposer, me préparer mentalement et faire une transition dans ma tête et mon cœur, j’ai pris le chemin vers mon nouveau travail, prête à entamer mon prochain chapitre.
Ça ne s’est pas déroulé totalement comme je l’avais imaginé.
J’avais mis des lunettes roses, imaginé un nouveau monde de licornes dans lequel j’allais performer sans pression, avec facilité et intégrer mes nouvelles tâches sans difficulté. J’allais être LA meilleure nouvelle employée de l’année rien de moins et tout serait facile.
*Bruit de criquet à insérer juste ici*
Je dois d’abord expliquer un peu le contexte pour ceux qui ne me connaissent pas.
Pendant 19 ans, j’ai travaillé comme éducatrice à la petite enfance avec un groupe d’enfants de 3-4 ans. J’avais 16 enfants à gérer quotidiennement avec une collègue que je côtoyais plus dans une semaine que mon propre conjoint et mon fils. Je travaillais dans le bruit, dans les microbes, dans un local à mon image, décoré de manière ludique, mais aussi avec de petits humains qui m’ont charmé tous les jours ou presque pendant ma carrière.
Mon nouvel emploi est complètement à l’opposé.
Je suis spécialiste des médias sociaux et créatrice de contenu pour un organisme à but non lucratif dans le domaine du tourisme. Je travaille maintenant principalement en télétravail à la maison, dans le silence et avec très peu d’interactions humaines en dehors d’un écran.
Le clash est quand même assez intense si on analyse le tout.
Lors de ma première semaine, je devais me rendre sur place pour ma formation. J’ai maintenant 35 minutes de voiture à faire plutôt que 14. Je dois avouer que si j’avais eu à faire ce trajet tous les jours, je n’aurais sans doute pas accepté puisque je déteste avoir à perdre plus d’une heure quotidiennement pour me rendre et revenir du travail.
Ma première impression? J’ai trouvé très bizarre de passer d’un local lumineux et très coloré pour atterrir dans un demi-sous-sol avec peu de décorations, d’ambiance et dépourvu de fenêtres. Mais bon, je savais que ma maison serait le lieu principal de mon travail et comme je l’aime d’amour depuis le jour 1 où j’y ai emménagée, j’étais quand même ok avec le fait d’avoir un petit bureau un peu fade sans lumière de l’extérieur.
Par contre, l’équipe qui était sur place lors de mon arrivée était hyper sympathique. Rien de négatif à dire de ce côté, j’ai eu l’impression d’avoir quitté une équipe formidable pour en intégrer une autre. Je me suis sentie accueillie, respectée et j’ai tout de suite voulu faire partie de la gang.
Les 3 premiers jours, j’ai eu l’impression de recevoir un coup de pelle en pleine face. Je me suis retrouvée à apprendre mes nouvelles tâches et disons qu’il y en avait quelques-unes qui m’étaient totalement étrangères. J’ai eu à me familiariser avec des trucs que je connaissais à peine et dont je n’imaginais pas les difficultés que ça représentait.
Je ne m’en cache pas…
J’ai eu le cerveau en ébullition pendant 3 jours, j’ai regretté, je me suis demandé pourquoi j’avais fait ça, j’ai failli rappeler mon ancienne patronne, j’ai regardé d’autres offres d’emploi et j’ai paniqué.
Mais je me suis parlé, j’en ai discuté avec les gens près de moi, je me suis laissée du temps. Je me suis rappelé que je n’étais pas devenue une bonne éducatrice en une semaine et que j’avais justement quitté mon emploi précédent pour sortir de ma zone de confort et faire quelque chose de différent.
J’ai réalisé que j’avais peut-être trop idéalisé ce changement sans penser que je pourrais être déstabilisée au début. J’ai pensé que je serais tout de suite bonne, compétente, performante et que j’apprendrais ce nouveau métier en claquant les doigts.
La vie s’est bien chargée de me rappeler que ce n’est pas nécessairement comme ça que ça marche et qu’il faut apprendre à marcher avant de savoir courir.
Dès que j’ai commencé à faire du télétravail la semaine suivante, les choses se sont améliorées. J’étais chez moi, dans un environnement que je connais et dans lequel je me sens bien. J’ai changé mon état d’esprit de fille performante qui veut tout contrôler et être irréprochable et j’ai simplement décidé de me laisser du temps. J’ai réalisé que j’étais humaine, que je pouvais apprendre à mon rythme et que je ne sauvais pas des vies.
J’ai aussi eu envie de plonger dans mes nouvelles tâches avec fougue, en effectuant aussi des choses dans lesquelles j’excelle afin de contrebalancer un peu le tout. On m’a félicité pour mes idées, mon attitude positive et ma capacité à m’intégrer à l’équipe. Il n’en fallait pas plus pour me donner des ailes et me donner encore plus envie que ça fonctionne.
Mon changement de carrière n’aura peut-être pas été comme je me l’étais imaginé, mais il m’a apporté ce que je voulais, du changement. Et m’a donné envie d’apprendre, encore plus, à bien nager dans les eaux inconnues.
Depuis un mois, je suis passée par toute la gamme des émotions, mais je me suis sentie vivante.
Juste pour ça, ça en valait la peine…